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Tous nos jours parfaits, de Jenniver Niven

Tous nos jours parfaits, de Jennifer NivenRésumé de l’éditeur

Quand Violet et Finch se rencontrent, ils sont au bord du vide, en haut du clocher du lycée, décidés à en finir avec la vie. Finch est la « bête curieuse » de l’école. Il oscille entre les périodes d’accablement, dominées par des idées morbides et les phases « d’éveil » où il déborde d’énergie. De son côté, Violet avait tout pour elle. Mais neuf mois plus tôt, sa sœur adorée est morte dans un accident de voiture. La survivante a perdu pied, s’est isolée et s’est laissée submerger par la culpabilité.
Pour Violet et Finch, c’est le début d’une histoire d’amour bouleversante : l’histoire d’une fille qui réapprend à vivre avec un garçon qui veut mourir.

Nbr de pages : 377 / Éditeur : Gallimard Jeunesse / Titre VO : All the Bright Places

Mon avis

Une nouvelle lecture qui s’annonçait forte en émotions avec des thèmes sensibles et pas toujours faciles à aborder, comme la maladie, le suicide, le deuil, le regard d’autrui et la confiance en soi. Jennifer Niven est parvenue à écrire un très beau livre où elle dose bien les moments tragiques et difficiles de la vie et les instants lumineux de cette rencontre entre deux jeunes qui ne trouvent plus leur place.

Violet et Finch sont des héros intéressants et complexes, incompris et incompréhensibles et en même temps très vrais. Ils se sentent seuls, perdus, déconnectés du monde qui les entoure. Mais ce sont des jeunes qui ont ce quelque chose en plus qui les rend extraordinaires, qui les fait sortir de la masse. Ensemble, ils vont reprendre goût à certaines choses et vont doucement apprendre à accepter ce qu’ils ressentent. Leur histoire, on y croit et on la découvre avec beaucoup de plaisir, en alternant les points de vue.

On a souvent comparé tel ou tel nouveau roman à ceux de John Green, vaillant effort pour attirer l’attention, qui agace plus qu’autre chose et qui est souvent loin d’être justifié, mais cette fois, je dois dire que je comprends le pourquoi de cette comparaison… Il y a chez Jennifer Niven la même sensibilité, la même volonté de montrer l’adolescence avec toutes ses facettes et ses faiblesses, avec une justesse et une précision remarquables. Ils ont tous deux une plume poétique et posent des mots qui sonnent juste sur des émotions pourtant difficiles à analyser.

Je connais assez bien la vie pour savoir qu’on ne peut pas compter sur les choses pour demeurer telles qu’elles sont, ou rester à portée de main, même si on ne souhaite que ça. On ne peut pas empêcher les gens de mourir. On ne peut pas les empêcher de partir. On ne peut pas s’empêcher soi-même de partir non plus. Je me connais assez pour savoir que personne ne peut me tenir éveillé, m’empêcher de sombrer dans le Grand Sommeil. Ça ne tient qu’à moi.

On ressent une belle maturité, tant dans l’écriture que dans la personnalité des héros. Le roman est parsemé de réflexions poignantes et de citations de grands auteurs comme Virginia Woolf. La littérature et la musique sont des éléments présents tout au long du livre, des outils dans la lente convalescence des héros qui ressentent l’envie de laisser une marque, d’écrire et de composer pour exorciser leurs propres démons.

Tout le monde ne sera peut-être pas d’accord avec la façon dont l’auteure traite de la bipolarité ou du suicide. N’ayant (heureusement) jamais eu à y faire face, j’ai trouvé son histoire et sa vision des choses très touchantes. On sent que son expérience personnelle a beaucoup joué dans la rédaction de son roman et elle l’explique d’une jolie façon dans la postface. Mais je n’oserais me mettre à la place de personnes qui ont vécu de près ce genre de drames et affirmer que toutes les émotions et situations sont réalistes.

Pour moi, c’est un roman à la fois sombre et lumineux, qui choque et fait réfléchir, qui propose des pistes et des réflexions sur des sujets douloureux, grâce à deux personnages qui nous restent longtemps en mémoire.

Note : 8,5/10

Extras
Traductrice : Vanessa Rubio-Barreau
Première publication : septembre 2015
Fiche Bibliomania
Superbe interview de Jennifer Niven par The Fountain ici (en anglais) :

A story is a story, no matter the genre, but there’s something I love about YA fiction. Maybe it’s because so much of it deals with firsts—first love, first heartache, first loss. There’s something so wonderful and horrible and full-of-possibility and heartbreaking and poignant about that time of life. I think in many ways, the teen audience is the most discerning. Just because they’re young doesn’t mean you should talk down to them. They can spot fakery a mile away, so the voice and the characters need to be authentic and you have to write honestly. I love the challenge of that. […] Years ago, I knew and loved a boy, and that boy was bipolar. I witnessed up-close the highs and lows, the Awake and the Asleep, and I saw his daily struggle with the world and with himself. I also saw how funny he could be and how vibrantly, shimmeringly alive during the highs. I think humor was part of being Awake for him. He was so happy to be present, to not be depressed and shut down (something he knew would come back again all too soon), and he appreciated every little minute, just like Finch does. And yes, maybe there’s a correlation—people like Finch, like Robin Williams, have this great depth and capacity for emotion, high and low, and humor is part of that. It can be an outlet and an escape and a way of putting a bright face on for the world even when things are dark inside.

