Archives de Catégorie: Drame

Le Garçon au sommet de la montagne, de John Boyne

Le Garçon au sommet de la montagne, de John Boyne

 

Résumé de l’éditeur

À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, Pierrot vit à Paris avec ses parents, ignorant tout des nazis. Devenu orphelin, il est envoyé chez sa tante, en Allemagne, dans une maison au sommet d’une montagne.
Ce n’est pas une maison ordinaire. Le Berghof est la résidence d’Adolf Hitler. Pierrot va découvrir là un autre monde, fascinant et monstrueux.

Nbr de pages : 272 / Éditeur : Gallimard Jeunesse / Titre VO : The Boy at the Top of the Mountain

Mon avis

Un roman assez édifiant, qui nous laisse entrevoir comment l’idéologie nazie a pu contaminer autant de gens, et ce à travers le personnage d’un petit garçon innocent. Chapeau à l’auteur qui a du entrer dans la tête de Pierrot et y glisser cette lente et terrible transformation. Ça ne doit être ni évident ni enviable de se retrouver dans l’esprit de ce genre de personnages, mais ça n’en est pas moins essentiel. Alors, merci à lui pour ce roman.

– Tu as fait une énorme erreur, Emma, cracha-t-il.
– Je n’en doute pas, dit-elle. Mais ce n’est rien comparé à l’erreur que ta pauvre tante a faite le jour où elle a décidé de te faire venir ici. Que t’est-il arrivé, Pierrot ? demanda-t-elle, le visage soudain radouci. Tu étais si gentil quand tu es arrivé au Berghof. Est-il donc si facile de corrompre un innocent ?

Au début du roman, on rencontre Pierrot, alors âgé de 4 ans. Il aime converser en langue des signes avec son meilleur ami, un petit juif sourd muet. Il vénère son papa, ancien soldat, malgré les propos racistes, les soirées de beuverie, les moments de violence. Il adore sa maman qui endure, non sans broncher. On découvre en quelques pages et sous-entendus ce contexte de l’entre-deux-guerres, la vision du papa, allemand, et celle de la maman, française. Et entre eux deux, ce petit bout de chou adorable sur lequel le sort va s’acharner.

– Anshel est juif, avait murmuré Pierrot, car il voyait souvent son ami partir avec sa mère pour la synagogue.
– Anshel fait partie des bons, avait marmonné papa. À ce qu’on dit dans tout panier de bonnes pommes, il en est toujours une pourrie. Ça doit marcher dans l’autre sens aussi…

On le voit grandir, partir parcourir le pays, chercher son identité, traverser des moments particulièrement difficiles et toujours, on a envie de le serrer dans nos bras, de le consoler et on ne peut imaginer que lui, ce petit gamin plein d’espoir et de bon sens, va basculer si brutalement du côté obscur. On n’y croit pas, on ne le veut pas, mais le jour où là-haut, dans la maison au sommet de la montagne, il rencontre un petit homme moustachu, tout va petit à petit changer dans sa façon de voir l’avenir, l’Allemagne et les gens qui l’entourent. Et ça fait mal au cœur de le voir devenir si arrogant, pour finalement ne même plus se remettre en question et renier son « ancien » pays, son passé, son ancien ami.

On a beau savoir à quoi s’attendre en commençant ce récit, ça n’en est pas moins effarant. Mon seul reproche est que ce roman est un peu court sur la fin. Autant la montée en puissance du nazisme en Europe et dans la tête de Pierrot est très bien retranscrite, autant la fin de la guerre, les désillusions et remises en question se font un peu vite. Mais John Boyne écrit très bien, suscite en nous toutes sortes de questions et apporte un éclairage différent sur ce sombre épisode de l’Histoire. Il explique dans la lettre aux lecteurs que « Pierrot ne ressemble pas aux personnages d’enfants de mes livres précédents dans le sens où vous ne manquerez pas de trouver son comportement révoltant et sa prise de conscience tardive. Mais à cette époque les garçons comme Pierrot étaient nombreux et, comme lui, ils ont été obligés d’affronter leurs actes et de vivre avec le mal qu’ils avaient répandu pour le restant de leurs jours. »

Note : 8,5/10

Extras
Traductrice : Catherine Gibert
Première publication : juin 2016
Fiche Bibliomania
À découvrir maintenant de toute urgence : Le Garçon au pyjama rayé.
Extrait de la lettre de John Boyne adressée aux libraires et blogueurs :
« Lorsqu’on se remémore les agissements de l’État allemand pendant la Seconde Guerre mondiale on se heurte toujours à la même difficulté : comprendre comment un pays tout entier a pu souscrire à une telle barbarie. On se dit que, dans les mêmes conditions, on n’aurait jamais fait la même chose, on se serait battu en faveur de la vie et de la dignité humaine, et on en est persuadés. Mais il est facile de lancer de telles affirmations soixante ans après, quand le courage et les grands mots ne nous coûtent rien. C’est cette idée qui est à l’origine du Garçon au sommet de la montagne. »

Le Mystère de Lucy Lost, de Michael Morpurgo

Le Mystère de Lucy Lost de Michael MorpurgoRésumé de l’éditeur

Mai 1915. Sur une île déserte de l’archipel des Scilly, un pêcheur et son fils découvrent une jeune fille blessée et hagarde, à moitié morte de faim et de soif. Elle ne parvient à prononcer qu’un seul mot: Lucy. D’où vient-elle? Est-elle une sirène, ou plutôt, comme le laisse entendre la rumeur, une espionne au service des Allemands?
De l’autre côté de l’Atlantique, le Lusitania, l’un des plus rapides et splendides paquebots de son temps, quitte le port de New York. À son bord, la jeune Merry, accompagnée de sa mère, s’apprête à rejoindre son père blessé sur le front et hospitalisé en Angleterre…

Nbr de pages : 448 / Éditeur : Gallimard Jeunesse / Titre VO : Listen to the Moon

Mon avis

Je ne m’attendais pas à autant apprécier cette histoire sur fond historique, et pourtant que d’émotions ! Un beau récit de vies, d’une communauté pleine de personnages attachants, avec un cœur grand comme ça, que l’on voudrait tout de suite pouvoir adopter !

