Archives Mensuelles: avril 2016

Am stram gram, de M.J. Arlidge

Am stram gram, de M.J. ArlidgeRésumé de l’éditeur

Deux jeunes gens sont enlevés et séquestrés au fond d’une piscine vide dont il est impossible de s’échapper. À côté d’eux, un pistolet chargé d’une unique balle et un téléphone portable avec suffisamment de batterie pour délivrer un terrible message : « Vous devez tuer pour vivre. » Les jours passent, la faim et la soif s’intensifient, l’angoisse monte. Jusqu’à l’issue fatale. Les enlèvements se répètent. Ce sont les crimes les plus pervers auxquels le commandant Helen Grace ait été confrontée. Si elle n’avait pas parlé avec les survivants traumatisés, elle ne pourrait pas y croire. Helen connaît les côtés sombres de la nature humaine, y compris la sienne ; pourtant, cette affaire et ces victimes apparemment sans lien entre elles la laissent perplexe. Rien ne sera plus terrifiant que la vérité.

Nbr de pages : 408 / Éditeur : 10/18 / Titre VO : Eeny Meeny

Mon avis

Le voilà le thriller haletant que j’attendais ! Évidemment, avec un pitch pareil, un peu à la sauce Saw, je ne pouvais qu’adhérer… Il n’a pas que des qualités, mais pour moi c’est indéniablement un bon thriller avec tous les ingrédients qu’il faut pour une lecture addictive. Bref, je me suis régalée et je vous le recommande grandement !

C’est d’abord le côté original et glaçant qui m’a attirée : ce sinistre jeu du Am stram gram entre deux victimes qui se connaissent, auxquelles on ne peut s’empêcher de s’identifier… Et si c’était moi, enfermée avec mon copain, ma mère, ma meilleure amie… ? Comment réagirais-je ? Ça fait franchement froid dans le dos et l’auteur ne nous épargne pas les détails glauques et saugrenus de l’enfermement, de l’horreur de la situation. C’est noir de chez noir et parfois bien dégueu : âmes sensibles, s’abstenir.

Ensuite, ce qui fait que ça fonctionne super bien, ce sont les chapitres très courts qui donnent une vraie dynamique, avec des fins pleines de suspense, qui donnent envie de lire chaque fois plus, de découvrir encore un nouveau petit indice, une nouvelle piste, bref, le coup du « encore un petit chapitre »… Il se dévore et on arrive très vite à la fin, avec l’envie de comprendre, d’emboîter toutes les pièces du puzzle. Le final est vraiment à la hauteur de mes attentes, personnellement, je n’ai rien vu venir et tout tient la route. (Avec du recul, je me demande quand même comment je n’ai pas tout pigé plus tôt… Les fins limiers ne se laisseront sans doute pas avoir !)

Bien sûr, il y a ces quelques clichés auxquels on n’échappe plus (les flics et leurs démons : boisson, sexe, secret de famille) et la plume n’est pas toujours des plus travaillées, mais je n’ai quand même rien à y redire pour autant, ce roman « fait le job » et nous tient scotchés jusqu’aux dernières pages.

Note : 9/10

Extras
Traductrice : Elodie Leplat
Première publication : mars 2015
Fiche Bibliomania
On retrouve le commandant Helen Grace dans le nouveau roman de M.J. Arlidge : Il court, il court, le furet (qui me tente bien !)
Il court, il court, le furet..., de M.J. Arlidge

Forget Tomorrow, de Pintip Dunn

Forget Tomorrow, de Pintip DunnQuatrième de couverture
(coupée par mes soins pour plus de surprise à la lecture)

Imaginez un monde où votre avenir a déjà été fixé… par votre futur moi !

Callie vient d’avoir dix-sept ans et, comme tous ses camarades de classe, attend avec impatience le précieux « souvenir », envoyé par son moi futur, qui l’aidera à se glisser dans la peau de la femme qu’elle est destinée à devenir. Athlète de haut niveau… Scientifique de renom… Politique de premier plan… Ou, dans le cas de Callie, tueuse. […] Avant même de comprendre ce qui lui arrive, Callie est arrêtée et internée dans les Limbes – une prison réservée à tous ceux qui sont destinés à enfreindre la loi. Avec l’aide inattendue de Logan, un vieil ami qui a cessé, cinq ans auparavant, de lui parler du jour au lendemain, elle va tenter de déclencher une série d’événements capables d’altérer son destin. Lorsque l’avenir semble tout tracé, le combat est-il perdu d’avance ?

