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Dis-moi si tu souris, d’Eric Lindstrom
Résumé de l’éditeur
– Ne me touchez pas sans me prévenir ;
– Ne me traitez pas comme si j’étais idiote ;
– Ne me parlez pas super fort (je ne suis pas sourde) ;
– Et ne cherchez JAMAIS à me duper.
Depuis la trahison de Scott, mon meilleur pote et petit ami, j’en ai même rajouté une dernière. Alors, quand il débarque à nouveau dans ma vie, tout est chamboulé. Parce que la dernière règle est claire : il n’y a AUCUNE seconde chance. La trahison est impardonnable. »
Nbr de pages : 396 / Éditeur : Nathan / Titre VO : Not if I See you First
Mon avis
Voici une très jolie histoire qui, sans révolutionner le genre, apporte un point de vue original : celui de Parker, une jeune adolescente aveugle. Je me demande comment c’est possible que je n’aie encore jamais lu de romans qui parlent de ce handicap et je suis vraiment ravie d’avoir eu cette première expérience avec ce livre touchant et juste.
Parker s’adresse directement à nous et nous raconte son histoire sur le ton de la franche camaraderie. Elle nous explique ce que c’est de vivre au quotidien dans le noir, dans le doute de ce que font les autres autour d’elle, elle parle de son manque d’assurance qu’il faut bien compenser par un caractère bravache. Elle ne manque pas d’humour et d’autodérision, elle voudrait qu’on la traite comme n’importe qui et pouvoir vivre le plus simplement possible. Et elle nous montre que c’est tout à fait faisable, quand on s’entoure des bonnes personnes.
J’ai beaucoup aimé ce personnage, qui m’a ouvert les yeux (sans mauvais jeu de mots) sur toutes sortes de situations que peuvent vivre les aveugles. Elle explique par exemple que non, elle n’écoute pas autant de musique qu’on pourrait le croire ; la navigation sur Internet, la lecture, le tchat entre copines nécessitent des programmes de lecture vocale, du coup, pas de musique en fond sonore. J’ai ressenti ses fêlures, ses craintes, ses envies, et je voulais que tout se passe bien pour elle, même si elle fait souvent sa tête de bourrique et ne se rend pas compte qu’elle peut elle aussi faire de la peine à son entourage et être dans l’erreur. Et Parker a beau prendre beaucoup de place dans ce roman, les personnages secondaires n’en sont pas moins réussis et touchants.
Le reste du roman repose sur des moments assez classiques de l’adolescence, les premières relations amoureuses (souvent déçues), les coups bas à l’école, les amitiés indéfectibles, les séances de shopping, les problèmes familiaux. L’auteur a réussi à garder un ton léger pour son histoire, tout en abordant les aspects dramatiques de la vie de Parker qui a vu mourir sa mère et puis son père. L’écriture n’est pas remarquable, mais elle ne manque pas de sensibilité, surtout pour décrire certaines situations difficiles ou de belles émotions, lors d’un premier baiser ou d’une étreinte entre deux amies.
Je m’avance encore et je l’embrasse doucement sur les lèvres. Je recommence. C’est dingue, c’est comme souffler sur un bol de chocolat chaud quand on a froid et sentir la chaleur vous envelopper le visage, puis le boire à petites gorgées et sentir la chaleur vous envahir les joues, descendre dans votre poitrine et continuer plus bas, jusqu’à vous remplir.
Ce roman va être lu et enregistré pour la Ligue braille et je serais vraiment intéressée d’avoir des retours de personnes aveugles concernant tous ces petits détails de la vie de Parker, pour savoir à quel point l’auteur a visé juste en créant ce personnage. En tout cas, moi il m’a beaucoup émue et je vous le recommande pour un joli moment en toute simplicité.
Ma note : 8/10
Extras
Traductrice : Anne Delcourt
Première publication : juin 2016
Fiche Bibiomania
L’écriture en relief sur la couverture est du vrai braille.
Parker n’est pas fan de mode, mais son truc c’est d’alterner chaque jour les bandeaux sur ses yeux.
Phobos, de Victor Dixen
Résumé de l’éditeur
Six prétendantes.
Six prétendants.
Six minutes pour se rencontrer.
L’éternité pour s’aimer.
Il veulent marquer l’Histoire avec un grand H.
Ils sont six filles et six garçons, dans les deux compartiments séparés d’un même vaisseau spatial. Ils ont six minutes chaque semaine pour se séduire et se choisir, sous l’œil des caméras embarquées. Ils sont les prétendants du programme Genesis, l’émission de speed-dating la plus folle de l’Histoire, destinée à créer la première colonie humaine sur Mars.
Nbr de pages : 448 + 496 = 944 / Éditeur : Robert Laffont – Collection R
Mon avis
Garanti sans spoilers !
Quel plaisir de découvrir un livre aussi haletant et de pouvoir enchaîner directement avec le tome 2 ! Il ne m’a fallu que quelques pages pour m’immerger dans ce roman de science-fiction prometteur.
Le découpage est intéressant et participe au suspense : on suit à la fois les prétendants dans le vaisseau vers Mars, les organisateurs du jeu sur Terre et un jeune garçon mystérieux qui va se retrouver mêlé à toute cette histoire. On découvre tout de suite qu’il y a quelque chose de louche avec ce concept hyper-novateur de téléréalité sur Mars et on apprend tout aussi vite qu’il y a de fait un énorme problème. Nous, lecteurs, devenons complices des organisateurs du jeu, tandis que les prétendants ne le découvriront qu’à la fin du roman. On pourrait penser que cela ôte une partie du suspense, mais cela donne au contraire une autre dynamique et le roman n’en est pas moins prenant.
Seul petit bémol : à force de faire des allers-retours entre la Terre et l’espace, on rate plein de choses du trajet de 5 mois de nos héros. J’aurais voulu être avec eux au quotidien et voir de plus près leurs relations se développer, découvrir chaque rendez-vous amoureux filmé et retransmis partout sur les écrans, de jour comme de nuit. Les passages sur Terre sont primordiaux pour comprendre tous les tenants et aboutissants et faire évoluer l’intrigue, mais je m’y ennuyais parfois et ne souhaitais qu’une chose : remonter vite fait dans l’espace !