On suit d’une part l’histoire de Lucy Lost, retrouvée à moitié morte sur une minuscule île anglaise et accueillie dans une famille aimante, et de l’autre celle de Merry, petite américaine embarquant sur le Lusitania en 1915 pour rejoindre l’Angleterre et son père, soldat blessé pendant la guerre. Les différentes parties du roman s’imbriquent à merveille pour nous faire découvrir petit à petit tous les mystères de ces deux récits, jusqu’à ce que tout se recoupe.

J’ai aimé par-dessus tout la finesse des personnages, leur complicité et leurs relations hors du commun. Sur cette île, on découvre toute une communauté, où tout le monde connaît tout le monde et où les cancans vont bon train. Ces gens sont capables du meilleur comme du pire, ils peuvent s’entraider dans les moments les plus difficiles, mais peuvent aussi faire preuve de la pire des méchancetés, surtout dans cette ambiance sombre, entourés qu’ils sont par les mauvaises nouvelles et les milliers de morts. J’ai été tour à tour attendrie par des gestes de pure générosité et révoltée par la cruauté de certains propos.

Être différent dans ce monde ignorant est souvent pris pour de la folie.

C’est un roman d’ambiance où le paysage, la mer, les landes ont presque un rôle à jouer, où il ne se passe finalement pas grand-chose. Mais c’est loin d’être un reproche, car on n’aimerait ne jamais arriver au bout, tant on se sent bien dans cette petite famille, même si on n’échappe pas aux horreurs et à l’absurdité de la guerre, à quelques scènes tragiques qui nous serrent le cœur.

En tout cas, jolie claque avec cette première découverte de Morpurgo (mieux vaut tard que jamais), un auteur qui arrive à rendre passionnant et touchant une petite partie de pêche entre un père et son fils. Il a une plume superbe, pleine de sensibilité, mêmes dans les petits riens du quotidien.

Note : 9/10

Extras
Traductrice : Diane Ménard
Première publication : avril 2015
Fiche Bibliomania
Michael Morpurgo a 72 ans et est un auteur prolixe avec des dizaines de romans à son actif. J’espère continuer ma découverte de ses si belles histoires. Je pense notamment à Soldat Peaceful et Le Royaume de Kensuké. Conseillez-moi !
Je suis fan du titre anglais « Listen to the Moon » qui a une résonance si tendre avec un magnifique détail de l’histoire.

Le Domaine, de Jo Witek

Le Domaine, de Jo WitekRésumé de l’éditeur

Gabriel accompagne sa mère embauchée pour l’été comme domestique dans la haute bourgeoisie. Les marais et les kilomètres de landes qui entourent le domaine sont une promesse de bonheur pour ce jeune homme passionné de nature et d’ornithologie. Pourtant, dès son arrivée, il se sent mal à l’aise et angoissé. Le décorum et l’atmosphère figée de la demeure déclenchent chez lui des pulsions incontrôlées de colère, de désir, de jalousie. Et quand les petits-enfants des propriétaires débarquent, avec parmi eux la belle et inaccessible Éléonore, Gabriel ne maîtrise plus rien de ses émotions. Désormais, c’est eux et surtout elle qu’il observe à la longue-vue. Désormais, le fils de la domestique est prêt à tout pour se faire aimer car il est fou d’elle. Jusqu’à la mettre ou se mettre lui-même en danger…

Nbr de pages : 336 / Éditeur : Actes Sud junior

Mon avis

Forte de ma super expérience avec Un hiver enfer, le précédent roman de Jo Witek, je me suis lancée sans hésitation dans son nouveau roman noir. J’espérais y retrouver la même tension et une chute finale aussi inattendue. Sur ces deux points, je ne peux pas vraiment me considérer déçue, mais il m’a clairement manqué d’autres ingrédients pour vraiment apprécier ce roman.

Nous suivons cette fois Gabriel, un ado de seize ans, grand solitaire, amoureux de la nature et passionné d’oiseaux. C’est un héros intéressant, très (trop ?) mature pour son âge, et du coup, un peu en marge. Il se retrouve dans ce grand domaine, avec des landes à perte de vue : a priori l’endroit rêvé pour cultiver sa passion. Nous le suivons donc dans ses expéditions, ses découvertes, ses observations ; on passe énormément de temps seul avec lui à observer les beautés de la forêt et le vol des oiseaux. Et à moins d’être nous-mêmes des aficionados de la nature, on perd rapidement intérêt.

Ce qui n’aide pas, c’est la mise en situation assez longue et peu palpitante. Il faut attendre une bonne centaine de pages avant l’arrivée de l’élément déclencheur, l’arrivée du personnage qui va tout faire chavirer. Pourtant, on sent bien cette atmosphère sombre et un peu glauque, chère à l’auteure, qui se met doucement en place et joue presque le rôle d’un personnage à part entière… Mais ça manque quand même singulièrement d’action. Et il faut encore attendre cent autres pages pour que ça remue un peu et enfin plonger dans le cœur de l’histoire et discerner les premiers signes du thriller que l’on attendait avec avidité.

Paradoxalement, c’est un roman que j’ai dévoré. J’avais vraiment envie de savoir ce que Jo Witek avait préparé pour son final. On sent tout au long du roman qu’elle va nous retourner le cerveau et ça n’a pas manqué. Du coup, je ne ressors pas déçue de ma lecture, mais je m’attendais à un « vrai » thriller, quand il ne s’agit finalement « que » d’une histoire d’amour de vacances tumultueux entre deux jeunes, avec leurs faiblesses, qui se découvrent et se dévoilent… jusqu’à quelques pages de la fin.

Je n’aurais jamais cru dire ça, mais j’espérais quelque chose d’un peu plus « conventionnel », un bon page-turner sombre et inquiétant avec les codes avérés du thriller. Jo Witek s’essaie à une autre forme de roman noir et c’est d’ailleurs son objectif : elle voulait casser cette « notion d’efficacité du thriller » et revenir à « une forme plus classique ». J’ai découvert cette ambition dans une très bonne interview après ma lecture (voir ci-dessous) et du coup, ce roman prend tout son sens… Jo Witek a réussi son pari et son roman correspond tout à fait à ce qu’elle voulait en faire. C’est juste que je ne m’y attendais pas et je me suis retrouvée un peu à côté de la plaque pendant l’histoire, en attente de ce côté « efficace » d’un thriller. Mais ce n’est que partie remise, car je reste en admiration devant sa plume, l’ambiance de ses romans, la finesse de ses personnages. Prochain arrêt : Peur express.

