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Esprit d’hiver, de Laura Kasischke

Esprit d'hiver, de Laura Kasischke

Quatrième de couverture

Réveillée tard le matin de Noël, Holly se voit assaillie par un sentiment d’angoisse inexplicable. Rien n’est plus comme avant. Le blizzards s’est levé, les invités se décommandent pour le déjeuner traditionnel. Holly se retrouve seule avec sa fille Tatiana, habituellement affectueuse, mais dont le comportement se révèle de plus en plus étrange et inquiétant…

Nbr de pages : 276 / Éditeur : Christian Bourgois / Titre VO : Mind of Winter

Mon avis

On m’avait promis une chute renversante ; renversante au point de vouloir relire le livre pour voir ce qu’on avait bien pu louper. Alors évidemment, ça m’a mis l’eau à la bouche. Mais, ça a involontairement déclenché mon détecteur d’indices à chute renversante et je me suis vite retrouvée à décortiquer chaque phrase du livre en me demandant ce qu’on allait réussir à me cacher. Et j’ai découvert le pot aux roses page 30… C’est vraiment bête, car ça m’a en partie gâché cette lecture. Malheureusement, beaucoup d’autres choses ont gâché cette histoire que j’espérais angoissante et intrigante. Disons qu’une chute inattendue aurait pu me sortir au dernier moment de l’ennui dans lequel je m’étais petit à petit installée.

On m’avait aussi promis une atmosphère oppressante, un malaise omniprésent. Je n’ai rien ressenti de tel, je n’ai même rien ressenti du tout, si ce n’est un sentiment d’étrangeté, de bizarrerie, d’inexplicable, de tordu. Cet affrontement mère/fille ne m’a pas touché et si malaise il y a, il n’a pas su se détacher des pages pour se fondre dans l’atmosphère et s’étendre jusqu’à moi.

J’ai tout de même lu ce petit roman rapidement, car il y a quand même l’envie de savoir. Je me réjouissais de pouvoir confirmer ou plutôt infirmer mon hypothèse et d’être surprise comme tant d’autres lecteurs. Mais je n’irai pas jusqu’à dire qu’il se lit vite, au contraire, j’ai eu l’impression d’être engluée dans cette histoire sans pouvoir en sortir, sans en voir la fin. Enfin, arrivent les dernières pages qui lèvent petit à petit le voile et sont les plus intéressantes. Je n’avais pas tout flairé non plus, mais bien des choses restent inexplicables… Le reste du texte m’a semblé laborieux à lire, englouti par des redondances, des scènes répétitives et sans intérêt, et un manque cruel de… quelque chose, d’action, d’angoisse, de terreur, de sentiments, d’empathie, de rythme.

Note : 4/10

Extras
Traductrice : Aurélie Tronchet
Première publication : août 2013
Fiche Bibliomania
Tout comme l’héroïne de ce roman, Laura Kasische est poétesse. Elle est également l’auteure de 9 romans. Je lui donnerai peut-être une deuxième chance avec Les revenants.

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Challenge Haut en couleurs organisé par Addiction littéraire
Challenge Haut en Couleurs
13/15 : brun

Un Hiver en enfer, de Jo Witek

Un Hiver en enfer, de Jo WitekQuatrième de couverture

Edward a grandi avec son père, brillant architecte. Sa mère, Rose, lointaine et fragile, revient un jour d’un long séjour en hôpital psychiatrique. Elle, qui n’a jamais su l’aimer, lui demande à présent de jouer le jeu de la famille soudée. Pour le jeune garçon, il est hors de question d’effacer toutes ces années privées de l’amour maternel. Il préfère se réfugier dans le monde virtuel des jeux vidéo. Tout bascule avec la mort accidentelle de son père. Il se retrouve seul dans un chalet avec cette mère haïe, qui soudainement l’étouffe d’affection et l’isole davantage. Un face-à-face terrible commence au cœur de l’hiver. Deux êtres. Deux folies. Au point de conduire au meurtre ? Qui entre eux deux dit la vérité ? Un seul, forcément…

Nbr de pages : 352 / Éditeur : Actes Sud Junior

Mon avis

J’en ai rarement croisé et celui-ci est mon premier : un thriller pour adolescents. On y retrouve tous les ingrédients que l’on aime découvrir dans un roman à suspense : une atmosphère sombre, une tension qui monte crescendo, des personnages captivants et ambigus et une chute inattendue.