Victor Dixen a vraiment réalisé un coup de génie avec cette idée originale : on y sent en filigrane une critique de la téléréalité et de l’apologie du pognon à tout prix, au mépris de tout bon sens, de la surmédiatisation.
Il y a encore tant de choses que nous pourrions acheter, et rentabiliser à notre manière: les écoles, les hôpitaux publics… Imaginez, des plages de publicité obligatoires pendant les cours, dès la maternelle ! Des émissions de téléréalité sur les malades en phase terminale, avec dernier souffle en direct ! Il y a énormément d’argent à se faire, en mettant à contribution les bambins jusqu’aux vieillards.
Et pourtant, l’auteur se calque sur ce qui fonctionne si bien avec ce genre d’émissions et nous rend accros aux moindres coups d’éclat de nos jeunes prétendants. Chacun a un secret, chacun a ses failles et on a beau tomber parfois dans le mélodramatique, on attend avec un certain voyeurisme de découvrir tout ce qu’ils cachent. On ne vaut finalement pas mieux que ces téléspectateurs collés à leur écran, qui ne leur laissent pas un moment de répit dans leur intimité. Et pour ça, je trouve que c’est vraiment bien joué !
Le tome 1 nous laisse avec un goût de trop peu : on veut savoir la suite, on veut savoir quelle tournure va prendre ce voyage futuriste, malgré le fait qu’on connaisse certains secrets depuis le départ. J’ai donc enchaîné avec la suite, qui malheureusement fait un peu retomber l’excitation avant de nous relancer à nouveau au cœur de la tension. Mais une chose est sûre, la fin du tome 2 nous laisse vraiment pantois : cette révélation-là, on ne s’y attendait pas, et nom de dieu, j’aurais dû attendre la sortie du tome 3 ! Vivement novembre 2016 !
Ma note : 9/10
Extras
Première publication : tome 1 – juin 2015 / tome 2 – novembre 2015
Fiche Bibliomania
Deuxième essai gagnant avec Victor Dixen, un auteur à suivre, assurément ! Retrouvez aussi mon avis sur Animale.
Deuxième essai gagnant aussi avec la Collection R qui mérite amplement son succès grandissant. Je ne compte pas m’arrêter là comme en témoigne ma lecture en cours :
La 5e vague !
Sortie de Phobos 3 : novembre 2016
Sortie de Phobos – Les Origines : juin 2016
(dossiers sur les 6 prétendants masculins à lire avant, pendant ou après la saga)
U4 : Koridwen, d’Yves Grevet
Mon résumé
Le virus U4 a tout ravagé sur son passage. Il ne reste plus que des adolescents de 15 à 18 ans, livrés à eux-mêmes dans un monde qu’ils ne reconnaissent plus. Quelques-uns gardent pourtant espoir, suite à un mail de Khronos, le maître d’un célèbre jeu en réseau, leur donnant RDV à Paris pour sauver le monde en remontant le temps. Koridwen fait des rêves étranges liés à ce fameux rendez-vous. Elle décide de partir pour Paris avec son cousin à bord d’un tracteur et de voir par elle-même ce que le destin lui réserve là-bas.
Nbr de pages : 362 / Éditeur : Nathan & Syros
Mon avis
Deuxième round pour la saga U4 ! J’avais passé un agréable moment avec Yannis, mais j’avais tout de même quelques réserves. Dans ce nouvel opus, j’espérais lire quelque chose de différent, qui ne serait pas redondant par rapport au tome sur Yannis, et qui m’apporterait certains éclairages sur l’univers, mais surtout sur ce fameux rendez-vous visant à remonter le temps pour sauver le monde. Et je ne suis pas déçue !
Mais j’avais beau avoir apprécié ma lecture de Yannis, deux mois plus tard, je n’avais pas particulièrement envie de me replonger dans l’univers d’U4. J’ai donc commencé ma lecture de Koridwen un peu à reculons. Mais très vite, cette héroïne a pris toute la place et j’ai découvert une histoire très différente de ce que j’avais déjà pu lire dans le tome précédent. Pas de longueurs cette fois, et une vraie dynamique qui donne envie d’engloutir les chapitres !
Koridwen est une battante, pleine de ressources et très attachante. Tout comme Yannis, elle réfléchit beaucoup, se remet en question, analyse ses sentiments et ses actes. Tous ces moments de relâche, de réflexion sont aussi intéressants que les rebondissements où la tension est palpable. Mais surtout, Koridwen a un secret. Elle aurait hérité des pouvoirs de guérisseuse de sa grand-mère, sa Mamm-gohz bretonne, qui veille sur elle et l’aiguillonne vers sa destinée à coups de signes et de symboles. Koridwen serait en fait la clé de l’histoire. On s’attache à elle, même si son histoire est difficile à croire… et pourtant petit à petit, on finit comme elle par croire qu’un retour dans le passé serait possible. Jusqu’au grand final.
J’ai aimé découvrir la culture bretonne, qui est presque un personnage à part entière de ce roman. L’autre point fort, c’est le personnage de Max, le cousin de Koridwen, dont elle décide de s’occuper. Max a un petit retard mental et va tour à tour nous émouvoir et nous agacer, ne réagissant pas toujours aux événements comme Kori le souhaiterait.
Si vous ne devez lire qu’un tome, choisissez celui-ci. Si vous souhaitez lire les 4 romans, gardez celui-ci pour la fin. Toute l’histoire semble reposer sur les épaules de Koridwen et toutes nos questions trouvent ici réponses. Le grand final tant attendu dans le tome sur Yannis a bien lieu cette fois et je ne regrette pas du tout cette nouvelle plongée dans cette histoire. Je pense avoir fait une très bonne pioche en lisant ces deux tomes d’U4 dans cet ordre : d’abord le questionnement avec Yannis, le point de vue masculin, très humain, le road-trip à travers la France, puis les réponses avec Koridwen, la situation à Paris, les nombreuses rencontres qui enfin nous mènent au rendez-vous du 25 décembre.
Note : 8/10
Extras
Première publication : août 2015
Fiche Bibliomania
Mon avis sur U4 : Yannis
Je découvre Yves Grevet avec ce roman, alors que ça fait très longtemps que j’ai envie de découvrir ses autres titres : Méto et Nox.
Découvrez la même histoire de base vue par les autres protagonistes :
Stéphane (de Vincent Villeminot), Jules (de Carole Trébor) et Yannis (de Florence Hinckel).