Nbr de pages : 430 / Éditeur : LUMEN / Titre VO : Forget Tomorrow

Mon avis

J’entends parler de la maison d’édition LUMEN depuis pas mal de temps et je n’arrive pas à croire que je n’avais toujours pas lu un de leurs livres alors que je suis clairement la cible, moi qui ne jure presque plus que par les dystopies et le YA. Du coup, je me lance, sûre de mon coup, après avoir lu de nombreux avis positifs sur ce titre.

Et ça commence franchement du tonnerre ! Page 30, je tombe déjà sur le cul en découvrant ce premier retournement de situation inattendu (qui figure sur la quatrième de couverture que je n’avais pas lue). Je suis déjà complètement immergée dans ce monde futuriste bien pensé et intrigant. Tout me plaît : le cadre, la thématique des souvenirs, la société fondée toute entière autour de l’image déterminante du futur que l’on reçoit, l’héroïne et sa superbe relation avec sa petite sœur, son tempérament, sa volonté. Je sens que je vais me régaler…

Sauf que. Et là, je suis vraiment énervée. Soudain, l’intrigue captivante pleine de secrets, de non-dits, d’évasion, d’action est éclipsée par une romance fadasse. Elle prend vraiment toute la place. Il ne se passe plus rien. Vous allez me dire que j’exagère, que je ne suis peut-être pas une grande fan de romance. Mais en fait si. J’ai un cœur de midinette et je craque toujours pour l’histoire d’amour dans un livre*. Mais il faut qu’elle soit bien amenée, intéressante et qu’elle ajoute une plus-value au roman, pas qu’elle le transforme. Ici, ça partait bien, mais Callie n’a QUE ça en tête et c’est TRÈS répétitif. (Surtout qu’elle a quand même d’autres chats à fouetter, nom di dju !)

Et là, je suis extrêmement déçue. En soi, pas tant déçue de ma lecture, mais plutôt de ce qu’elle aurait pu être, du potentiel gâché. Il y avait tous les ingrédients pour me plaire. La fin du roman retrouve une chouette dynamique, apporte des informations intéressantes qui nous font cogiter et le final m’a beaucoup plu. Cela pourrait même s’arrêter là sur un dernier coup de théâtre inattendu. Sauf qu’il y a une suite. Et ce sera sans moi, car je reste sur ce seul bémol qui a tout fait capoter…

Note : 6,5/10

Extras
Traductrice : Diane Durocher
Première publication : janvier 2016
Fiche Bibliomania
Je compte bien découvrir d’autres titres des éditions Lumen, si vous avez des livres à me conseiller, n’hésitez pas !

* Quelques exemples : dans la série Homeland, c’est surtout la romance qui m’intéresse, moi. Et dans le merveilleux livre La Passe-miroir, je fonds à chaque interaction entre Ophélie et Thorn, alors que c’est quand même pas le propos principal du livre. Bref, je signe à deux mains pour les histoires d’amour.

Les Petits Secrets d’Emma, de Sophie Kinsella

Les Petits Secrets d'Emma, de Sophie KinsellaRésumé de l’éditeur

Ce n’est pas qu’Emma soit menteuse, non, c’est plutôt qu’elle a ses petits secrets. Par exemple, elle fait un bon 40, pas du 36. Elle ne supporte pas les strings. Elle a très légèrement embelli son CV. Et avec Connor, son petit ami, au lit ce n’est pas franchement l’extase. Bref, rien de bien méchant, mais plutôt mourir que de l’avouer. Mourir ? Justement… Lors d’un voyage en avion passablement mouvementé, Emma croit sa dernière heure arrivée. Prise de panique, elle déballe tout à son séduisant voisin…

Nbr de pages : 491 / Éditeur : Belgique Loisirs (Piment) / Titre VO : Can You Keep a Secret?

Mon avis

Sophie Kinsella, voilà une auteure que j’aimais beaucoup quand j’avais 16-17 ans ! De façon assez inattendue, j’ai commencé ce petit roman en me demandant si je retrouverais l’humour et la légèreté qui me plaisaient tant dans la littérature chick-lit ou si j’étais définitivement passée à autre chose. Les premiers chapitres m’ont paru assez bateau et niais et puis soudain, j’ai basculé dans l’histoire avec Emma et j’ai dévoré le roman en une soirée. Alors, la réponse est oui, je suis toujours la même qu’il y a 10 ans !