Ma note : 6,5/10

Extras
Première publication : mars 2016
Fiche Bibliomania
Interview de Jo Witek ici :
Le Domaine se place dans la continuité de vos précédents thrillers et pourtant le malaise s’installe plus lentement, par petites touches. Quel a été votre parcours d’écriture pour ce nouveau roman ?
Pour Le Domaine, j’ai voulu revenir à une forme plus classique, plus descriptive, remettre en cause cette notion d’efficacité du thriller, ce fameux “turn page”, souvent très attendu des lecteurs. J’ai creusé le sillon, me méfiant de mes automatismes, mais aussi de ceux véhiculés par notre mémoire commune du cinéma noir. Je souhaitais un roman décontextualisé, qui reviendrait aux sources du genre, le macabre et le romantisme. Je me suis replongée avec délice dans les romans gothiques anglais comme Les Mystères d’Udolphe d’Ann Radcliffe ou au coeur du romantisme cruel d’Emily Brontë dans Les Hauts de Hurlevent. J’avais envie d’un héros sensible, pur, romantique, un garçon cheminant dans une nature aussi fascinante qu’inquiétante, où se jouerait une situation tout à fait moderne, mais dans un contexte hors du temps. Dans ce domaine, immense propriété forestière au milieu d’hectares de Landes, il n’y a pas de nouvelles technologies. Pas de réseau, pas d’ordi, peu de téléphones. Je me débarrasse de tout cela pour me concentrer sur ma situation : un héros débarque dans un milieu social très supérieur au sien, une nature de plus en plus angoissante, et de nouveaux sentiments le submergent : des colères, des jalousies, des désirs… C’est vraiment un héros contemporain parce qu’il n’a pas les règles du jeu de la société dans laquelle il est forcé d’évoluer. Pour moi, écrire un thriller c’est faire un pacte avec le lecteur : vous allez vous perdre, avoir peur et je vous promets que vous ne devinerez pas le dénouement avant la fin. Cette fois, j’ai accepté de moins construire l’action en amont, de me perdre moi aussi dans les Landes, quitte à rebrousser chemin plusieurs fois ! C’était assez angoissant et en même temps jubilatoire.

Tous nos jours parfaits, de Jenniver Niven

Tous nos jours parfaits, de Jennifer NivenRésumé de l’éditeur

Quand Violet et Finch se rencontrent, ils sont au bord du vide, en haut du clocher du lycée, décidés à en finir avec la vie. Finch est la « bête curieuse » de l’école. Il oscille entre les périodes d’accablement, dominées par des idées morbides et les phases « d’éveil » où il déborde d’énergie. De son côté, Violet avait tout pour elle. Mais neuf mois plus tôt, sa sœur adorée est morte dans un accident de voiture. La survivante a perdu pied, s’est isolée et s’est laissée submerger par la culpabilité.
Pour Violet et Finch, c’est le début d’une histoire d’amour bouleversante : l’histoire d’une fille qui réapprend à vivre avec un garçon qui veut mourir.

Nbr de pages : 377 / Éditeur : Gallimard Jeunesse / Titre VO : All the Bright Places

Mon avis

Une nouvelle lecture qui s’annonçait forte en émotions avec des thèmes sensibles et pas toujours faciles à aborder, comme la maladie, le suicide, le deuil, le regard d’autrui et la confiance en soi. Jennifer Niven est parvenue à écrire un très beau livre où elle dose bien les moments tragiques et difficiles de la vie et les instants lumineux de cette rencontre entre deux jeunes qui ne trouvent plus leur place.

Violet et Finch sont des héros intéressants et complexes, incompris et incompréhensibles et en même temps très vrais. Ils se sentent seuls, perdus, déconnectés du monde qui les entoure. Mais ce sont des jeunes qui ont ce quelque chose en plus qui les rend extraordinaires, qui les fait sortir de la masse. Ensemble, ils vont reprendre goût à certaines choses et vont doucement apprendre à accepter ce qu’ils ressentent. Leur histoire, on y croit et on la découvre avec beaucoup de plaisir, en alternant les points de vue.

On a souvent comparé tel ou tel nouveau roman à ceux de John Green, vaillant effort pour attirer l’attention, qui agace plus qu’autre chose et qui est souvent loin d’être justifié, mais cette fois, je dois dire que je comprends le pourquoi de cette comparaison… Il y a chez Jennifer Niven la même sensibilité, la même volonté de montrer l’adolescence avec toutes ses facettes et ses faiblesses, avec une justesse et une précision remarquables. Ils ont tous deux une plume poétique et posent des mots qui sonnent juste sur des émotions pourtant difficiles à analyser.

Je connais assez bien la vie pour savoir qu’on ne peut pas compter sur les choses pour demeurer telles qu’elles sont, ou rester à portée de main, même si on ne souhaite que ça. On ne peut pas empêcher les gens de mourir. On ne peut pas les empêcher de partir. On ne peut pas s’empêcher soi-même de partir non plus. Je me connais assez pour savoir que personne ne peut me tenir éveillé, m’empêcher de sombrer dans le Grand Sommeil. Ça ne tient qu’à moi.

On ressent une belle maturité, tant dans l’écriture que dans la personnalité des héros. Le roman est parsemé de réflexions poignantes et de citations de grands auteurs comme Virginia Woolf. La littérature et la musique sont des éléments présents tout au long du livre, des outils dans la lente convalescence des héros qui ressentent l’envie de laisser une marque, d’écrire et de composer pour exorciser leurs propres démons.

Tout le monde ne sera peut-être pas d’accord avec la façon dont l’auteure traite de la bipolarité ou du suicide. N’ayant (heureusement) jamais eu à y faire face, j’ai trouvé son histoire et sa vision des choses très touchantes. On sent que son expérience personnelle a beaucoup joué dans la rédaction de son roman et elle l’explique d’une jolie façon dans la postface. Mais je n’oserais me mettre à la place de personnes qui ont vécu de près ce genre de drames et affirmer que toutes les émotions et situations sont réalistes.