Tous nos jours parfaits, de Jenniver Niven
Quand Violet et Finch se rencontrent, ils sont au bord du vide, en haut du clocher du lycée, décidés à en finir avec la vie. Finch est la « bête curieuse » de l’école. Il oscille entre les périodes d’accablement, dominées par des idées morbides et les phases « d’éveil » où il déborde d’énergie. De son côté, Violet avait tout pour elle. Mais neuf mois plus tôt, sa sœur adorée est morte dans un accident de voiture. La survivante a perdu pied, s’est isolée et s’est laissée submerger par la culpabilité.
Pour Violet et Finch, c’est le début d’une histoire d’amour bouleversante : l’histoire d’une fille qui réapprend à vivre avec un garçon qui veut mourir.
Nbr de pages : 377 / Éditeur : Gallimard Jeunesse / Titre VO : All the Bright Places
Mon avis
Une nouvelle lecture qui s’annonçait forte en émotions avec des thèmes sensibles et pas toujours faciles à aborder, comme la maladie, le suicide, le deuil, le regard d’autrui et la confiance en soi. Jennifer Niven est parvenue à écrire un très beau livre où elle dose bien les moments tragiques et difficiles de la vie et les instants lumineux de cette rencontre entre deux jeunes qui ne trouvent plus leur place.
Violet et Finch sont des héros intéressants et complexes, incompris et incompréhensibles et en même temps très vrais. Ils se sentent seuls, perdus, déconnectés du monde qui les entoure. Mais ce sont des jeunes qui ont ce quelque chose en plus qui les rend extraordinaires, qui les fait sortir de la masse. Ensemble, ils vont reprendre goût à certaines choses et vont doucement apprendre à accepter ce qu’ils ressentent. Leur histoire, on y croit et on la découvre avec beaucoup de plaisir, en alternant les points de vue.
On a souvent comparé tel ou tel nouveau roman à ceux de John Green, vaillant effort pour attirer l’attention, qui agace plus qu’autre chose et qui est souvent loin d’être justifié, mais cette fois, je dois dire que je comprends le pourquoi de cette comparaison… Il y a chez Jennifer Niven la même sensibilité, la même volonté de montrer l’adolescence avec toutes ses facettes et ses faiblesses, avec une justesse et une précision remarquables. Ils ont tous deux une plume poétique et posent des mots qui sonnent juste sur des émotions pourtant difficiles à analyser.
Je connais assez bien la vie pour savoir qu’on ne peut pas compter sur les choses pour demeurer telles qu’elles sont, ou rester à portée de main, même si on ne souhaite que ça. On ne peut pas empêcher les gens de mourir. On ne peut pas les empêcher de partir. On ne peut pas s’empêcher soi-même de partir non plus. Je me connais assez pour savoir que personne ne peut me tenir éveillé, m’empêcher de sombrer dans le Grand Sommeil. Ça ne tient qu’à moi.
On ressent une belle maturité, tant dans l’écriture que dans la personnalité des héros. Le roman est parsemé de réflexions poignantes et de citations de grands auteurs comme Virginia Woolf. La littérature et la musique sont des éléments présents tout au long du livre, des outils dans la lente convalescence des héros qui ressentent l’envie de laisser une marque, d’écrire et de composer pour exorciser leurs propres démons.
Tout le monde ne sera peut-être pas d’accord avec la façon dont l’auteure traite de la bipolarité ou du suicide. N’ayant (heureusement) jamais eu à y faire face, j’ai trouvé son histoire et sa vision des choses très touchantes. On sent que son expérience personnelle a beaucoup joué dans la rédaction de son roman et elle l’explique d’une jolie façon dans la postface. Mais je n’oserais me mettre à la place de personnes qui ont vécu de près ce genre de drames et affirmer que toutes les émotions et situations sont réalistes.
Pour moi, c’est un roman à la fois sombre et lumineux, qui choque et fait réfléchir, qui propose des pistes et des réflexions sur des sujets douloureux, grâce à deux personnages qui nous restent longtemps en mémoire.
Note : 8,5/10
Extras
Traductrice : Vanessa Rubio-Barreau
Première publication : septembre 2015
Fiche Bibliomania
Superbe interview de Jennifer Niven par The Fountain ici (en anglais) :
A story is a story, no matter the genre, but there’s something I love about YA fiction. Maybe it’s because so much of it deals with firsts—first love, first heartache, first loss. There’s something so wonderful and horrible and full-of-possibility and heartbreaking and poignant about that time of life. I think in many ways, the teen audience is the most discerning. Just because they’re young doesn’t mean you should talk down to them. They can spot fakery a mile away, so the voice and the characters need to be authentic and you have to write honestly. I love the challenge of that. […] Years ago, I knew and loved a boy, and that boy was bipolar. I witnessed up-close the highs and lows, the Awake and the Asleep, and I saw his daily struggle with the world and with himself. I also saw how funny he could be and how vibrantly, shimmeringly alive during the highs. I think humor was part of being Awake for him. He was so happy to be present, to not be depressed and shut down (something he knew would come back again all too soon), and he appreciated every little minute, just like Finch does. And yes, maybe there’s a correlation—people like Finch, like Robin Williams, have this great depth and capacity for emotion, high and low, and humor is part of that. It can be an outlet and an escape and a way of putting a bright face on for the world even when things are dark inside.
U4 : Yannis, de Florence Hinckel
Mon résumé
Le virus U4 a tout ravagé sur son passage. Il ne reste plus que des adolescents de 15 à 18 ans, livrés à eux-mêmes dans un monde qu’ils ne reconnaissent plus. Quelques-uns gardent pourtant espoir, suite à un mail de Khronos, le maître d’un célèbre jeu en réseau, leur donnant RDV à Paris pour sauver le monde en remontant le temps. Yannis n’a plus rien à perdre et décide de quitter Marseille avec son fidèle chien, Happy, pour se rendre à ce fameux RDV.