L’intrigue ne regorge pas de grosses ficelles et de rebondissements en tout genre ; tout est dans l’évolution des personnages, de l’atmosphère paranoïaque, de la tension. L’histoire se met doucement en place, peut-être un peu trop lentement. Et cette lenteur se fait ressentir à plusieurs moments du récit, mais semble nécessaire pour bien comprendre chacune des facettes des deux personnages : d’un côté, Edward, délaissé toute son enfance par une mère distante et fragile psychologiquement, de l’autre, cette mère qui se découvre soudain un amour intense pour son fils, au point de l’étouffer, de le confiner chez eux, de jalouser son entourage et peut-être pire. Ce face-à-face entre mère et fils, presque sous forme de huis clos, est brillamment mené et on oscille sans cesse entre les hypothèses possibles : Edward perd-il la tête ou sa mère lui veut-elle vraiment du mal ? Jusqu’au dénouement…

Et Jo Witek ne se contente pas seulement de créer une ambiance oppressante et une intrigue prenante, elle essaie également d’introduire des thèmes particulièrement intéressants pour les jeunes : les jeux en ligne qui prennent parfois plus de place que la vie IRL, le racket et l’intimidation à l’école, le désespoir qui peut mener un enfant aux pires actes, le deuil et la perte d’un être cher. Je pense qu’Edward est un héros attachant auquel un ado peut facilement s’identifier.

J’enfoncerai le clou en vous disant que ce thriller m’a beaucoup fait penser à ceux de Barbara Abel dans le traitement des relations entre les personnages, de la montée en puissance de la haine, du choc final, de l’angoisse grandissante, de la lenteur nécessaire aux changements subtils dans le comportement des personnages. Je le recommande aussi bien aux adultes qu’aux jeunes lecteurs confirmés. Un très bon thriller psychologique !

Note : 8,5/10

Extras
Première publication : août 2014
Fiche Bibliomania
Jo Witek est une auteure française qui écrit surtout pour les ados. Son premier thriller, Peur express, m’intrigue beaucoup.
Dans une interview d’Actes Sud, elle déclare : « Ce roman fut difficile à écrire, je veux dire affectivement, car j’ai plongé dans la part obscure de la mère et, en tant que maman de deux fils − que j’ai eu la chance d’aimer dès leur arrivée dans ce monde −, ce ne fut pas de tout repos ! Mais c’est aussi ce que j’aime dans l’acte d’écrire, c’est une plongée permanente dans les cavernes humaines les plus obscures, cachées et terrifiantes… Un exercice aussi effrayant que jubilatoire, car il est bon de se faire peur ! »

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Challenge 1% Rentrée littéraire organisé par Sophie Hérisson

challenge 1% Rentrée littéraire3/6

Challenge ABC 2014 organisé par Nanet

ABC 2014
14 dans le challenge ABC 2014 – Lettre W

Challenge Petit Bac organisé par Enna
Challenge Petit Bac 2013
Gros mot : enfer

Challenge Haut en couleurs organisé par Addiction littéraire
Challenge Haut en Couleurs
11/15 : bleu clair

Puzzle, de Franck Thilliez

Puzzle, de Franck ThilliezQuatrième de couverture

Accepteriez-vous de mourir… dans un jeu ?

Ilan et Chloé sont spécialistes des chasses au trésor. Longtemps, ils ont rêvé de participer à la partie ultime. Celle de ce jeu mystérieux dont on ne connaît pas les règles, seulement le nom : Paranoïa. Le jour venu, ils reçoivent enfin la règle numéro 1 : Quoi qu’il arrive, rien de ce que vous allez vivre n’est la réalité. Il s’agit d’un jeu. Suivie, quelques heures plus tard, de la règle numéro 2 : L’un d’entre vous va mourir.
Quand les joueurs trouvent un premier cadavre, quand Ilan découvre des informations liées à la disparition toujours inexpliquée de ses parents, la distinction entre le jeu et la réalité est de plus en plus difficile à établir. Paranoïa peut alors réellement commencer…

Nbr de pages : 442 / Éditeur : Fleuve Noir

Mon avis

Deuxième lecture du grand Thilliez, et malheureusement, ce n’est toujours pas la grande réussite escomptée, malgré des thèmes particulièrement accrocheurs. Après Vertige où je n’avais pas capté le détail de la chute, voici Puzzle où tous les indices mènent trop facilement à la résolution de l’intrigue. C’est la deuxième fois en quelques mois que je comprends presque instantanément le grand final et je dois dire que c’est vraiment frustrant de ne pas pouvoir savourer un bon thriller comme il se doit, surtout quand il y a autant de potentiel.

Alors une déception, oui, mais petite la déception, car mises à part les grosses ficelles, l’histoire est vraiment très agréable à lire. Le thème du jeu, de la chasse aux trésors, de la paranoïa et de la fiction se mêlant à la réalité m’a directement captivée et le tout est vraiment bien exploité, nous faisant flipper face aux pièges implacables du Jeu. On se retrouve enfermés dans un hôpital psychiatrique désaffecté et lugubre, à la course aux clés pour empocher les 300 000 €. Une intrigue qui réserve des moments glauques et intrigants à souhait, où on tente de démêler le vrai du faux. Les pages se tournent avec frénésie, malgré la certitude qu’on a déjà vu juste, contrairement à notre héros.