Pour moi, c’est un roman à la fois sombre et lumineux, qui choque et fait réfléchir, qui propose des pistes et des réflexions sur des sujets douloureux, grâce à deux personnages qui nous restent longtemps en mémoire.

Note : 8,5/10

Extras
Traductrice : Vanessa Rubio-Barreau
Première publication : septembre 2015
Fiche Bibliomania
Superbe interview de Jennifer Niven par The Fountain ici (en anglais) :

A story is a story, no matter the genre, but there’s something I love about YA fiction. Maybe it’s because so much of it deals with firsts—first love, first heartache, first loss. There’s something so wonderful and horrible and full-of-possibility and heartbreaking and poignant about that time of life. I think in many ways, the teen audience is the most discerning. Just because they’re young doesn’t mean you should talk down to them. They can spot fakery a mile away, so the voice and the characters need to be authentic and you have to write honestly. I love the challenge of that. […] Years ago, I knew and loved a boy, and that boy was bipolar. I witnessed up-close the highs and lows, the Awake and the Asleep, and I saw his daily struggle with the world and with himself. I also saw how funny he could be and how vibrantly, shimmeringly alive during the highs. I think humor was part of being Awake for him. He was so happy to be present, to not be depressed and shut down (something he knew would come back again all too soon), and he appreciated every little minute, just like Finch does. And yes, maybe there’s a correlation—people like Finch, like Robin Williams, have this great depth and capacity for emotion, high and low, and humor is part of that. It can be an outlet and an escape and a way of putting a bright face on for the world even when things are dark inside.

Qui es-tu Alaska ? de John Green

Qui es-tu Alaska ? de John Green

 

Mon résumé

Miles a l’impression de passer à côté de sa vie et décide de partir en quête d’un Grand Peut-Être. Il quitte ses parents et son école pour s’installer bien loin dans un pensionnat. Ce sera pour lui le commencement d’une autre vie, faite de toutes sortes de premières fois et de rencontres. Des rencontres qui marquent, surtout quand il s’agit d’une jeune fille aussi intrépide, lunatique et merveilleuse qu’Alaska.

 

Nbr de pages : 365 / Éditeur : Gallimard Jeunesse / Titre VO : Looking for Alaska

Mon avis

Voici une histoire toute simple et à la fois très complexe, qui parle d’amour et d’amitié, des premiers émois et expériences sexuelles, de profs et de cours séchés, des premières cigarettes et gueules de bois. Une histoire comme on a sans doute déjà pu en lire, mais John Green possède ce petit quelque chose qui fait qu’on revit toutes ces choses à notre tour, la gorge serrée.

Dès les premières pages, on pressent qu’on ne sortira pas indemne de notre lecture. Le premier chapitre s’intitule « 136 jours AVANT ». On voit où John Green compte nous emmener, on devine quelques petites choses… C’est sans grand suspense, cela tire parfois en longueur, mais il règne néanmoins dans ce livre une certaine tension, car on sait qu’à la moitié du roman, on aura droit à la partie « APRÈS ». Et même si on est loin du degré d’émotions de Nos étoiles contraires, on n’échappe pas pour autant aux yeux humides.

Mais je manquais de courage et elle avait un copain et j’étais gauche et elle était sublime et j’étais désespérément ennuyeux et elle était infiniment captivante. Alors je suis retourné dans ma chambre et je me suis écroulé sur mon lit, en me disant que si les gens étaient de la pluie, j’étais de la bruine et elle, un ouragan.

Quant aux personnages, ils sont lumineux, complètement fous, attachants. Ils sont incroyables, presque trop. Comme dans Nos étoiles contraires, ils ont cette maturité qu’on n’attend pas toujours chez des ados de 16 ans. L’un ne lit que des biographies et est un expert des dernières paroles d’illustres personnalités, l’autre nous sort des bouts de poème appris par cœur et se pose des questions existentielles et philosophiques à tout bout de champ. Une fois de plus, John Green ne prend pas son lecteur pour un demeuré et lui balance des références qui resteront peut-être et le pousseront à la découverte.

John Green explique dans ses remerciements qu’il adorait ses professeurs… et ça se voit. Toute son intelligence transparaît à travers ses personnages, on sent qu’il met une part de lui dans chacun d’eux, comme cette fascination de Miles pour les dernières paroles qui est aussi la sienne. Cet auteur est un type brillant, qui parvient à nous bouleverser à coups de petites phrases bien senties, sans jamais se départir de son humour. Son arme, c’est de transformer des sujets du quotidien, somme toute banals, en thématiques pleines de profondeur. Il nous pousse à réfléchir, à nous remettre en question, à voir le monde sous un autre angle. Qui es-tu Alaska ? est de ces lectures dont on a l’impression de ressortir grandi…

Note : 8,5/10

Extras
Traductrice : Catherine Gibert
Première publication : 2005 (VO), 2007 (VF)
Fiche Bibliomania
Qui es-tu Alaska ? est le premier roman de John Green, écrit à l’âge de 27 ans.
Il sera son troisième roman à être adapté au cinéma.

***

 Challenge Petit Bac organisé par Enna
Petit Bac 2015Lieu : Alaska

Challenge ABC 2015 organisé par Nanet

ABC20157/13 dans le challenge ABC 2015 – Lettre G

 

Sans prévenir, de Matthew Crow

Sans prévenir, de Matthew Crow

Quatrième de couverture

À 15 ans, Francis Wootton est passionné de vieux films, de musique rock et de lectures romantiques. Mais avant tout, il ne se prend pas au sérieux. Sans prévenir, un jour, la vie bascule. On lui diagnostique une leucémie. À l’hôpital où il entre pour son traitement, il rencontre Ambre, son caractère de chien, son humour féroce, sa vulnérabilité désarmante…

Nbr de pages : 320 / Éditeur : Gallimard jeunesse / Titre VO : In Bloom

Mon avis

Quand on écrit une histoire d’amour dramatique entre deux jeunes cancéreux, il faut savoir souffrir la comparaison avec Nos étoiles contraires, qui s’est imposé aussi bien dans les librairies, sur les blogs, sur les écrans que dans nos cœurs. Malheureusement, n’est pas John Green qui veut. Là où j’avais été transportée bien loin par l’émotion et l’amour, je suis cette fois-ci restée bien ancrée sur terre, à la limite parfois de l’ennui.