Nbr de pages : 401 / Éditeur : Nathan & Syros
Mon avis
Alors, qu’en est-il de ce fameux phénomène de la rentrée, projet ambitieux à huit mains ? De mon point de vue, l’idée de ces 4 romans se liant et se répondant est vraiment originale et surtout, elle fonctionne bien. Après avoir lu une de ces histoires, l’envie de découvrir les autres est bien présente. Car on ne veut pas en rester là. On veut avoir des réponses aux questions qui perdurent, on voudrait assembler toutes les pièces du puzzle. À la fin de cette première histoire, il reste encore de nombreux points d’interrogation, mais ça tombe sous le sens ; il faut bien titiller la curiosité et pousser le lecteur vers les trois autres versions de ce monde qui dépérit.
Florence Hinckel a trouvé le bon équilibre entre action et temps mort, entre moments de réflexion et tension. Mais surtout, elle parvient à nous décrire un héros attachant, avec de jolies valeurs. Un héros dans lequel on se glisse facilement et qu’il est agréable de suivre, autant à travers les courses poursuites que ses périodes d’introspection et ses analyses du monde et des personnes qui l’entourent.
Si le concept apporte un vrai plus, il n’en reste pas moins que l’univers proposé (le virus qui ne touche qu’une tranche d’âge, le régime totalitaire qui tend à s’imposer, l’apocalypse qui pousse les humains à retourner à leur état le plus primaire, etc.) n’a rien de bien innovant. On ressent aussi quelques longueurs, et au final, je n’ai pas été tenue en haleine par ce périple à travers la France. Mais surtout, il me semble difficile de gober que nos héros soient aussi vite convaincus qu’un saut dans le passé pour sauver le monde soit possible… À croire que l’abus de jeux vidéo peut véritablement endommager le cerveau… ? 😉 Blague à part, cette petite touche de fantaisie qui est quand même l’élément déclencheur de base me semble un peu légère. Je comprends tout à fait qu’une réunion de joueurs offre une dernière lueur d’espoir à des jeunes démunis, livrés à eux-mêmes, sans but. Mais de là à vraiment croire qu’on peut remonter dans le temps… Mouais.
En bref, j’ai passé un moment agréable avec Yannis, malgré quelques réserves. Pour moi, un roman ne suffit pas à bien saisir l’ampleur du phénomène U4 et je compte bien découvrir prochainement un deuxième roman. Mais lequel choisir ? Stéphane pourrait apporter un éclairage intéressant sur certains rebondissements, mais j’ai un peu peur de l’effet redondant tant les deux personnages sont étroitement liés pendant les trois quarts de l’histoire. Je compte plutôt découvrir la version de Koridwen, que j’ai à peine eu le temps de rencontrer. Avec elle, qui croit dur comme fer au rendez-vous de Khronos et au voyage dans le passé, tout s’éclairera peut-être et nous aurons peut-être droit à une autre fin, qui répondra aux quelques interrogations soulevées dans ce livre-ci.
Je vous en dirai donc bientôt plus et je saurai si après deux romans, l’histoire tend à s’essouffler ou si l’envie de découvrir les 4 points de vue est bien là.
Note : 7,5/10
Extras
Première publication : août 2015
Fiche Bibliomania
Découvrez la même histoire de base vue par les autres protagonistes :
Stéphane (de Vincent Villeminot), Jules (de Carole Trébor) et Koridwen (d’Yves Grevet).
Qui es-tu Alaska ? de John Green
Mon résumé
Miles a l’impression de passer à côté de sa vie et décide de partir en quête d’un Grand Peut-Être. Il quitte ses parents et son école pour s’installer bien loin dans un pensionnat. Ce sera pour lui le commencement d’une autre vie, faite de toutes sortes de premières fois et de rencontres. Des rencontres qui marquent, surtout quand il s’agit d’une jeune fille aussi intrépide, lunatique et merveilleuse qu’Alaska.
Nbr de pages : 365 / Éditeur : Gallimard Jeunesse / Titre VO : Looking for Alaska
Mon avis
Voici une histoire toute simple et à la fois très complexe, qui parle d’amour et d’amitié, des premiers émois et expériences sexuelles, de profs et de cours séchés, des premières cigarettes et gueules de bois. Une histoire comme on a sans doute déjà pu en lire, mais John Green possède ce petit quelque chose qui fait qu’on revit toutes ces choses à notre tour, la gorge serrée.
Dès les premières pages, on pressent qu’on ne sortira pas indemne de notre lecture. Le premier chapitre s’intitule « 136 jours AVANT ». On voit où John Green compte nous emmener, on devine quelques petites choses… C’est sans grand suspense, cela tire parfois en longueur, mais il règne néanmoins dans ce livre une certaine tension, car on sait qu’à la moitié du roman, on aura droit à la partie « APRÈS ». Et même si on est loin du degré d’émotions de Nos étoiles contraires, on n’échappe pas pour autant aux yeux humides.
Mais je manquais de courage et elle avait un copain et j’étais gauche et elle était sublime et j’étais désespérément ennuyeux et elle était infiniment captivante. Alors je suis retourné dans ma chambre et je me suis écroulé sur mon lit, en me disant que si les gens étaient de la pluie, j’étais de la bruine et elle, un ouragan.
Quant aux personnages, ils sont lumineux, complètement fous, attachants. Ils sont incroyables, presque trop. Comme dans Nos étoiles contraires, ils ont cette maturité qu’on n’attend pas toujours chez des ados de 16 ans. L’un ne lit que des biographies et est un expert des dernières paroles d’illustres personnalités, l’autre nous sort des bouts de poème appris par cœur et se pose des questions existentielles et philosophiques à tout bout de champ. Une fois de plus, John Green ne prend pas son lecteur pour un demeuré et lui balance des références qui resteront peut-être et le pousseront à la découverte.
John Green explique dans ses remerciements qu’il adorait ses professeurs… et ça se voit. Toute son intelligence transparaît à travers ses personnages, on sent qu’il met une part de lui dans chacun d’eux, comme cette fascination de Miles pour les dernières paroles qui est aussi la sienne. Cet auteur est un type brillant, qui parvient à nous bouleverser à coups de petites phrases bien senties, sans jamais se départir de son humour. Son arme, c’est de transformer des sujets du quotidien, somme toute banals, en thématiques pleines de profondeur. Il nous pousse à réfléchir, à nous remettre en question, à voir le monde sous un autre angle. Qui es-tu Alaska ? est de ces lectures dont on a l’impression de ressortir grandi…
Note : 8,5/10
Extras
Traductrice : Catherine Gibert
Première publication : 2005 (VO), 2007 (VF)
Fiche Bibliomania
Qui es-tu Alaska ? est le premier roman de John Green, écrit à l’âge de 27 ans.
