Archives Mensuelles: octobre 2015

La Passe-miroir, de Christelle Dabos

 La Passe-miroir, tome 1 : Les Fiancés de l'hiver, de Christelle Dabos La Passe-miroir, tome 2 : Les Disparus du Clairdelune, de Christelle Dabos

Résumé de l’éditeur

Sous son écharpe élimée et ses lunettes de myope, Ophélie cache des dons singuliers : elle peut lire le passé des objets et traverser les miroirs. Elle vit paisiblement sur l’Arche d’Anima quand on la fiance à Thorn, du puissant clan des Dragons. La jeune fille doit quitter sa famille et le suivre à la Citacielle, capitale flottante du Pôle. À quelle fin a-t-elle été choisie ? Pourquoi doit-elle dissimuler sa véritable identité ? Sans le savoir, Ophélie devient le jouet d’un complot mortel.

Nbr de pages : 528 + 560 = 1088 / Éditeur : Gallimard Jeunesse

Mon avis

Garanti sans spoilers !

Joie ! Délice ! Jubilation ! Voilà ce que l’on ressent quand on lit la Passe-miroir et qu’on se délecte de cet univers richissime, plein de détails et de surprises, qu’on se lie d’amitié avec toutes sortes de personnages plus farfelus et épatants les uns que les autres. Bref, cette saga géniale file tout droit dans mes coups de cœur et je vous invite grandement à la découvrir par vous-même ; vous ne serez pas déçus !

On dit souvent des vieilles demeures qu’elles ont une âme. Sur Anima, l’arche où les objets prennent vie, les vieilles demeures ont surtout tendance à développer un épouvantable caractère. Le bâtiment des Archives familiales, par exemple, était continuellement de mauvaise humeur.

Tout dans cette histoire prête à l’émerveillement. Les premiers chapitres nous plongent dans un monde éclaté constitué d’arches et de familles gigantesques aux pouvoirs surprenants. La jeune Ophélie peut lire le passé des objets (qui deviennent parfois de vrais personnages à eux tout seuls tant ils sont influencés par les émotions de leur propriétaire) ou passer à travers les miroirs pour se rendre d’un endroit à un autre. Sa vie bascule lorsqu’elle est forcée d’épouser un homme froid et énigmatique et de quitter son arche pour le Pôle et sa cour, où fourmillent toutes sortes de complots, d’alliances et de meurtres. Pas facile de distinguer le vrai du faux dans une arche où les puissants peuvent créer des illusions phénoménales, cachant aux yeux de tous la réalité.

– La cour ! souffla Roseline en grattant le papier de sa plume. Un bien joli mot pour désigner une grotesque scène de théâtre où les coups de poignard se distribuent dans les coulisses.

Une fois embarqués à la Citacielle avec Ophélie, on ne lâche plus le livre. Christelle Dabos a un vrai talent de conteuse et qu’est-ce qu’elle écrit bien ! Elle insuffle à son histoire plein de mystère et distille les réponses au compte-goutte : à chaque fin de chapitre, on a envie d’enchaîner, d’en savoir plus. Mais surtout, on est sans cesse surpris par la tournure des événements, l’auteure nous entraîne là où on ne s’y attend pas et ça, qu’est-ce que c’est bon ! Sans parler de la multitude de personnages inventés, qui apportent chacun un petit plus. On a beau ne pas savoir sur quel pied danser avec eux, je les adore tous, que ce soit Thorn, l’intrigant fiancé d’Ophélie, Archibald, l’ambassadeur coquin et frivole, ou les tantes Bérénilde et Roseline, froides aux premiers abords mais qui nous touchent en plein cœur au fur et à mesure qu’on découvre leur fragilité.

C’est une saga aboutie, réfléchie, fascinante. On reprend sa lecture, en fin de journée avec avidité. C’est comme se glisser dans un cocon moelleux, dans lequel on sait qu’on va passer des heures délicieuses à se prélasser. Voilà ce que je ressens chaque fois que je me replonge dans la Passe-miroir. C’est rare que j’enchaîne un tome 2 directement à sa sortie, mais là impossible de résister tant j’aurais aimé que le tome 1 ne s’arrête jamais… Les deux romans sont aussi remarquables l’un que l’autre ; on continue de découvrir le monde des arches et toutes ses subtilités, avec de nouvelles intrigues, de nouveaux questionnements et encore plus d’interactions entre Ophélie et Thorn (miam miam !).