Matthew Crow nous propose un héros de quinze ans assez banal, solitaire et un brin loser. Francis n’a rien de bien folichon et m’a semblé être un héros un peu fadasse pour une histoire de cet acabit. De l’autre côté, on rencontre Ambre, déjà bien plus pétillante. Mais l’alchimie ne fonctionne pas vraiment. Leur histoire est mignonne, mais pas exaltante. Ils se font des petits bisous et se donnent la main, organisent quelques petits coups en douce, mais ne nous entraînent jamais dans des aventures folles, dans des discussions palpitantes, dans des scènes émouvantes.

Ce roman est clairement destiné à de jeunes lecteurs qui pourront s’identifier aux héros. Francis et Ambre font encore très gamins et sont loin d’avoir la maturité d’Augustus et Hazel. Matthew Crow nous explique dans sa lettre aux blogueurs qu’il a souhaité créer « un héros masculin pathétique, gentil, plein de bonnes intentions, mais quand même bien niais », le genre de personnage qu’un ado grassouillet et couvert d’acné aurait envie de retrouver dans un roman, loin des clichés des « beaux gosses, des stars de films d’action et des bourreaux des cœurs qui disaient toujours exactement ce qu’il fallait dire au bon moment. » En cela, Matthew Crow a vraiment atteint son objectif et du coup, je ne voudrais pas être trop sévère avec son roman, car je suis passée à côté de son intention. Moi, à 25 ans, je préfère clairement un beau héros plein de repartie (Augustus, je t’aime !).

J’ai quand même rigolé à quelques reprises et ma gorge s’est serrée à la fin, alors je ne pourrais pas dire que ce roman manque d’émotions, ce serait faux. La panoplie de personnages secondaires est très bien réussie et Ambre, avec son fort caractère, porte presque à elle seule le roman. Mais Francis est de fait très niais, fait des montagnes pour pas grand-chose et chaque petit aléa de sa vie d’ado devient un scénario mélodramatique capital. Un ado se retrouvera peut-être dans son personnage, toujours dans l’exagération, mais l’urgence de la maladie et la tristesse de la famille me semblaient tellement terribles à côté, que je me suis rarement prise d’affection pour Francis.

Note : 6,5/10

Extras
Traductrice : Marie Hermet
Première publication : janvier 2015
Fiche Bibliomania
Si j’ai bien compris, le titre anglais « In Bloom » est sorti en 2013, mais le roman va être republié en mars 2015 sous le titre « The Brilliant Light of Amber Sunrise ».
Matthew Crow est né en 1987.

***

Challenge ABC 2015 organisé par Nanet

ABC20153 dans le challenge ABC 2015 – Lettre C

Challenge Gourmand, organisé par Titepomme

Challenge gourmand
2 : une boule en chocolat

Esprit d’hiver, de Laura Kasischke

Esprit d'hiver, de Laura Kasischke

Quatrième de couverture

Réveillée tard le matin de Noël, Holly se voit assaillie par un sentiment d’angoisse inexplicable. Rien n’est plus comme avant. Le blizzards s’est levé, les invités se décommandent pour le déjeuner traditionnel. Holly se retrouve seule avec sa fille Tatiana, habituellement affectueuse, mais dont le comportement se révèle de plus en plus étrange et inquiétant…

Nbr de pages : 276 / Éditeur : Christian Bourgois / Titre VO : Mind of Winter

Mon avis

On m’avait promis une chute renversante ; renversante au point de vouloir relire le livre pour voir ce qu’on avait bien pu louper. Alors évidemment, ça m’a mis l’eau à la bouche. Mais, ça a involontairement déclenché mon détecteur d’indices à chute renversante et je me suis vite retrouvée à décortiquer chaque phrase du livre en me demandant ce qu’on allait réussir à me cacher. Et j’ai découvert le pot aux roses page 30… C’est vraiment bête, car ça m’a en partie gâché cette lecture. Malheureusement, beaucoup d’autres choses ont gâché cette histoire que j’espérais angoissante et intrigante. Disons qu’une chute inattendue aurait pu me sortir au dernier moment de l’ennui dans lequel je m’étais petit à petit installée.

On m’avait aussi promis une atmosphère oppressante, un malaise omniprésent. Je n’ai rien ressenti de tel, je n’ai même rien ressenti du tout, si ce n’est un sentiment d’étrangeté, de bizarrerie, d’inexplicable, de tordu. Cet affrontement mère/fille ne m’a pas touché et si malaise il y a, il n’a pas su se détacher des pages pour se fondre dans l’atmosphère et s’étendre jusqu’à moi.

J’ai tout de même lu ce petit roman rapidement, car il y a quand même l’envie de savoir. Je me réjouissais de pouvoir confirmer ou plutôt infirmer mon hypothèse et d’être surprise comme tant d’autres lecteurs. Mais je n’irai pas jusqu’à dire qu’il se lit vite, au contraire, j’ai eu l’impression d’être engluée dans cette histoire sans pouvoir en sortir, sans en voir la fin. Enfin, arrivent les dernières pages qui lèvent petit à petit le voile et sont les plus intéressantes. Je n’avais pas tout flairé non plus, mais bien des choses restent inexplicables… Le reste du texte m’a semblé laborieux à lire, englouti par des redondances, des scènes répétitives et sans intérêt, et un manque cruel de… quelque chose, d’action, d’angoisse, de terreur, de sentiments, d’empathie, de rythme.

Note : 4/10

Extras
Traductrice : Aurélie Tronchet
Première publication : août 2013
Fiche Bibliomania
Tout comme l’héroïne de ce roman, Laura Kasische est poétesse. Elle est également l’auteure de 9 romans. Je lui donnerai peut-être une deuxième chance avec Les revenants.