C’est réel mais ce n’est pas la réalité, c’est ça ? commenta Ilan aigrement. Et comment fait-on la distinction ? Comment savoir ce qui est le jeu et ce qui ne l’est pas ?

J’ai donc passé un bon moment dans l’ensemble et je ne déconseille vraiment pas cette lecture. Je ne suis pas la seule à avoir compris rapidement la chute, mais je pense que c’est surtout lié à toutes les références cinématographiques et livresques que l’on a collées à ce bouquin et qui m’ont mise sur la piste. Alors, si vous comptez vous lancer dans Puzzle, évitez de trop en lire à son sujet afin de conserver le suspense !

Note : 7/10

Extras
Première publication : octobre 2013
Fiche Bibliomania
Franck Thilliez parle de son roman :
« Tous les personnages sont des passionnés de jeux, de chasses aux trésors, connectés aux réseaux sociaux, au monde de l’Internet. Il me fallait donc un « casting » de personnages relativement jeunes, ils ont entre 25 et 40 ans. Pour créer chacun d’entre eux, j’ai pensé à certains acteurs de serié ou de cinéma. Mocky, par exemple, peut être identifié à Hugo dans la série Lost. Naomie Fée, une joueuse, à Lisbeth dans Millénium (l’actrice Noomi Rapace). »

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 Challenge ABC 2013 organisé par Nanet

ABC 2013
15 dans le challenge ABC 2013 – Lettre T

L’Oeil de Caine, de Patrick Bauwen

L'Oeil de Caine, de Patrick Bauwen

Mon résumé

Un nouveau jeu de télé-réalité est lancé : 5 hommes et 5 femmes d’âges et milieux différents ont été choisis pour participer à L’Oeil de Caine. Ils ont chacun un secret, mais le jeu tourne au fiasco et les 10 participants se retrouvent coincés ensemble dans le désert, avec un meurtrier qui semble pouvoir épier leurs moindres faits et gestes. Eeet action, ça tourne !


Mon avis

« L’Oeil de Caine est une émission révolutionnaire. Rien ne lui ressemble. (Elle se mit à arpenter la suite.) Dix candidats. Dix personnes ordinaires, de toutes les tranches d’âge, de tous les milieux. Des gens comme vous et moi. À une exception près : chacun possède un secret. Une chose dont il n’est pas fier et qu’il ne souhaite pas qu’on révèle. Regroupez ces gens entre eux. Voyez comment ils gèrent la situation… (Elle s’arrêta pour le dévisager.) Chacun des dix candidats possède un secret, oui, mais c’est notre lot à tous. Ca pourrait être l’histoire de votre voisin, de votre femme. Chaque jour que Dieu fait, nous sommes obligés de vivre avec nos erreurs. Lorsqu’on les expose en pleine lumière, il faut affronter le regard des autres. Ca, c’est L’Oeil de Caine. Révélez votre secret. Ouvrez votre âme. Affrontez votre démon et racontez-nous l’histoire. Voilà ce que j’attends ! (Elle écarta les bras.) Ce que je veux n’est pas de la télé-réalité. C’est la réalité tout court. »

 Ce que j’attendais de L’Oeil de Caine, c’est une fin machiavélique, inattendue, renversante. Et c’est bingo ! Pourtant ce n’était pas gagné. On entre vite dans le vif du sujet, les candidats sont kidnappés par un meurtrier psychopathe qui semble bien décidé à les tuer les uns après les autres. Mais le début reste lent, malgré les rebondissements, je survolais l’histoire sans me prendre au jeu du tueur. Il a fallu attendre une bonne moitié pour que j’aie vraiment envie de lire sans m’arrêter. J’ai commencé à véritablement suivre l’enquête avec intérêt après en avoir appris assez sur chacun des protagonistes.

 Le thème de la télé-réalité m’intriguait beaucoup, de même que cette histoire de secrets. Mais au final, ces secrets ne servent que de contexte, ils ne sont pas creusés, ne sont pas bouleversants, n’ont pas de réelle importance pour l’intrigue alors qu’ils auraient pu donner une réelle dimension à celle-ci. C’est dommage. En fait, tout le suspense est créé par le huis clos : ils sont tous ensemble dans le désert, ils font attention les uns aux autres, et pourtant inexorablement, les meurtres s’enchaînent. Y aurait-il un intrus parmi les candidats ? D’ailleurs, on pense aux Dix petits nègres d’Agatha Christie, mais la fin est tout autre, bien plus sournoise encore dans L’Oeil de Caine.