Il faut avouer que je suis assez bon public quand même… J’adore le comique de situations des bons vaudevilles au théâtre. Et ici, on est servi en matière de secrets, de situations inattendues, de quiproquos et de retournements de situation farfelus ! Et ces moments-là, ils sont vraiment jubilatoires.

Emma est un personnage assez stéréotypé, avec ses angoisses et ses petits défauts, ses envies et ses rêves et surtout ses petits secrets. Je pensais ne pas trop me sentir à ma place dans sa tête et pourtant, on s’y amuse beaucoup. Elle est bornée et est toujours en train de ressasser des pensées délirantes. C’est ce que j’ai préféré : ces petites piques qu’elle lance à tout le monde mais seulement en pensée, ces grandes déclarations à elle-même où elle se persuade d’avoir pris la bonne décision quand on sait très bien qu’elle est complètement à côté de la plaque. Ces petits monologues intérieurs sont vraiment les bienvenus, alors qu’en général, ils ont le don de m’énerver. Du coup, pari réussi !

Bref, j’ai passé un très bon moment, même si j’ai quand même relevé quelques petits accros comme le choix de vocabulaire parfois un peu vulgaire, le côté assez prévisible des enchaînements et de la fin, la place omniprésente de la mode, du sexe et de la minceur (Emma ment sur son poids, prétendant faire 48 kg alors qu’elle en fait 58. Là, j’ai vraiment haussé les sourcils…). Mais ces petits défauts sont bien souvent inhérents à ce genre de romans. Et je n’en tiendrai clairement pas rigueur à celui-ci qui mérite tout à fait sa place parmi les (trop) rares livres qui m’ont vraiment fait rire !

Note : 8/10

Extras
Traductrice : Daphné Bernard
Première publication : janvier 2005
Fiche Bibliomania
Je me suis lancée dans cette lecture, car il est en lecture imposée dans une école de la région. Étonnant non ?
J’ai encore quelques romans de Sophie Kinsella dans ma PAL. On refait le point dans 10 ans ?

Phobos, de Victor Dixen

Phobos, tome 1, de Victor Dixen Phobos, tome 2, de Victor Dixen

Résumé de l’éditeur

Six prétendantes.
Six prétendants.
Six minutes pour se rencontrer.
L’éternité pour s’aimer.
Il veulent marquer l’Histoire avec un grand H.


Ils sont six filles et six garçons, dans les deux compartiments séparés d’un même vaisseau spatial. Ils ont six minutes chaque semaine pour se séduire et se choisir, sous l’œil des caméras embarquées. Ils sont les prétendants du programme Genesis, l’émission de speed-dating la plus folle de l’Histoire, destinée à créer la première colonie humaine sur Mars.

Nbr de pages : 448 + 496 = 944 / Éditeur : Robert Laffont – Collection R

Mon avis

Garanti sans spoilers !

Quel plaisir de découvrir un livre aussi haletant et de pouvoir enchaîner directement avec le tome 2 ! Il ne m’a fallu que quelques pages pour m’immerger dans ce roman de science-fiction prometteur.

Le découpage est intéressant et participe au suspense : on suit à la fois les prétendants dans le vaisseau vers Mars, les organisateurs du jeu sur Terre et un jeune garçon mystérieux qui va se retrouver mêlé à toute cette histoire. On découvre tout de suite qu’il y a quelque chose de louche avec ce concept hyper-novateur de téléréalité sur Mars et on apprend tout aussi vite qu’il y a de fait un énorme problème. Nous, lecteurs, devenons complices des organisateurs du jeu, tandis que les prétendants ne le découvriront qu’à la fin du roman. On pourrait penser que cela ôte une partie du suspense, mais cela donne au contraire une autre dynamique et le roman n’en est pas moins prenant.

Seul petit bémol : à force de faire des allers-retours entre la Terre et l’espace, on rate plein de choses du trajet de 5 mois de nos héros. J’aurais voulu être avec eux au quotidien et voir de plus près leurs relations se développer, découvrir chaque rendez-vous amoureux filmé et retransmis partout sur les écrans, de jour comme de nuit. Les passages sur Terre sont primordiaux pour comprendre tous les tenants et aboutissants et faire évoluer l’intrigue, mais je m’y ennuyais parfois et ne souhaitais qu’une chose : remonter vite fait dans l’espace !