Il sera son troisième roman à être adapté au cinéma.
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Challenge Petit Bac organisé par Enna
Lieu : Alaska
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Challenge ABC 2015 organisé par Nanet
N° 7/13 dans le challenge ABC 2015 – Lettre G
A comme aujourd’hui, de David Levithan
A comme aujourd’hui raconte l’histoire d’une personne sans attaches, sans famille et sans amis. Il s’est surnommé A. Ce personnage singulier n’a pas de sexe défini et se réveille chaque matin dans un corps différent. Il s’impose dans la vie d’une personne qu’il ne connaît pas, accède aux données de son hôte et emprunte son identité, le temps d’une journée. Chaque matin, c’est le même rituel : découvrir un nouveau corps, une nouvelle famille, une nouvelle vie… qu’il devra quitter à minuit. C’est le seul mode de vie qu’il ait jamais connu. Il a appris à s’y faire, à ne pas s’attacher, à ne pas chambouler la vie de ses hôtes. Mais le jour où il rencontre Rhiannon, il se rend compte qu’il ne veut plus vivre cette vie sans saveur. Il veut aimer Rhiannon et l’être en retour. Il veut devenir une personne à part entière et être reconnu comme telle. Rhiannon lui donne l’espoir d’une vie banale, comme peuvent en vivre tous les ados du monde. Il ne veut plus avoir à oublier. Pourquoi n’aurait-il pas droit lui aussi au bonheur ?
Nbr de pages : 384 / Éditeur : Les Grandes Personnes / Titre VO : Every Day
Mon avis
Cela doit faire au moins un an que je n’avais pas eu un aussi joli coup de cœur ! Quel bonheur de plonger dans cette belle histoire, à la fois touchante et amusante, mais surtout très originale.
Chaque matin, A se réveille dans un corps différent et vit la vie de quelqu’un d’autre. Dès les premières pages, on découvre l’horreur de cette situation et l’histoire de A nous touche directement quand il nous raconte son enfance difficile, quand il espérait encore pouvoir retrouver la même maman deux jours d’affilée, quand il pleurait le soir, suppliant ses parents de la journée de ne pas le quitter pour toujours. Mais A a dû apprendre à se définir par lui-même, sans parents pour le guider et il est finalement devenu quelqu’un d’intelligent, de sensible et de généreux. Il a choisi de s’effacer derrière ses hôtes, de montrer le même courage qu’eux quand ils sont dans une mauvaise passe et de ne pas interférer. Jusqu’au jour où il tombe amoureux de Rhiannon et qu’il décide de la retrouver les jours suivants, peu importe les conséquences.
Ce roman sort vraiment des sentiers battus et nous pousse à nous poser les bonnes questions. A a été fille, garçon, aveugle, drogué, handicapé, pom-pom girl, geek, religieux, homo, hétéro, obèse, intello, dépressif et j’en passe. Ce changement de corps quotidien, outre le fait d’être un élément très intrigant de l’histoire, est un astucieux prétexte pour nous parler d’un tas de sujets importants, actuels et qui touchent directement les ados. On parle aussi beaucoup de sexualité, sous toutes ses formes et on sent que l’auteur veut nous faire passer un message important.
D’après mon expérience, il y a le désir, et il y a l’amour. Je ne suis jamais tombé amoureux de quelqu’un parce qu’il s’agissait d’une fille ou d’un garçon. Je suis tombé amoureux d’individus en raison de ce qu’ils manifestaient d’unique. Je sais que la plupart des gens ne fonctionnent pas selon cette logique, et pourtant, elle me paraît la seule valable.
On pourrait penser que la monotonie va s’installer à force de découvrir un nouveau corps, un nouvel ado à chaque chapitre, mais il n’en est rien… du tout. L’histoire de A est passionnante et quand il nous fait part avec émotion de ses préoccupations, de ses réflexions, de ses souvenirs, de ses envies, on s’attache inexorablement à lui. Mais surtout, on est presque tenus en haleine dans cette histoire d’amour hors du commun. A va-t-il oser se dévoiler devant Rhiannon ? Leur histoire est-elle possible ? Jusqu’où seraient-ils prêts à aller pour être ensemble ? Et comment vivre avec quelqu’un sans jamais pouvoir faire de projet, sans pouvoir passer une seule nuit ensemble ? A va-t-il enfin pouvoir goûter au bonheur d’une vie banale ? Les pages se tournent à toute allure tant on est pris dans le tourbillon de cette histoire qui se renouvelle sans cesse, qui continue de nous étonner à chaque nouveau chapitre, qui nous surprend là où on ne l’y attendait pas et surtout qui nous interpelle et nous fait réfléchir.
La fin du roman est très réussie, nostalgique, douce-amère et on referme le livre avec un pincement au cœur, mais aussi le sourire aux lèvres. C’est un roman qui marque pour longtemps et nous offre un beau message de respect et de tolérance. C’est un livre que tous les ados devraient lire. Et il sort en poche le 19 mars, donc vous n’avez plus d’excuse, lisez-le !
Ma note : 9,5/10
Extras
Traducteur : Simon Baril
Première publication : septembre 2013
Fiche Bibliomania
On sent tout au long du roman que le thème de l’identité sexuelle est cher au cœur de l’auteur, lui-même homosexuel. On retrouve d’ailleurs cette thématique dans d’autres de ses romans. Une jolie façon de bouleverser un peu les mentalités…
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Challenge ABC 2015 organisé par Nanet
N° 5 dans le challenge ABC 2015 – Lettre L
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Challenge Petit Bac organisé par Enna
Musique : A
Sans prévenir, de Matthew Crow
Quatrième de couverture
À 15 ans, Francis Wootton est passionné de vieux films, de musique rock et de lectures romantiques. Mais avant tout, il ne se prend pas au sérieux. Sans prévenir, un jour, la vie bascule. On lui diagnostique une leucémie. À l’hôpital où il entre pour son traitement, il rencontre Ambre, son caractère de chien, son humour féroce, sa vulnérabilité désarmante…
Nbr de pages : 320 / Éditeur : Gallimard jeunesse / Titre VO : In Bloom
Mon avis
Quand on écrit une histoire d’amour dramatique entre deux jeunes cancéreux, il faut savoir souffrir la comparaison avec Nos étoiles contraires, qui s’est imposé aussi bien dans les librairies, sur les blogs, sur les écrans que dans nos cœurs. Malheureusement, n’est pas John Green qui veut. Là où j’avais été transportée bien loin par l’émotion et l’amour, je suis cette fois-ci restée bien ancrée sur terre, à la limite parfois de l’ennui.
