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Vango, tome 1 : Entre ciel et terre, de Timothée de Fombelle
Résumé de l’éditeur
Paris, 1934. Devant Notre-Dame, une poursuite s’engage au milieu de la foule. Le jeune Vango doit fuir. Fuir la police qui l’accuse, fuir les forces mystérieuses qui le traquent. Vango ne sait pas qui il est. Son passé cache de lourds secrets. Des îles siciliennes aux brouillards de l’Écosse, tandis qu’enfle le bruit de la guerre, Vango cherche sa vérité.
Nbr de pages : 448 / Éditeur : Gallimard (Folio)
Mon avis
C’est la troisième fois que je me laisse séduire par la plume enchanteresse de Timothée de Fombelle. Je peux vous dire qu’il a un sacré talent. La seule chose que je voudrais lui reprocher, ce sont certaines longueurs, et en même temps, je ne peux pas. Je remarque qu’il me faut toujours un certain temps pour m’immiscer dans les histoires de Timothée de Fombelle. Mais arrivée à la moitié du récit, à l’affut du prochain virage dans l’intrigue, je me demande à quel moment j’ai véritablement accroché et je me rends compte que c’était sans doute à la page 10.
Ce que j’essaie de dire, c’est que l’auteur nous offre un récit riche, plein de ramifications, de lieux, de personnages, d’histoires dans l’histoire à travers l’Histoire. On reçoit tout ça en pleine figure et on pourrait croire que l’intrigue n’avance pas assez vite. On nous laisse un peu dans le flou alors qu’on voudrait savoir, faire des bonds dans le temps. C’en est presque frustrant, mais aussi exaltant ! Il plane un mystère pendant des centaines de pages, on râle un peu et en même temps, comme on sait que tout finira par s’emboîter de la plus jolie des façons, on prend son mal en patience et on savoure. Une chose est sûre, Timothée de Fombelle sait agencer son histoire, même si on doute parfois de lui au fil des pages.
Et il sait aussi très bien sculpter ses personnages. Vango est un personnage énigmatique, en pleine quête identitaire, confronté à des forces qui le dépassent. On le suit dans une véritable épopée, sautant d’un toit à l’autre, filant dans un immense zeppelin, escaladant les falaises des îles Éoliennes. Qu’est-ce qu’on peut voyager avec lui ! Et puis il y a Ethel, Mademoiselle, la Taupe, Boulard et j’en passe. Les protagonistes changent presque à chaque chapitre, on en rencontre vraiment beaucoup, ils nous tiennent parfois compagnie quelques pages ou tout au long de l’histoire. Et l’auteur parvient à nous les rendre tous très familiers, on les apprécie en un rien de temps. Ils ont chacun une vie fascinante que l’auteur ne manque jamais de nous raconter.
À la fin de ce premier tome du dyptique, on baigne encore beaucoup dans le mystère et ce serait indécent de ne pas s’enfiler presto la suite ! On a l’impression d’être entré dans une histoire dont on ne touche encore le fond que du bout des doigts. On sait déjà beaucoup de choses, on a eu quelques réponses, mais on sent que ce n’est vraiment que le début ! Bon je file lire la suite…
Note : 8,5/10
Extras
Première publication : mars 2010
Fiche Bibliomania
Ce roman, initialement sorti dans une collection Junior, vient de paraître dans la collection Folio adulte. Cela avait été le cas aussi avec le premier tome de La Passe-miroir. Cette double parution est un très bonne idée de la part de Gallimard !
Déjà lus : le dyptique Tobie Lolness & Le Livre de Perle
Six of Crows, de Leigh Bardugo
Dans les bas-fonds de la ville de Ketterdam, la mafia s’organise en gangs rivaux. L’homme le plus ambitieux et le plus jeune de la pègre est Kaz Brekker, dit « les Mains Sales ».
Prêt à tout pour de l’argent, il accepte la mission du riche marchand Van Eck, qui règne sur la ville : délivrer un savant de la citadelle d’Ice Court, réputée imprenable. C’est l’inventeur du jurda parem, une drogue qui multiplie sans limite les pouvoirs surnaturels de la caste des magiciens : les Grishas.
Kaz décide donc de réunir une équipe de 6 malfrats aux talents exceptionnels. Ensemble, ils peuvent sauver le monde de la destruction. S’ils ne s’entretuent pas avant…
Nbr de pages : 496 / Éditeur : Milan (Page Turners) / Titre VO : Six of Crows
Mon avis
Quel délicieux retour à la Fantasy ! N’ayez pas peur de ce début assez dépaysant, bourré d’informations, de personnages, de lieux, qui pourrait déconcerter les moins férus du genre, il vaut vraiment la peine de se donner un peu de mal ! On peut sembler un peu perdus tant l’univers semble foisonnant et complexe (on s’y perdrait à moins entre le Barrel, les druskelle, les Fabrikators, les Fondeurs, les Faiseurs de marée et j’en passe…), mais on finit par prendre nos marques et à suivre avec avidité ces 6 canailles des bas-fonds de Ketterdam.