***

Challenge Haut en couleurs organisé par Addiction littéraire
Challenge Haut en Couleurs
13/15 : brun

Peine perdue, d’Olivier Adam

Peine perdue, d'Olivier AdamQuatrième de couverture

Les touristes ont déserté les lieux, la ville est calme, les plages à l’abandon. Pourtant, en quelques jours, deux événements vont secouer cette station balnéaire de la Côte d’Azur: la sauvage agression d’Antoine, jeune homme instable et gloire locale du football amateur, qu’on a laissé pour mort devant l’hôpital, et une tempête inattendue qui ravage le littoral, provoquant une étrange série de noyades et de disparitions. Familles des victimes, personnel hospitalier, retraités en villégiature, barmaids, saisonniers, petits mafieux, ils sont vingt-deux personnages à se succéder dans une ronde étourdissante. Vingt-deux hommes et femmes aux prises avec leur propre histoire, emportés par les drames qui agitent la côte.

Nbr de pages : 414 / Éditeur : Flammarion

Mon avis

Pour cette première lecture de la rentrée : découverte d’Olivier Adam, un auteur pourtant déjà bien connu. D’après les quelques discussions que j’ai pu avoir avec mes amis du net, ses romans sont toujours très sombres… et celui-ci ne déroge pas à la règle. En deux mots : dépressifs, s’abstenir. De mon côté, n’ayant rien contre les romans tristes, noirs et sans une once d’espoir, j’ai lu celui-ci avec plaisir.

Ce qui m’a particulièrement plu, c’est l’originalité de la narration, cette ronde de personnages qui se laissent tour à tour la parole. On découvre en premier lieu Antoine, jeune footballeur talentueux, papa divorcé, mais surtout tête brûlée qui n’arrive pas à prendre ses responsabilités et se retrouve souvent dans le pétrin. Après quelques pages, il se fait tabasser et tombe dans le coma. S’ensuivent alors les témoignages de son ex-femme, de sa sœur, de ses coéquipiers, d’une infirmière, d’une jeune fugueuse, du magnat de la station balnéaire. On les écoute chacun nous raconter leur petite vie, souvent malheureuse, et les liens qu’ils nouent avec les autres personnages du roman.

Cette petite farandole nous ouvre les yeux sur certains problèmes de la société, sur le désespoir ambiant. Certains personnages sont assez attachants et on aimerait les suivre encore quelques chapitres, quand d’autres nous ennuient trop rapidement. Dans l’ensemble, on reste souvent en retrait, par manque d’empathie. C’est parfois un rien longuet, et chaque bout de vie ne semble pas toujours nécessaire. Mais petit à petit, on assemble les quelques pièces de puzzle permettant de découvrir ce qui est arrivé à Antoine : qui pouvait lui en vouloir au point de le laisser pour mort ?

Le titre est sans appel et correspond parfaitement au contenu du roman : tout est peine perdue, pour presque chacun des 22 personnages que l’on rencontre. On pourrait croire que la fin laissera une porte entrouverte sur la lumière, mais… non. Le dernier chapitre est surprenant et inattendu, mais reste résolument tragique. J’ai aimé cette dernière claque du destin, qui me fait oublier les longueurs du roman, pour n’en garder qu’un bon moment de lecture.

Ma note : 7/10

Extras
Première publication : août 2014
Fiche Bibliomania
Olivier Adam dit s’être inspiré de Friday Night Lights et on retrouve dans son roman une petite référence à la série, au coach Taylor et à Riggins.
Dans une interview pour Livres Hebdo, il déclare : « Je ne fais jamais de plan, je ne prends jamais de notes. Même pour Je vais bien, ne t’en fais pas, qui a en apparence une architecture scénaristique assez huilée, je l’ai écrit au fil, sans connaître à l’avance le dénouement. Pour Peine perdue, je suis parti avec les trois premiers chapitres et les personnages seulement caractérisés par un prénom, un métier, un fait. »

***

challenge 1% Rentrée littéraire1/6

La Délicatesse, de David Foenkinos

La Délicatesse, de David FoenkinosRésumé de l’éditeur

« François pensa : si elle commande un déca, je me lève et je m’en vais. C’est la boisson la moins conviviale qui soit. Un thé, ce n’est guère mieux. On sent qu’on va passer des dimanches après-midi à regarder la télévision. Ou pire : chez les beaux-parents. Finalement, il se dit qu’un jus ça serait bien. Oui, un jus, c’est sympathique. C’est convivial et pas trop agressif. On sent la fille douce et équilibrée. Mais quel jus ? Mieux vaut esquiver les grands classiques : évitons la pomme ou l’orange, trop vu. Il faut être un tout petit peu original, sans être toutefois excentrique. La papaye ou la goyave, ça fait peur. Le jus d’abricot, ça serait parfait. Si elle choisit ça, je l’épouse…
– Je vais prendre un jus… Un jus d’abricot, je crois, répondit Nathalie.
Il la regarda comme si elle était une effraction de la réalité. »

Nbr de pages : 272 / Éditeur : Belgique Loisirs – Piment

Mon avis

Quelle merveilleuse surprise ! Je ne m’attendais à rien de bien extraordinaire et j’ai été charmée à presque chaque page. Par une réplique, une blague, un mot, une définition, une note en bas de page, une émotion, une métaphore, des points de suspension… Dès la lecture de la quatrième de couverture, je suis tombée sous le charme. Avec ce roman, David Foenkinos nous donne envie de le rencontrer et de lire tout ce qu’il a pu écrire jusqu’à présent.

J’ai directement été séduite par la présence de l’auteur, par son audace, par l’empreinte qu’il laisse dans son roman, comme s’il était une sorte de personnage secondaire. Il prend part au drame, avec à ses phrases délicates et nous émeut, mais surtout il nous donne le sourire, grâce à son humour tendre et ravageur. J’ai eu envie de noter des dizaines de citations, de phrases qui sonnent parfaitement, qui sont tout à fait à propos ou qui peuvent nous toucher personnellement.

Voilà à peu près ce qu’il aurait aimé dire. Mais c’est ainsi : on a toujours cinq minutes de retard sur nos conversations amoureuses.

Néanmoins, il ne faut pas s’attendre à une histoire renversante et originale. Ce petit roman est assez banal et traite, comme beaucoup l’ont déjà fait, de l’amour, du deuil, du bonheur et de comment réapprendre à vivre. Ça ne paie pas de mine comme ça, et pourtant, c’est une belle histoire, rigolote et touchante, écrite avec talent et ce « je ne sais quoi » qui la classe au-dessus des autres.