Matthew Crow nous propose un héros de quinze ans assez banal, solitaire et un brin loser. Francis n’a rien de bien folichon et m’a semblé être un héros un peu fadasse pour une histoire de cet acabit. De l’autre côté, on rencontre Ambre, déjà bien plus pétillante. Mais l’alchimie ne fonctionne pas vraiment. Leur histoire est mignonne, mais pas exaltante. Ils se font des petits bisous et se donnent la main, organisent quelques petits coups en douce, mais ne nous entraînent jamais dans des aventures folles, dans des discussions palpitantes, dans des scènes émouvantes.
Ce roman est clairement destiné à de jeunes lecteurs qui pourront s’identifier aux héros. Francis et Ambre font encore très gamins et sont loin d’avoir la maturité d’Augustus et Hazel. Matthew Crow nous explique dans sa lettre aux blogueurs qu’il a souhaité créer « un héros masculin pathétique, gentil, plein de bonnes intentions, mais quand même bien niais », le genre de personnage qu’un ado grassouillet et couvert d’acné aurait envie de retrouver dans un roman, loin des clichés des « beaux gosses, des stars de films d’action et des bourreaux des cœurs qui disaient toujours exactement ce qu’il fallait dire au bon moment. » En cela, Matthew Crow a vraiment atteint son objectif et du coup, je ne voudrais pas être trop sévère avec son roman, car je suis passée à côté de son intention. Moi, à 25 ans, je préfère clairement un beau héros plein de repartie (Augustus, je t’aime !).
J’ai quand même rigolé à quelques reprises et ma gorge s’est serrée à la fin, alors je ne pourrais pas dire que ce roman manque d’émotions, ce serait faux. La panoplie de personnages secondaires est très bien réussie et Ambre, avec son fort caractère, porte presque à elle seule le roman. Mais Francis est de fait très niais, fait des montagnes pour pas grand-chose et chaque petit aléa de sa vie d’ado devient un scénario mélodramatique capital. Un ado se retrouvera peut-être dans son personnage, toujours dans l’exagération, mais l’urgence de la maladie et la tristesse de la famille me semblaient tellement terribles à côté, que je me suis rarement prise d’affection pour Francis.
Note : 6,5/10
Extras
Traductrice : Marie Hermet
Première publication : janvier 2015
Fiche Bibliomania
Si j’ai bien compris, le titre anglais « In Bloom » est sorti en 2013, mais le roman va être republié en mars 2015 sous le titre « The Brilliant Light of Amber Sunrise ».
Matthew Crow est né en 1987.
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Challenge ABC 2015 organisé par Nanet
N° 3 dans le challenge ABC 2015 – Lettre C
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N°2 : une boule en chocolat
Ferrailleurs des mers, de Paolo Bacigalupi
Fin du XXIe siècle, il n’y a plus de pétrole, la mondialisation est un vieux souvenir et la plupart des États-Unis un pays du tiers-monde. Dans un bidonville côtier de Louisiane, Nailer, un jeune ferrailleur, dépouille avec d’autres enfants et adolescents les carcasses de vieux pétroliers. Le précieux cuivre récupéré dans les câblages électriques au péril de leur vie leur permettent à peine de se nourrir.
Un jour, après une tempête dévastatrice, Nailer découvre un bateau ultramoderne qui s’est fracassé contre les rochers. Le bateau renferme une quantité phénoménale de matériaux rares, d’objets précieux, de produits luxueux… et une jeune fille en très mauvaise posture.
Nailer se retrouve face à un dilemme. D’un côté, pour récupérer une partie de ce trésor et en tirer de quoi vivre à l’aise parmi les siens, il doit sacrifier la jeune fille. De l’autre, l’inconnue est aussi belle que riche et lui promet une vie encore bien meilleure, faite d’aventures maritimes dont il rêve depuis longtemps…
Nbr de pages : 397 / Éditeur : Au diable vauvert / Titre VO : Ship Breaker
Mon avis
Une sublime couverture, de nombreux prix gagnés, un titre intrigant et un résumé prometteur… J’attendais beaucoup de ce roman, mais il est loin de m’avoir convaincue. J’ai d’abord été déçue du nombre de fautes/coquilles et de certains choix de traduction dans les premiers chapitres. Une première impression un peu entachée, qui m’a laissée avec un petit goût amer pour toute la durée de ma lecture, malheureusement.
L’histoire en soi est assez originale : des groupes de jeunes triment sur les plages à la recherche de cuivre dans les bateaux échoués, une tâche compliquée et mortelle. Chaque jour, il faut remplir des quotas et survivre à la pauvreté. Le thème sort de l’ordinaire et les détails de cette ère post-pétrolière, bien que peu nombreux, sont vraiment intéressants et promettent un univers hors du commun.
Par contre, une fois l’aventure du jeune Nailer lancée, tout se déroule sans grandes surprises. L’intrigue est assez convenue et le contexte original s’estompe pour laisser place à une traque banale et à l’éclosion d’une amitié entre nos deux héros. Ce roman est clairement destiné à de jeunes ados, avec ses personnages au vocabulaire très vulgaire et argotique. Si ce n’est l’univers esquissé, rien ne m’a particulièrement emballée. Le livre se lit facilement et rien n’est vraiment mauvais, mais l’histoire ne surprend pas et ne restera certainement pas dans ma mémoire.
Peut-être laisserai-je tout de même sa chance au deuxième tome, Les cités englouties, qui approfondit l’univers de ce roman avec des nouveaux personnages et de nouveaux enjeux. Le résumé est alléchant, mais la peur d’être encore déçue risque de me retenir…
Note : 6/10
Extras
Traductrice : Sara Doke
Première publication : avril 2013
Fiche Bibliomania
Il a gagné de nombreux prix : Prix Michael Printz jeunes adultes 2011, Prix Locus du premier roman jeune adulte et finaliste du National Book Award.