Victor Dixen a vraiment réalisé un coup de génie avec cette idée originale : on y sent en filigrane une critique de la téléréalité et de l’apologie du pognon à tout prix, au mépris de tout bon sens, de la surmédiatisation.

Il y a encore tant de choses que nous pourrions acheter, et rentabiliser à notre manière: les écoles, les hôpitaux publics… Imaginez, des plages de publicité obligatoires pendant les cours, dès la maternelle ! Des émissions de téléréalité sur les malades en phase terminale, avec dernier souffle en direct ! Il y a énormément d’argent à se faire, en mettant à contribution les bambins jusqu’aux vieillards.

Et pourtant, l’auteur se calque sur ce qui fonctionne si bien avec ce genre d’émissions et nous rend accros aux moindres coups d’éclat de nos jeunes prétendants. Chacun a un secret, chacun a ses failles et on a beau tomber parfois dans le mélodramatique, on attend avec un certain voyeurisme de découvrir tout ce qu’ils cachent. On ne vaut finalement pas mieux que ces téléspectateurs collés à leur écran, qui ne leur laissent pas un moment de répit dans leur intimité. Et pour ça, je trouve que c’est vraiment bien joué !

Le tome 1 nous laisse avec un goût de trop peu : on veut savoir la suite, on veut savoir quelle tournure va prendre ce voyage futuriste, malgré le fait qu’on connaisse certains secrets depuis le départ. J’ai donc enchaîné avec la suite, qui malheureusement fait un peu retomber l’excitation avant de nous relancer à nouveau au cœur de la tension. Mais une chose est sûre, la fin du tome 2 nous laisse vraiment pantois : cette révélation-là, on ne s’y attendait pas, et nom de dieu, j’aurais dû attendre la sortie du tome 3 ! Vivement novembre 2016 !

Ma note : 9/10

Extras
Première publication : tome 1 – juin 2015 / tome 2 – novembre 2015
Fiche Bibliomania
Deuxième essai gagnant avec Victor Dixen, un auteur à suivre, assurément ! Retrouvez aussi mon avis sur Animale.
Deuxième essai gagnant aussi avec la Collection R qui mérite amplement son succès grandissant. Je ne compte pas m’arrêter là comme en témoigne ma lecture en cours :
La 5e vague !
Sortie de Phobos 3 : novembre 2016
Sortie de Phobos – Les Origines : juin 2016
(dossiers sur les 6 prétendants masculins à lire avant, pendant ou après la saga)

Le Domaine, de Jo Witek

Le Domaine, de Jo WitekRésumé de l’éditeur

Gabriel accompagne sa mère embauchée pour l’été comme domestique dans la haute bourgeoisie. Les marais et les kilomètres de landes qui entourent le domaine sont une promesse de bonheur pour ce jeune homme passionné de nature et d’ornithologie. Pourtant, dès son arrivée, il se sent mal à l’aise et angoissé. Le décorum et l’atmosphère figée de la demeure déclenchent chez lui des pulsions incontrôlées de colère, de désir, de jalousie. Et quand les petits-enfants des propriétaires débarquent, avec parmi eux la belle et inaccessible Éléonore, Gabriel ne maîtrise plus rien de ses émotions. Désormais, c’est eux et surtout elle qu’il observe à la longue-vue. Désormais, le fils de la domestique est prêt à tout pour se faire aimer car il est fou d’elle. Jusqu’à la mettre ou se mettre lui-même en danger…

Nbr de pages : 336 / Éditeur : Actes Sud junior

Mon avis

Forte de ma super expérience avec Un hiver enfer, le précédent roman de Jo Witek, je me suis lancée sans hésitation dans son nouveau roman noir. J’espérais y retrouver la même tension et une chute finale aussi inattendue. Sur ces deux points, je ne peux pas vraiment me considérer déçue, mais il m’a clairement manqué d’autres ingrédients pour vraiment apprécier ce roman.

Nous suivons cette fois Gabriel, un ado de seize ans, grand solitaire, amoureux de la nature et passionné d’oiseaux. C’est un héros intéressant, très (trop ?) mature pour son âge, et du coup, un peu en marge. Il se retrouve dans ce grand domaine, avec des landes à perte de vue : a priori l’endroit rêvé pour cultiver sa passion. Nous le suivons donc dans ses expéditions, ses découvertes, ses observations ; on passe énormément de temps seul avec lui à observer les beautés de la forêt et le vol des oiseaux. Et à moins d’être nous-mêmes des aficionados de la nature, on perd rapidement intérêt.