 Et justement, j’attendais l’auteur au tournant, lui et son final bluffant (selon plusieurs blogueurs). Au fil des pages, je me disais « Ah je parie que je vois où il veut en venir, il ne m’aura pas comme ça ! » et je ne pensais pas être aussi (agréablement) surprise par la dernière révélation. Car oui j’avais deviné quelques petits détails, mais j’étais loin du compte, et ce sentiment d’ivresse de s’être bien fait avoir lorsqu’on referme le livre est génial. Rien que pour ses derniers chapitres, L’Oeil de Caine mérite toute votre attention !

Note : 8/10

Extras
Première publication : décembre 2006
Fiche Bibliomania
L’Oeil de Caine commence comme ça :
« Seth va mourir, il le sait. Le fait qu’il n’ait
que douze ans n’y changera rien. »

Au programme : les deux autres livres de Patrick Bauwen :
Monster et Seul à savoir.

Challenge - Je vide ma bibliothèque

Dix petits nègres, d’Agatha Christie

Dix petits nègres, d'Agatha Christie


Mon résumé

L’île du Nègre est une île mystérieuse et les rumeurs courent à son sujet. Dix personnes ont reçu une lettre les conviant à se rendre dans la demeure des O’nyme, sur cette fameuse île. Tous, plus différents les uns des autres, se retrouvent ensemble dans la grande maison vide. Une voix s’élève, venue de nulle part, pour les accuser tour à tour. Un huis clos duquel il sera difficile de rester en vie.

 

 Mon avis

On entre dans l’histoire accompagné de dix individus, se rendant tous sur l’île du Nègre. Ils sont chacun brièvement décrits, tout comme la raison de leur venue sur l’île. Passer d’un personnage à l’autre d’entrée de jeu n’est pas évident et j’ai bien cru que j’allais m’y perdre. Mais ils ont tous leur propre histoire, et leur personnalité et leur façon de réagir aux événements sont radicalement différentes. Ainsi, une fois l’histoire lancée, il n’y a plus de souci à se faire.

Une fois les dix invités arrivés, ils se rendent vite compte qu’ils se sont tous faits avoir et ont été réunis dans un but précis : les accuser chacun d’un crime… et les faire payer ! Commence alors une longue série de meurtres sur l’île, se produisant au rythme de la terrible comptine des dix petits nègres.

Dix petits nègres s’en furent dîner,
L’un d’eux but à s’en étrangler
– n’en resta plus que neuf.
Neuf petits nègres se couchèrent à minuit,
L’un d’eux à jamais s’endormit
– n’en resta plus que huit.
Huit petits nègres dans le Devon étaient allés,
L’un d’eux voulut y demeurer
– n’en resta plus que sept.
Sept petits nègres fendirent du petit bois,
En deux l’un se coupa ma foi
– n’en resta plus que six.
Six petits nègres rêvassaient au rucher,
Une abeille l’un d’eux a piqué
– n’en resta plus que cinq.
Cinq petits nègres étaient avocats à la cour,
L’un d’eux finit en haute cour
– n’en resta plus que quatre.
Quatre petits nègres se baignèrent au matin,
Poisson d’avril goba l’un
– n’en resta plus que trois.
Trois petits nègres s’en allèrent au zoo,
Un ours de l’un fit la peau
– n’en resta plus que deux.
Deux petits nègres se dorèrent au soleil,
L’un d’eux devint vermeil
– n’en resta donc plus qu’un.
Un petit nègre se retrouva tout esseulé,
Se pendre il s’en est allé
– n’en resta plus… du tout.

Les évènements s’enchaînent et tiennent le lecteur en haleine. Le meurtrier se cache-t-il sur l’île ou fait-il partie du petit groupe ? Le thème du huis clos est utilisé avec brio de sorte que le doute s’installe dans la tête du lecteur, mais aussi dans celle de chacun des invités.

La chute est excellente, inattendue mais vraisemblable. Par contre, quelques détails m’ont chiffonnée, notamment ces meurtres qui collent si bien à la comptine que c’en devient trop gros. Néanmoins, cela n’entache en rien la fluidité de l’intrigue : on remet tout et tout le monde en question, et on s’arrache les cheveux en se demandant « Mais qui c’est ce tueur ? », et ce jusqu’à la fin. Ainsi, coup de maître d’Agatha Christie.

C’était mon 1e Agatha Christie et l’auteure m’a séduite avec son intrigue bien ficelée. Prochainement, je m’attaque donc à son Poirot, avec Le crime de l’Orient Express.

Note : 8/10

Extras
Traduction nouvelle de Gérard de Chergé
Première publication en 1939
Fiche Bibliomania
Pour les amateurs de séries, je vous conseille Harper’s Island une mini série de 13 épisodes, avec Elaine et Katie Cassidy. Une histoire de la même veine : quelques personnes piégées sur une île et un tueur qui se cache parmi elles. La fin est tout aussi surprenante, bien qu’un peu trop invraisemblable à mon goût.

Défi La Plume au Féminin