Ce roman peut se lire séparément, mais une suite vient de sortir en novembre 2013, Les cités englouties, avec de nouveaux personnages.
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Challenge ABC 2013 organisé par Nanet
Divergent, de Veronica Roth
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Mon résumé
Le monde est séparé en factions : les Altruistes, les Sincères, les Audacieux, les Érudits et les Fraternels. À l’âge de 16 ans, tous les jeunes doivent choisir leur faction. Il n’y a pas de retour en arrière possible et ceux qui ratent l’épreuve d’initiation deviennent des Sans faction. Béatrice vit dans une famille d’Altruistes, elle a 16 ans et aujourd’hui elle doit prendre une décision qui changera peut-être sa vie à jamais.
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Nbr de pages : 440 / Éditeur : Nathan / Titre VO : Divergent
Mon avis
Voici un livre qui n’aura pas trop traîné dans ma PàL tellement les blogueurs en ont fait des chroniques enthousiastes. Je mourrais d’envie de découvrir à mon tour cette « bombe littéraire de l’année » et de voir s’il saurait également me convaincre. Convaincue, je le suis ! J’ai passé un très bon moment, mais ce n’est tout de même pas le coup de cœur escompté.
Encore un monde d’une originalité stupéfiante. Je dois dire que les dystopies sortent vraiment du lot pour moi et je suis toujours bluffée de découvrir un nouvel univers où les travers de la société sont mis à nu. Ce sont des livres qui poussent à la réflexion ; comment notre monde pourrait-il en arriver là ? Dans Divergent, on plonge dans un monde où on est catégorisé selon un seul trait de notre personnalité. On ne peut plus vouloir aider les autres ET être franc, il faut choisir. Béatrice hésite, est-elle une Altruiste comme le reste de sa famille, ou a-t-elle l’âme d’une Audacieuse ? Chaque adolescent participe à la cérémonie du Choix et leur décision est irrévocable.
« Je crois qu’on a commis une erreur, déclare-il doucement. On s’est tous mis à dénigrer les valeurs des autres factions sous prétexte de mettre les nôtres en avant. Je n’ai pas envie de faire ça. Ce que je veux, c’est être courageux, et altruiste, et intelligent, et gentil, et sincère. »
J’ai adoré découvrir les rituels d’initiation propres à chaque faction, les épreuves à relever pour devenir un vrai membre de sa faction. Les Audacieux sautent d’un train en marche alors que les Sincères sont obligés de révéler leurs secrets les plus embarrassants. On suit Tris surmonter chaque épreuve et on découvre petit à petit son fort caractère. Elle m’a souvent fait penser à Katniss, ce sont toutes deux des battantes au grand cœur, avec leurs petits défauts.
L’histoire est très prenante, on s’y croirait. Il y a plein de petits détails qui permettent de visualiser parfaitement ce monde. Les Érudits portent tous au moins un vêtement bleu, les Audacieux sont criblés de tatouages et piercings. Les Altruistes vivent en dehors de la ville et aident les Sans faction. On imagine parfaitement tout cet univers et c’est un plaisir de le découvrir à travers les yeux de Tris.
Je regrette par contre un petit manque de suspense. Même si le rituel de Tris est passionnant et plein de surprises, l’intrigue quant à elle n’est pas très recherchée et on comprend assez vite où cette haine entre factions va nous mener. Pas de grosses révélations ou de retournements de situation que je n’aie pas vu venir, c’est un peu dommage. La petite romance entre Tris et Quatre n’est pas bien différente de ce qu’on a déjà pu lire, mais les deux personnages sont vraiment attachants et ils ont su faire battre mon petit cœur.
Une très bon livre que j’ai dévoré même si j’attendais de lui qu’il me surprenne un peu plus. Mais l’originalité de cette histoire m’a totalement convaincue et je me réjouis de retrouver Tris dans le tome 2, qui promet de nombreux rebondissements et une bonne dose d’actions !
Note : 8,5/10
Extras
Traductrice : Anne Delcourt
Première publication : octobre 2011
Fiche Bibliomania
Le tome 2, Insurgent, sortira en VO en mai 2012
et en VF en novembre 2012.
Et vous, quelle faction auriez-vous choisie ?
Personnellement, j’aurai adoré relever les défis des Audacieux,
mais la poule mouillée en moi aurait sans doute fait le sage choix (un peu facile)
des Fraternels, paix et amour avant tout.
J’avance tout doucement dans le Challenge ABC de Nanet !
N° 3 dans le challenge ABC 2012 – Lettre R
Entre chiens et loups, de Malorie Blackman
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Quatrième de couverture
Imaginez un monde. Un monde où tout est noir ou blanc. Où ce qui est noir est riche, puissant et dominant. Où ce qui est blanc est pauvre, opprimé et méprisé. Un monde où les communautés s’affrontent à coups de lois racistes et de bombes. C’est un monde où Callum et Sephy n’ont pas le droit de s’aimer. Car elle est noire et fille de ministre. Et lui blanc et fils d’un rebelle clandestin.
Nbr de pages : 527 / Éditeur : Milan Macadam / Titre VO : Noughts and crosses
Mon avis
Un très beau résumé qui promettait un roman poignant, prenant, original. Pour une fois, je n’ai vraiment rien à redire ; tout est parfait. Ce livre… Wahou… Un pur régal ! C’est un énorme coup de cœur : ce livre m’a submergée d’émotions du début à la fin. Ça faisait longtemps que je n’avais pas été autant séduite par une histoire.
Malorie Blackman nous offre vraiment un roman accompli, d’une force et d’une justesse incroyables. Un thème vieux comme le monde : le racisme. Mais pas une histoire comme les autres ! Inversez les tendances, imaginez un monde où les Primas, les Noirs ont le pouvoir et la richesse et où les Nihils, les Blancs vivent dans la misère, opprimés. Où les écoles pour Noirs sont interdites aux Blancs. Où les Blancs ne côtoient pas les Noirs, si ce n’est pour conduire leur voiture, servir leur nourriture et laver leur maison. Une dystopie sur le racisme qui sonne étrangement familier, et malheureusement bien trop réaliste. On découvre le racisme sous un jour nouveau, alors qu’il est le même que celui que l’on a sous nos yeux.