Quelle horreur quand je pense qu’il faudra encore attendre des mois, peut-être des années avant la suite… Mon conseil sera donc : lisez cette saga ! Mais attendez peut-être quelques années qu’elle soit achevée. Non allez qu’est-ce que je raconte, foncez !

Note : 9,5/10

Extras
Première publication : tome 1 – juin 2013 / tome 2 – octobre 2015
Fiche Bibliomania
Christelle Dabos prévoit 4 romans pour sa saga.
Ses inspirations : Marcel Aymé, J.K. Rowling, Philip Pullman,
Hayao Miyazaki, Alice au pays des merveilles.
Lieu de résidence : La Belgique !
« J’ai grandi sur la Côte d’Azur, mais je vis actuellement en Belgique, un pays qui m’inspire énormément pour écrire : la pluie, les maisons, les gens… La Passe-miroir est née ici. »
(suite de l’interview par Vavi ici)

Tous nos jours parfaits, de Jenniver Niven

Tous nos jours parfaits, de Jennifer NivenRésumé de l’éditeur

Quand Violet et Finch se rencontrent, ils sont au bord du vide, en haut du clocher du lycée, décidés à en finir avec la vie. Finch est la « bête curieuse » de l’école. Il oscille entre les périodes d’accablement, dominées par des idées morbides et les phases « d’éveil » où il déborde d’énergie. De son côté, Violet avait tout pour elle. Mais neuf mois plus tôt, sa sœur adorée est morte dans un accident de voiture. La survivante a perdu pied, s’est isolée et s’est laissée submerger par la culpabilité.
Pour Violet et Finch, c’est le début d’une histoire d’amour bouleversante : l’histoire d’une fille qui réapprend à vivre avec un garçon qui veut mourir.

Nbr de pages : 377 / Éditeur : Gallimard Jeunesse / Titre VO : All the Bright Places

Mon avis

Une nouvelle lecture qui s’annonçait forte en émotions avec des thèmes sensibles et pas toujours faciles à aborder, comme la maladie, le suicide, le deuil, le regard d’autrui et la confiance en soi. Jennifer Niven est parvenue à écrire un très beau livre où elle dose bien les moments tragiques et difficiles de la vie et les instants lumineux de cette rencontre entre deux jeunes qui ne trouvent plus leur place.

Violet et Finch sont des héros intéressants et complexes, incompris et incompréhensibles et en même temps très vrais. Ils se sentent seuls, perdus, déconnectés du monde qui les entoure. Mais ce sont des jeunes qui ont ce quelque chose en plus qui les rend extraordinaires, qui les fait sortir de la masse. Ensemble, ils vont reprendre goût à certaines choses et vont doucement apprendre à accepter ce qu’ils ressentent. Leur histoire, on y croit et on la découvre avec beaucoup de plaisir, en alternant les points de vue.

On a souvent comparé tel ou tel nouveau roman à ceux de John Green, vaillant effort pour attirer l’attention, qui agace plus qu’autre chose et qui est souvent loin d’être justifié, mais cette fois, je dois dire que je comprends le pourquoi de cette comparaison… Il y a chez Jennifer Niven la même sensibilité, la même volonté de montrer l’adolescence avec toutes ses facettes et ses faiblesses, avec une justesse et une précision remarquables. Ils ont tous deux une plume poétique et posent des mots qui sonnent juste sur des émotions pourtant difficiles à analyser.

Je connais assez bien la vie pour savoir qu’on ne peut pas compter sur les choses pour demeurer telles qu’elles sont, ou rester à portée de main, même si on ne souhaite que ça. On ne peut pas empêcher les gens de mourir. On ne peut pas les empêcher de partir. On ne peut pas s’empêcher soi-même de partir non plus. Je me connais assez pour savoir que personne ne peut me tenir éveillé, m’empêcher de sombrer dans le Grand Sommeil. Ça ne tient qu’à moi.

On ressent une belle maturité, tant dans l’écriture que dans la personnalité des héros. Le roman est parsemé de réflexions poignantes et de citations de grands auteurs comme Virginia Woolf. La littérature et la musique sont des éléments présents tout au long du livre, des outils dans la lente convalescence des héros qui ressentent l’envie de laisser une marque, d’écrire et de composer pour exorciser leurs propres démons.