Et parlons-en de ces 6 personnages ! C’est là que l’auteure laisse éclater tout son génie et c’est cet aspect, par-dessus tout, qui m’a complètement séduite… Car même si l’univers est dense, plein de mystères, de complots, si l’intrigue nous entraîne parfois dans des scènes à 100 à l’heure et ne manque jamais de piquant, ce sont véritablement les personnages qui portent ce roman. On pourrait leur consacrer 6 romans à part entière tant ces petits criminels sont intéressants et décrits avec finesse et profondeur. On se réjouit des différents flash-back qui nous plongent dans le passé tourmenté de chacun d’eux (ils en ont vécu des trucs atroces, je peux vous le dire), scotchés aux pages du livre, en voulant encore et toujours plus. L’auteure a vraiment pris le temps d’aller fouiller dans leurs souvenirs pour nous camper des héros attachants, crédibles, plein de ressources, juste ce qu’il faut d’irritants, violents mais laissant transparaître de nombreuses fêlures. Et je ne vous parle même pas de leurs joutes verbales et des relations qui se tissent entre eux, on en redemande !
– Quel est le moyen le plus facile de voler son portefeuille à un homme ?
– Un couteau sous la gorge ? répondit Inej.
– Un pistolet dans le dos ? proposa Jesper.
– Du poison dans son verre ? suggéra Nina.
– Vous êtes monstrueux, s’indigna Matthias.
Kaz leva les yeux au ciel.
– Le meilleur moyen pour voler le portefeuille d’un homme, c’est de l’avertir que tu vas lui voler sa montre.
On arrive trop vite à la fin malgré les 500 pages et je suis ravie de voir qu’il y aura un tome 2 (je ne m’y attendais pas, j’espérais même un one-shot et puis finalement, je les adore tant ces six-là que je me réjouis de les retrouver !). L’histoire se clôture là où on l’y attend et nous apporte toutes les réponses, tout en nous relançant gentiment sur un tome 2. Une très bonne fin pour moi !
Petit bonus qui a rendu ma lecture encore plus plaisante : j’ai aimé retrouver le jargon de la Fantasy, les noms liés aux différentes magies, les noms de lieux et de personnages, mais inspirés cette fois du néerlandais, langue que j’aime beaucoup (d’ailleurs, l’auteure remercie un ami de l’avoir « aidée à massacrer le hollandais de façon un peu plus raisonnée ») !
Note : 9/10
Extras
Traductrice : Anath Riveline
Première publication : mai 2016
Fiche Bibliomania
Le tome 2 sort en anglais le 27 septembre sous le titre Crooked Kingdom.
L’auteure verrait bien les acteurs Jospeh Gordon-Levitt ou Cillian Murphy dans le rôle de Kaz. Retrouvez d’autres anecdotes sur la série ici.
La rivière à l’envers, de Jean-Claude Mourlevat
Mon résumé
Tomek, à 13 ans, est orphelin et tient la petite épicerie du village. Tout le monde l’adore et le connaît mais Tomek lui, rêve de voyages. Lorsqu’une petite fille, Hannah, débarque dans son magasin à la recherche d’eau de la rivière Qjar, l’eau qui empêche de mourir, il sent qu’il est plus que jamais prêt à partir à l’aventure pour trouver cette fameuse rivière. Un long chemin et des centaines de péripéties l’attendent, pour notre plus grand plaisir de grands enfants.
Nbr de pages : 191 / Éditeur : Pocket Junior
Mon avis
Quelle belle découverte ! Ce petit livre traînait chez moi depuis des années et je n’avais jamais pensé à le lire. Je serais passée à côté d’une superbe petite histoire, car même si le livre est plutôt destiné à de jeunes lecteurs, j’ai adoré me plonger dans l’univers fantastique et original créé par Mourlevat.
Cet auteur a un réel talent de conteur et est doté d’une imagination débordante. Il nous emmène au côté de Tomek pour un voyage à couper le souffle : en entrant dans la Forêt de l’Oubli, vos proches oublieront que vous existez, en traversant une prairie, le parfum des fleurs vous endormira pour des années, un arc-en-ciel avalera votre bateau pour vous emporter sur l’Île Inexistante et tout ça pour trouver une rivière qui coule à l’envers… dont l’eau empêche de mourir.