« – Que se passerait-il si les Blancs avaient le pouvoir à votre place ?
Mon ami hoche la tête.
– Je n’y ai jamais réfléchi.
Je soupire.
– Moi si. Souvent. J’ai rêvé de vivre dans un monde sans discrimination, sans préjugés, où la police serait juste, la justice équitable, le système égalitaire…
– Eh bien ! C’est une thèse ou un conte de fées ? demande Jack sèchement.
– Comme je te l’ai dit, j’y ai souvent pensé.
– Je ne crois pas en cette société dont tu parles, Callum. Les gens sont ce qu’ils sont. Que ce soit les Primas ou les Nihils qui dirigent le monde, il ne changera pas. »
Dans ce monde d’intolérance, de sauvagerie et d’inégalités, Callum et Sephy s’aiment, mais leur amour est impossible. Un Roméo et une Juliette, dans un monde impitoyable, où les hommes, Blancs ou Noirs, sont prêts à tout. On découvre la noirceur de la nature humaine, ce que la haine peut engendrer. Ici pas de raccourcis faciles, de happy end ou de solutions miracles. Ce livre soulève bon nombre de questions et on se rend compte que justement tout n’est pas noir ou blanc, que chacun est capable du pire comme du meilleur.
Callum et Sephy se partagent le roman pour nous raconter leur vision du monde, l’amour qu’ils se portent, les difficultés de la vie, leurs peurs et leurs espoirs.
« J’ai su que je t’aimais plus que tout au monde. Que je t’avais toujours aimé et que je t’aimerai toujours. Mais j’ai aussi compris ce que tu me répétais depuis toutes ces années. Tu es un Nihil, je suis une Prima et nous ne pourrons jamais vivre ensemble. Personne ne nous laissera jamais vivre en paix. Même si nous avions fui, comme je le désirais, ça n’aurait pas marché plus d’un an ou deux. Un jour ou l’autre, les gens auraient trouvé un moyen de nous séparer. C’est pour ça que je pleurais. C’est pour ça que je ne pouvais plus m’arrêter de pleurer. Pour tout ce que nous aurions pu vivre et que nous ne vivrons jamais. »
On les rencontre quand ils sont encore tout jeunes et on les voit évoluer, devenir des adultes, faire des choix, se séparer, puis se retrouver. J’aime beaucoup ce genre de narration, j’ai eu l’impression de faire partie de l’histoire. À un petit moment, j’ai trouvé qu’il y avait quelques longueurs, mais avec le recul, je crois que chaque page est importante pour comprendre l’évolution des personnages. Ils ne prennent pas les chemins que l’on aurait aimé qu’ils prennent et ils ne deviennent pas nécessairement les héros que l’on attendait. Ils ont des défauts, parfois on les déteste, et ils nous surprennent tout au long du récit.
Pour moi, ça a été une vraie bouffée d’émotions. C’est beau, triste, émouvant, dur, poignant. Vraiment, lisez-le.
Note : 9,5/10
Extras
Traductrice : Amélie Sarn
Première publication VO en 2002 et en français en 2005
Fiche Bibliomania
Il s’agit du premier tome d’une quadrilogie. Le tome 2 s’intitule La couleur de la haine.
Étant donné mon coup de cœur pour cette auteure,
j’ai décidé de faire mon mémoire de traduction sur un de ses livres 🙂
Ma deuxième contribution au Challenge ABC de Nanet !
N° 2 dans le challenge ABC 2012 – Lettre B
Ne t’inquiète pas pour moi, de Alice Kuipers
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Mon résumé
Claire et sa maman ne se croisent pas souvent à la maison, alors elles se laissent des petits mots sur le frigo. Des bribes de vies d’une ado, qui traîne avec ses amis, qui se cache chez son père quand ça tourne mal, qui va faire les courses quand sa mère n’a pas le temps. Et une maman qui voudrait passer plus de temps avec sa fille, qui fait trop de gardes à l’hôpital, qui tombe des nues lorsqu’elle apprend qu’elle est très malade. Par Post-it interposés, elles vont prendre le temps de se dire les choses et de se parler à cœur ouvert.
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Nbr de pages : 242 / Éditeur : Le Livre de Poche / Titre VO : Life on the refrigerator door
Mon avis
« Quand je te regarde
Je vois la femme que je veux être
Forte et courageuse
Belle et libre
Claire
P.S. : Je t’aime »
On m’aurait dit qu’un aussi petit livre, composé de quelques post-it, saurait me mettre la boule au ventre comme ça, je n’y aurais pas cru. En quelques phrases, sorties du quotidien d’une ado, l’auteure a réussi à nous dévoiler toute la complexité et la beauté des relations mères-filles. Les moments d’amour, de complicité, mais aussi les engueulades, les coups durs. Alice Kuipers nous montre comment faire face à la maladie, comment évoquer les problèmes de la vie avec sa mère (ou sa fille). Elle réussit à nous toucher, nous émouvoir avec des pages de livre presque vides, avec une liste de courses, ou un petit message de deux-trois lignes.
« Je reste optimiste tout en me préparant au pire, maman, ça te semble bien comme compromis ? »
Construire son histoire sur des Post-it, c’est original, audacieux, mais risqué. Un challenge relevé avec brio. Ça se lit très vite, c’est beau, réaliste, triste, un vrai morceau de vie.
On débarque d’un coup dans le quotidien de Claire. On a à peine le temps de s’attacher à elle qu’on la quitte déjà. Une petite heure dans la vie de cette ado de laquelle on ressort bien chamboulé. C’est vrai que c’est un peu court, mais justement ce n’en est que plus percutant.
On se rend compte que ce n’est pas si facile de s’ouvrir à l’autre.
« Parfois on dirait que c’est plus facile de poser les questions par écrit pour te demander comment tu vas et comment ça se passe avec le médecin, tout ça. »
En refermant ce livre, on n’a envie que d’une chose : aller enlacer sa maman et lui dire comme on l’aime.
Note : 8/10
Extras
Traductrice : Valérie Le Plouhinec
Première publication : avril 2008
Fiche Bibliomania
Ne t’inquiète pas pour moi est le premier roman d’Alice Kuipers.
Enfin un roman de fini pour le challenge Je vide ma bibliothèque !
N°5 sur 15 (plus qu’un mois pour le finir..)