Tout le monde ne sera peut-être pas d’accord avec la façon dont l’auteure traite de la bipolarité ou du suicide. N’ayant (heureusement) jamais eu à y faire face, j’ai trouvé son histoire et sa vision des choses très touchantes. On sent que son expérience personnelle a beaucoup joué dans la rédaction de son roman et elle l’explique d’une jolie façon dans la postface. Mais je n’oserais me mettre à la place de personnes qui ont vécu de près ce genre de drames et affirmer que toutes les émotions et situations sont réalistes.

Pour moi, c’est un roman à la fois sombre et lumineux, qui choque et fait réfléchir, qui propose des pistes et des réflexions sur des sujets douloureux, grâce à deux personnages qui nous restent longtemps en mémoire.

Note : 8,5/10

Extras
Traductrice : Vanessa Rubio-Barreau
Première publication : septembre 2015
Fiche Bibliomania
Superbe interview de Jennifer Niven par The Fountain ici (en anglais) :

A story is a story, no matter the genre, but there’s something I love about YA fiction. Maybe it’s because so much of it deals with firsts—first love, first heartache, first loss. There’s something so wonderful and horrible and full-of-possibility and heartbreaking and poignant about that time of life. I think in many ways, the teen audience is the most discerning. Just because they’re young doesn’t mean you should talk down to them. They can spot fakery a mile away, so the voice and the characters need to be authentic and you have to write honestly. I love the challenge of that. […] Years ago, I knew and loved a boy, and that boy was bipolar. I witnessed up-close the highs and lows, the Awake and the Asleep, and I saw his daily struggle with the world and with himself. I also saw how funny he could be and how vibrantly, shimmeringly alive during the highs. I think humor was part of being Awake for him. He was so happy to be present, to not be depressed and shut down (something he knew would come back again all too soon), and he appreciated every little minute, just like Finch does. And yes, maybe there’s a correlation—people like Finch, like Robin Williams, have this great depth and capacity for emotion, high and low, and humor is part of that. It can be an outlet and an escape and a way of putting a bright face on for the world even when things are dark inside.

TTT #20 : les 10 sagas commencées, mais toujours pas terminées

Top Ten Tuesday est un rendez-vous initialement créé par The Broke and the Bookish, qui a été repris en français par Iani.
Top Ten Tuesday

Index

20e édition : mardi 6 octobre 2015

Les 10 sagas commencées, mais toujours pas terminées

Je pourrais vous faire un top 50 tant je suis nulle en matière de sagas. J’en commence beaucoup, mais rares sont celles que j’ai terminées. Et pourtant… Dieu sait qu’il y a une flopée de tomes 1 que j’ai adorés et que mes livres préférés sont souvent des sagas : Harry Potter, Divergente, Hunger Games, Millénium, À la croisée des mondes.

Bref, il y a plein de sagas que je me réjouis de continuer, comme :

Uglies, de Scott Westerfeld Le Chaos en marche, tome 1 : La Voix du couteau, de Patrick Ness Gregor, tome 1 : La Prophétie du gris, de Suzanne Collins Cinder, de Marissa Meyer

Le Nom du Vent, de Patrick Rothfuss Birth Marked, tome 1 : Rebelle, de Caragh O'Brien Entre chiens et loups, de Malorie Blackman

Des histoires qui m’ont vraiment transportée et que j’aimerais retrouver, avec même quelques coups de cœur dans le lot. Franchement, qu’est-ce que j’attends !

* Et puis il y a des séries que j’ai décidé de laisser tomber, comme :

L'épreuve, tome 1 : Le labyrinthe, de James Dashner Endgame, de James Frey Persona, de Axl Sund

Bien que j’aie adoré le premier tome du Labyrinthe, j’ai abandonné la saga au milieu du deuxième livre, par manque d’engouement. J’y reviendrai peut-être, mais c’est loin d’être dans mes priorités. Quant à Endgame et Persona, sans avoir détesté ces premiers tomes, je n’ai pas assez accroché pour avoir envie de me lancer dans la suite… Déjà quand j’adore, je ne le fais pas alors là…

De votre côté, êtes-vous de grands amateurs de séries ? Avez-vous beaucoup de suites en attente ? Des sagas à me conseiller ?