Note : 9/10

Extras
Première publication : août 2009
Fiche Bibliomania
Dans ma PAL : Nos Séparations
Ce roman a été adapté en 2011 au cinéma par les frères Foenkinos, avec Audrey Tautou et François Damiens.

***

Challenge 1 mois = 1 consigne, organisé par Nessa

Challenge 1 mois = 1 consigne
Août : Lire un livre depuis trop longtemps dans ma PAL
(acheté en septembre 2012)

Challenge ABC 2014 organisé par Nanet

ABC 2014
12 dans le challenge ABC 2014 – Lettre F

La Voleuse de livres, de Markus Zusak

La voleuse de livres, de Markus ZusakQuatrième de couverture


Leur heure venue, bien peu sont ceux qui peuvent échapper à la Mort. Et, parmi eux, plus rares encore, ceux qui réussissent à éveiller Sa curiosité.
Liesel Meminger y est parvenu.
Trois fois cette fillette a croisé la Mort et trois fois la Mort s’est arrêtée.
Est-ce son destin d’orpheline dans l’Allemagne nazie qui lui a valu cet intérêt inhabituel ? Ou bien sa force extraordinaire face aux événements ? À moins que ce ne soit son secret… Celui qui l’a aidée à survivre. Celui qui a même inspiré à la Mort ce si joli surnom : la Voleuse de livres…

Nbr de pages : 633 / Éditeur : Pocket / Titre VO : The Book Thief

Mon avis

Voici un joli petit bijou ! Ce livre m’a transmis beaucoup d’émotions et le souvenir que j’en garderai ne risque pas de tomber aux oubliettes. Pourtant, ce n’était pas gagné d’avance. Les premières pages laissent perplexes et sont loin d’être accrocheuses. Il m’a fallu une centaine de pages pour vraiment m’intéresser au sort de cette fillette, recueillie par une famille allemande en temps de guerre. Et puis soudain, on entre tout entier dans l’histoire et on ne veut plus en ressortir.

Mise à part cette entrée en matière délicate, je n’ai que des éloges à faire à ce roman. Il y a tout d’abord cette approche originale consistant à placer la Mort comme première narratrice. Étrangement, elle nous est rapidement attachante et ses interventions sont souvent émouvantes. Eh oui, pas évident de faire un tel job en 1942… Je ne m’attendais pas à ce genre de confidences mi-amusantes mi-tragiques, qui font réfléchir sur cette folie qu’est la guerre. Les apparitions de la Mort sont intéressantes, mais restent somme toute assez rares ; l’histoire de Liesel se lit la plupart du temps comme une narration traditionnelle à la 3e personne.

Au fil des ans, j’en ai vu, des jeunes hommes qui croient se précipiter sur d’autres jeunes hommes. Il se trompent. Ils se précipitent vers moi. (La Mort)

En soi, l’histoire n’a rien d’exceptionnel. On nous raconte le quotidien de Liesel dans l’Allemagne nazie, les Jeunesses Hiltériennes, les parties de foot entre copains, la faim, le cortège de Juifs dans les rues, les raclées de l’institutrice, les nuits à apprendre la lecture. Mais la force de ce roman, ce sont les multiples merveilleux personnages qui nous donnent foi en l’humanité, que l’on aimerait rencontrer ou avoir dans sa famille. On s’attache bien sûr à Liesel, mais surtout à son papa de substitution, modèle d’amour et de générosité. Comment ne pas fondre devant ses démonstrations de patience, de gentillesse et d’humour ? On nous propose toute une galerie de personnes étonnantes, avec leurs qualités et leurs défauts, leurs faiblesses, leur envie de s’en sortir et de contribuer à quelque chose de vrai.

Parfois, je me dis que mon papa est un accordéon. Quand il respire et me regarde en souriant, j’entends les notes.

Et puis, on ne peut qu’être touché par le très beau rapport à la lecture que va développer Liesel au fil du temps. Apprendre à lire, jongler avec les phrases, comprendre le pouvoir des mots, découvrir le besoin irrépressible de se lier aux livres, de les avoir avec soi, d’en avoir un nouveau, et encore un autre, de les lire encore et encore jusqu’à plus soif. Impossible de rester de marbre face à cette fillette qui nous ressemble tant.

Des livres en veux-tu, en voilà. Chaque mur était couvert d’étagères pleines à craquer et pourtant impeccables. On distinguait à peine la peinture. Liesel avait rarement vu quelque chose d’aussi beau. Elle sourit, émerveillée. Dire qu’il existait une pièce comme celle-ci !

Et puis ce que je retiendrai surtout, c’est la sublime écriture de Markus Zusak. Ce roman est écrit avec émotion et une grande subtilité. L’auteur joue lui aussi avec les mots et leurs sens, pour nous offrir de jolies métaphores, des images qui marquent et que l’on veut garder en mémoire. La poésie de ce texte m’a beaucoup touchée, au point de m’arracher quelques larmes dans les moments les plus tristes. J’ai refermé le livre le cœur serré, et malgré un début chaotique, on peut dire que j’ai frôlé le coup de cœur.

Note : 9/10

Extras
Traductrice : Marie-France Girod
Première publication : mars 2007
Fiche Bibliomania
Markus Zusak est né à Sidney, de parents d’origine allemande et autrichienne.
L’auteur insère beaucoup de mots allemands dans son roman, qui nous plonge d’autant plus dans l’ambiance du pays.
Ce livre a fait l’objet d’une adaptation au cinéma en 2013 par Brian Percival.

***

Challenge Petit Bac organisé par Enna
Challenge Petit Bac 2013
Objet : livre

Challenge L’énigme des 5 continents, organisé par Drussnaga
Challenge L'énigme des 5 continents
Continent : Océanie

Challenge 1 mois = 1 consigne, organisé par Nessa

Challenge 1 mois = 1 consigne
Juillet : Lire un livre de plus de 450 pages

Challenge ABC 2014 organisé par Nanet

ABC 2014
11 dans le challenge ABC 2014 – Lettre Z

Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi, de Mathias Malzieu

Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi, de Mathias Malzieu

 

Mon résumé

Mathias vient juste de perdre sa mère et ne pense qu’à hurler sa peine au monde. Giant Jack, un gros géant, docteur en ombrologie, va lui offrir un peu de son ombre et quelques livres pour l’aider à surmonter cette épreuve difficile.