Ce qui n’aide pas, c’est la mise en situation assez longue et peu palpitante. Il faut attendre une bonne centaine de pages avant l’arrivée de l’élément déclencheur, l’arrivée du personnage qui va tout faire chavirer. Pourtant, on sent bien cette atmosphère sombre et un peu glauque, chère à l’auteure, qui se met doucement en place et joue presque le rôle d’un personnage à part entière… Mais ça manque quand même singulièrement d’action. Et il faut encore attendre cent autres pages pour que ça remue un peu et enfin plonger dans le cœur de l’histoire et discerner les premiers signes du thriller que l’on attendait avec avidité.

Paradoxalement, c’est un roman que j’ai dévoré. J’avais vraiment envie de savoir ce que Jo Witek avait préparé pour son final. On sent tout au long du roman qu’elle va nous retourner le cerveau et ça n’a pas manqué. Du coup, je ne ressors pas déçue de ma lecture, mais je m’attendais à un « vrai » thriller, quand il ne s’agit finalement « que » d’une histoire d’amour de vacances tumultueux entre deux jeunes, avec leurs faiblesses, qui se découvrent et se dévoilent… jusqu’à quelques pages de la fin.

Je n’aurais jamais cru dire ça, mais j’espérais quelque chose d’un peu plus « conventionnel », un bon page-turner sombre et inquiétant avec les codes avérés du thriller. Jo Witek s’essaie à une autre forme de roman noir et c’est d’ailleurs son objectif : elle voulait casser cette « notion d’efficacité du thriller » et revenir à « une forme plus classique ». J’ai découvert cette ambition dans une très bonne interview après ma lecture (voir ci-dessous) et du coup, ce roman prend tout son sens… Jo Witek a réussi son pari et son roman correspond tout à fait à ce qu’elle voulait en faire. C’est juste que je ne m’y attendais pas et je me suis retrouvée un peu à côté de la plaque pendant l’histoire, en attente de ce côté « efficace » d’un thriller. Mais ce n’est que partie remise, car je reste en admiration devant sa plume, l’ambiance de ses romans, la finesse de ses personnages. Prochain arrêt : Peur express.

Ma note : 6,5/10

Extras
Première publication : mars 2016
Fiche Bibliomania
Interview de Jo Witek ici :
Le Domaine se place dans la continuité de vos précédents thrillers et pourtant le malaise s’installe plus lentement, par petites touches. Quel a été votre parcours d’écriture pour ce nouveau roman ?
Pour Le Domaine, j’ai voulu revenir à une forme plus classique, plus descriptive, remettre en cause cette notion d’efficacité du thriller, ce fameux “turn page”, souvent très attendu des lecteurs. J’ai creusé le sillon, me méfiant de mes automatismes, mais aussi de ceux véhiculés par notre mémoire commune du cinéma noir. Je souhaitais un roman décontextualisé, qui reviendrait aux sources du genre, le macabre et le romantisme. Je me suis replongée avec délice dans les romans gothiques anglais comme Les Mystères d’Udolphe d’Ann Radcliffe ou au coeur du romantisme cruel d’Emily Brontë dans Les Hauts de Hurlevent. J’avais envie d’un héros sensible, pur, romantique, un garçon cheminant dans une nature aussi fascinante qu’inquiétante, où se jouerait une situation tout à fait moderne, mais dans un contexte hors du temps. Dans ce domaine, immense propriété forestière au milieu d’hectares de Landes, il n’y a pas de nouvelles technologies. Pas de réseau, pas d’ordi, peu de téléphones. Je me débarrasse de tout cela pour me concentrer sur ma situation : un héros débarque dans un milieu social très supérieur au sien, une nature de plus en plus angoissante, et de nouveaux sentiments le submergent : des colères, des jalousies, des désirs… C’est vraiment un héros contemporain parce qu’il n’a pas les règles du jeu de la société dans laquelle il est forcé d’évoluer. Pour moi, écrire un thriller c’est faire un pacte avec le lecteur : vous allez vous perdre, avoir peur et je vous promets que vous ne devinerez pas le dénouement avant la fin. Cette fois, j’ai accepté de moins construire l’action en amont, de me perdre moi aussi dans les Landes, quitte à rebrousser chemin plusieurs fois ! C’était assez angoissant et en même temps jubilatoire.