Tatie pourrie, de David Walliams

Tatie pourrie, de David Walliams

 

Mon résumé

Stella Saxby se réveille plâtrée de la tête aux pieds après un grave accident. Elle découvre qu’elle est la seule survivante et qu’elle va hériter du manoir de ses parents. Mais c’est compter sans son horrible tante et son hibou géant de compagnie, qui vont tout faire pour récupérer l’acte de propriété. Stella devra trouver le courage de surmonter son chagrin pour déjouer les affreux tours de cette maudite tatie…

Nbr de pages : 431 / Éditeur : Albin Michel Jeunesse (Witty) / Titre VO : Awful Auntie

Mon avis

Auriez-vous, par hasard, une tatie terrible ? Une tatie qui ne vous laisse jamais regarder votre émission de télévision préférée le soir ? Ou qui vous force à avaler jusqu’à la dernière miette son immonde tarte à la rhubarbe, alors qu’elle sait pertinemment que vous détestez la rhubarbe ? Peut-être donne-t-elle un gros baiser baveux à son caniche avant de vous donner un gros baiser baveux, à vous ? […]
Eh bien, si horrible que soit votre tatie, question horreur, elle n’arrivera jamais à la cheville de la tante Alberta.

En ce début d’octobre vient de sortir un roman que j’ai adoré, et qui est cruellement drôle. J’insiste sur le mot cruel, car même s’il est à mettre entre toutes les mains, il n’en est pas moins dépourvu d’un humour noir et morbide. Voyez par vous-même : une horrible tatie meurtrière séquestre et torture sa nièce pour récupérer un acte de propriété. Et tous les coups semblent permis ! Mais derrière cette façade dramatique, on rit énormément. Pour vous situer un peu mieux : on se place à mi-chemin entre Matilda, affrontant Mlle Legourdin, infâme parmi les infâmes, et le jeune Kévin, resté seul chez lui pour s’occuper des méchants dans Maman, j’ai raté l’avion.

Mlle Legourdin

On suit avec régal les mésaventures de la jeune Sally, qui tente de percer le mystère de la mort de ses parents, de s’évader de la chambre où elle est retenue prisonnière, d’appeler la police, de se trouver un allié parmi les personnages loufoques qui se présentent au manoir, et surtout de se débarrasser de cette tatie égoïste, moche, brutale et complètement maboule. Les dialogues sont savoureux et j’ai pris énormément de plaisir à découvrir la plume de cet auteur british que je ne connaissais pas du tout, à l’humour mordant et tordant !

Mais la petite touche qui fait tout, ce sont les illustrations de Tony Ross, qui donnent vie à cette histoire et dédramatisent considérablement les passages plus sombres de cette aventure. On sent qu’auteur et illustrateur se sont beaucoup amusés à construire cette histoire, avec toutes sortes de listes et énumérations (les 10 choses les plus méchantes que la tante Alberta ait trouvées pour harceler son petit frère quand ils étaient jeunes, ou encore les 10 repas préférés d’un hibou géant) et de détails peu ragoutants ou carrément flippants.

Bref, n’hésitez pas à découvrir cette histoire bien barrée, accessible aux petits lecteurs dès 9 ans, qui ont quand même le cœur bien accroché !

Allez encore un petit extrait pour la route, pour vous familiariser un peu avec cette peau de vache d’Alberta !

— Si c’est comme ça, mon enfant, je vais devoir te laisser attachée là-dessus, sans rien à manger ni à boire. Et chaque fois que je reviendrai je redonnerai un tour de manivelle. Et encore un tour, et encore un tour, jusqu’à ce que tes bras et tes jambes se détachent.
C’était une image terrifiante. Stella était très attachée à ses bras et à ses jambes. Mais elle ne voulait surtout pas montrer qu’elle avait peur.
— Tu finiras par céder, ma petite, prédit la tante Alberta.
— Jamais !
— Oh que si. Ce soir, demain ou après-demain, ou après-après-demain, ou après-après-après-demain, tu finiras par craquer. Bientôt, tu me supplieras de te laisser signer l’acte de propriété. Alors, Saxby Hall sera enfin à moi ! Rien qu’à moi !
— Tu es un monstre ! cria la fillette.
Ce que la tante Alberta prit comme un compliment.

Note : 8,5/10

Extras
Traductrice : Valérie Le Plouhinec
Première publication : octobre 2015
Fiche Bibliomania
Retrouvez le duo Walliams-Ross dans plein d’autres romans illustrés que je me réjouis de découvrir :
Ratburger, Mamie Gangster, Diabolique dentiste, etc.

Awful Auntie by David Walliams & Tony Ross