Nbr de pages : 150 / Éditeur : J’ai lu

Mon avis

C’est la première fois que je suis touchée par un texte poétique. Il y a souvent un côté abstrait à la poésie qui me tient à l’écart de l’émotion, et pourtant Mathias Malzieu m’a donné des frissons. Pour ça, j’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à lire ce court roman, triste, nostalgique, mais beau et magique.

Dans ce roman, l’auteur se confie à nous suite au décès de sa mère. Il est triste, il est fatigué, il est désespéré, il est terrifié, mais surtout il est en colère. Ses sentiments nous traversent et nous bouleversent. On subit ce deuil avec lui et j’ai trouvé ça impressionnant cette capacité à partager des émotions si intimes. Il met des mots justes sur ce qu’il ressent et ses métaphores, ses pensées sur la mort, la complicité entre une mère et son fils, sur la souffrance sont magnifiques et douloureuses.

Les invités de l’enterrement avancent, penchés comme des fantômes d’arbres morts. Des gens qu’on aime sont là, ils ont l’air gêné, avec leur sac d’amour dans les bras. Ils veulent nous le donner sans nous encombrer. On sait pas quoi en foutre de tout cet amour dans les yeux des gens, des fleurs et des bondieuseries à la pelle. Ils sont tous venus déguisés en cadeaux sombres.

Heureusement, son histoire n’est pas un simple témoignage ; son deuil, c’est une histoire magique, la rencontre avec un gros géant qui va l’aider à ne pas sombrer et l’entraîner pour un voyage au pays des morts. Parfois, on se demande si l’auteur n’est pas un peu cinglé, c’est souvent un poil trop bizarre et certains délires ne sont pas simples à suivre, mais ce petit conte original nous livre une triste histoire d’amour et de mort qui vaut la peine d’être découverte.

Note : 7,5/10

Extras
Première publication : mars 2005
Fiche Bibliomania
Mathias Malzieu est le chanteur de Dionysos.
Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi est son premier roman et a inspiré son album Monsters in love.

***

Challenge ABC 2014 organisé par Nanet

ABC 2014
3 dans le challenge ABC 2014 – Lettre M

Challenge Petit Bac organisé par Enna
Challenge Petit Bac 2013
Verbe : faire

Nos étoiles contraires, de John Green

Nos étoiles contraires, de John Green

Résumé de l’éditeur

Hazel, 16 ans, est atteinte d’un cancer. Son dernier traitement semble avoir arrêté l’évolution de la maladie, mais elle se sait condamnée. Bien qu’elle s’y ennuie passablement, elle intègre un groupe de soutien, fréquenté par d’autres jeunes malades. C’est là qu’elle rencontre Augustus, un garçon en rémission, qui partage son humour et son goût de la littérature.
Entre les deux adolescents, l’attirance est immédiate. Et malgré les réticences d’Hazel, qui a peur de s’impliquer dans une relation dont le temps est compté, leur histoire d’amour commence… les entraînant vite dans un projet un peu fou, ambitieux, drôle et surtout plein de vie.

Nbr de pages : 323 / Éditeur : Nathan / Titre VO : The fault in our stars

Mon avis

Je savais que le jour où je lirais enfin un roman de John Green, je tomberais sous le charme. J’avais cette espèce de conviction, depuis plus d’un an, que cet auteur était fait pour moi, qu’il allait me plaire, mais nos chemins ne s’étaient toujours pas croisés. Peut-être que j’attendais Nos étoiles contraires… En tout cas, je ne m’étais pas trompée ! Ce livre, c’est une jolie bouffée de vie, des éclats de rire, des larmes qui dégoulinent dans nos sourires, une envie de profiter, d’aimer, de vivre et de savourer les petits moments du quotidien.

« Je crois qu’on peut choisir, dans la vie, comment on a envie de raconter une histoire triste et, Augustus et moi avons choisi la manière drôle. »

John Green aussi a fait le choix de nous raconter son histoire triste à coups de blagues hilarantes et de remarques espiègles qui nous arrachent des sourires tout au long du roman. Il a raison, c’est plus qu’un simple livre sur le cancer. C’est aussi une jolie histoire d’amour, le beau, le vrai. Et une histoire sur les rêves de l’adolescence, sur l’amour de la littérature.

Hazel et Augustus sont des personnages attachants, amusants, authentiques, très mûrs pour leur âge (peut-être un effet secondaire du cancer) et parfois même un peu trop philosophiques. J’ai beaucoup aimé leurs délires, les projets qu’ils font, leur amour naissant, leur passion pour un même livre qui les unit.

« Je suis tombée amoureuse pendant qu’il lisait, comme on s’endort : d’abord doucement et puis tout d’un coup. »

L’auteur a vraiment une très jolie plume et il traite ce sujet difficile avec simplicité et réalisme, ce qui rend son histoire d’autant plus percutante. Évidemment, avec un thème pareil, c’est difficile de donner dans l’imprévisibilité, on sait qu’on va finir par craquer et verser quelques larmes. Mais, bizarrement, ce n’est pas ce qu’on retient, car John Green maîtrise parfaitement son truc et parvient à en faire une très jolie histoire triste ET marrante.

Même si le roman est sans grande surprise et que certaines histoires parallèles et quelques passages plus philosophiques m’ont moins plu, je suis passée par tout un tas d’émotions, et c’est ce que j’aime le plus quand je lis. Et comme, j’adore rire et pleurer (et les deux en même temps, c’est encore mieux !), on peut dire que j’ai passé un très bon moment.

 Note : 9/10

Extras
Traductrice : Catherine Gibert
Première publication : 21 février 2013
Fiche Bibliomania
Merci à Nathan pour cette jolie découverte.
John Green a dit : « Je trouve cela vraiment offensant quand les gens disent que les expériences émotionnelles des adolescents sont moins réelles ou moins importantes que celles des adultes. Je suis un adulte, et j’ai été un adolescent, et donc je peux vous dire avec assurance que mes sentiments alors étaient aussi réels que maintenant. »

***

Challenge New Pal organisé par Yukarie
New Pal 2013
4/189

Challenge ABC 2013 organisé par NanetABC 2013N° 1 dans le challenge ABC 2013 – Lettre G