À chaque page, une nouvelle surprise, une nouvelle découverte, un nouveau personnage hors du commun. Le côté merveilleux qui émane de ce livre enchantera les plus jeunes, mais l’univers unique dans lequel on est transporté saura également ravir les plus grands. En tout cas, moi j’ai été conquise ! Je pensais que j’avais passé l’âge pour ce genre de lecture, mais le style de Mourlevat est parfait et j’ai adoré retomber en enfance, faire marcher mon imagination pour m’immerger dans ce monde fantastique.
Je vous laisse avec une petite devinette que Tomek a dû résoudre pour continuer sa quête :
Nous sommes sœurs, aussi fragiles que les ailes du papillon, mais nous pouvons faire disparaître le monde. Qui sommes-nous ?
Note : 9/10
Extras
Première publication : août 2000
Fiche Bibliomania
Dans ma PàL du même auteur : Le combat d’hiver
Un tome 2 est sorti en 2002, Hannah,
qui raconte cette fois l’aventure de la jeune fille,
elle aussi à la recherche de l’eau de la rivière Qjar.
Reckless, tome 1 : Le sortilège de pierre, de Cornelia Funke
Mon avis
Quel plaisir de se plonger dans cet univers magique où chaque personnage, chaque objet a sa propre histoire. Un sac qui fait disparaître les ennemis, de la bave d’escargot qui rend invisible, un cheveu de Raiponce qui se transforme en corde. Le monde créé par Cornelia Funke sort vraiment du commun, mêlant références aux contes de notre enfance et petites trouvailles farfelues. Les sorcières côtoient les fées, la Belle au Bois Dormant attend toujours impatiemment son prince charmant et les Goyls mènent une guerre sans relâche contre l’impératrice. Tout au long du roman, au fil des personnages, des rencontres, des découvertes, l’auteure nous bluffe.
« Le mouchoir qu’il tira tout d’abord du coffre était en simple coton mais, quand on le frottait entre les doigts, il en sortait deux pièces d’or. Jacob l’avait obtenu d’une sorcière, en échange d’un baiser qui, des semaines plus tard, lui brûlait encore les lèvres. Les autres objets qu’il fourra dans son sac à dos étaient tout aussi insignifiants en apparence : une tabatière en argent, une clé en laiton, une assiette en étain, un flacon en verre vert. Mais chacun de ces objets lui avaient déjà sauvé la vie au moins une fois. »
Ce livre plaira particulièrement aux jeunes ados, car il n’y a pas de temps mort. L’histoire défile et les descriptions ne sont jamais trop longues ou barbantes. Au contraire, elles forgent un monde particulièrement intriguant et le lecteur ne s’ennuie pas une seconde. En effet, dès le premier chapitre, Jacob passe de l’autre côté du miroir et dans le troisième chapitre, son frère est déjà atteint du mauvais sort. Le début est donc très (trop ?) rapide et un peu brouillon. On est lâché dans un monde inconnu, avec des méchants Goyls, et on se sent un peu perdu. Que veulent-ils ? Qui sont-ils ? Heureusement, tout finit par se mettre en place. L’aventure commence et il est difficile de lâcher le livre.
Les chapitres sont assez courts et se présentent sous forme de petites illustrations de la main de l’auteur. Une sympathique petite distraction qui permet de s’enfoncer encore un peu plus dans ce monde fantastique.
Fox, l’amie renarde de Jacob Terpevas, la ville des nains
J’irai même jusqu’à dire que c’est un petit coup de cœur car je ne vois aucun point négatif à développer. J’avais peur de rester sur ma faim une fois le livre refermé car, comme c’est le cas pour de nombreux livres ces dernières années, Reckless a une suite (qui n’est pas encore parue). Hé bien non, il y a un vrai point final à cette histoire, suivi tout de même de quelques points de suspension pour attirer le lecteur dans le tome suivant. Juste ce qu’il faut, ni trop, ni trop peu. Vous pouvez donc vous arrêter ici, mais en ce qui me concerne, je lirai avec plaisir la suite des aventures de Jacob.
Note : 8,5/10
Extras
Traduit de l’allemand par Marie-Claude Auger
Première publication : septembre 2010
Fiche Bibliomania
Reckless signifie en anglais « téméraire »
et correspond parfaitement au jeune héros.
Cornelia Funke a dit :
“When I write a book, I let the story carry me along as the writer.
In fact, I rarely know how a story is going to end as I’m writing it.
It plays itself out, and I like to be as surprised by the ending
as I hope my readers are.”