Sans prévenir, de Matthew Crow

Sans prévenir, de Matthew Crow

Quatrième de couverture

À 15 ans, Francis Wootton est passionné de vieux films, de musique rock et de lectures romantiques. Mais avant tout, il ne se prend pas au sérieux. Sans prévenir, un jour, la vie bascule. On lui diagnostique une leucémie. À l’hôpital où il entre pour son traitement, il rencontre Ambre, son caractère de chien, son humour féroce, sa vulnérabilité désarmante…

Nbr de pages : 320 / Éditeur : Gallimard jeunesse / Titre VO : In Bloom

Mon avis

Quand on écrit une histoire d’amour dramatique entre deux jeunes cancéreux, il faut savoir souffrir la comparaison avec Nos étoiles contraires, qui s’est imposé aussi bien dans les librairies, sur les blogs, sur les écrans que dans nos cœurs. Malheureusement, n’est pas John Green qui veut. Là où j’avais été transportée bien loin par l’émotion et l’amour, je suis cette fois-ci restée bien ancrée sur terre, à la limite parfois de l’ennui.

Matthew Crow nous propose un héros de quinze ans assez banal, solitaire et un brin loser. Francis n’a rien de bien folichon et m’a semblé être un héros un peu fadasse pour une histoire de cet acabit. De l’autre côté, on rencontre Ambre, déjà bien plus pétillante. Mais l’alchimie ne fonctionne pas vraiment. Leur histoire est mignonne, mais pas exaltante. Ils se font des petits bisous et se donnent la main, organisent quelques petits coups en douce, mais ne nous entraînent jamais dans des aventures folles, dans des discussions palpitantes, dans des scènes émouvantes.

Ce roman est clairement destiné à de jeunes lecteurs qui pourront s’identifier aux héros. Francis et Ambre font encore très gamins et sont loin d’avoir la maturité d’Augustus et Hazel. Matthew Crow nous explique dans sa lettre aux blogueurs qu’il a souhaité créer « un héros masculin pathétique, gentil, plein de bonnes intentions, mais quand même bien niais », le genre de personnage qu’un ado grassouillet et couvert d’acné aurait envie de retrouver dans un roman, loin des clichés des « beaux gosses, des stars de films d’action et des bourreaux des cœurs qui disaient toujours exactement ce qu’il fallait dire au bon moment. » En cela, Matthew Crow a vraiment atteint son objectif et du coup, je ne voudrais pas être trop sévère avec son roman, car je suis passée à côté de son intention. Moi, à 25 ans, je préfère clairement un beau héros plein de repartie (Augustus, je t’aime !).

J’ai quand même rigolé à quelques reprises et ma gorge s’est serrée à la fin, alors je ne pourrais pas dire que ce roman manque d’émotions, ce serait faux. La panoplie de personnages secondaires est très bien réussie et Ambre, avec son fort caractère, porte presque à elle seule le roman. Mais Francis est de fait très niais, fait des montagnes pour pas grand-chose et chaque petit aléa de sa vie d’ado devient un scénario mélodramatique capital. Un ado se retrouvera peut-être dans son personnage, toujours dans l’exagération, mais l’urgence de la maladie et la tristesse de la famille me semblaient tellement terribles à côté, que je me suis rarement prise d’affection pour Francis.

Note : 6,5/10

Extras
Traductrice : Marie Hermet
Première publication : janvier 2015
Fiche Bibliomania
Si j’ai bien compris, le titre anglais « In Bloom » est sorti en 2013, mais le roman va être republié en mars 2015 sous le titre « The Brilliant Light of Amber Sunrise ».
Matthew Crow est né en 1987.

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Challenge ABC 2015 organisé par Nanet

ABC20153 dans le challenge ABC 2015 – Lettre C

Challenge Gourmand, organisé par Titepomme

Challenge gourmand
2 : une boule en chocolat

La petite fille qui avait avalé un nuage grand comme la tour Eiffel, de Romain Puértolas

La petite fille qui avait avalé un nuage grand comme la tour Eiffel, de Romain PuértolasMon résumé

Providence est facteur, jolie, toujours pressée, mais seule. Quand elle fait la rencontre de Zahera, un petite marocaine malade, c’est le coup de foudre. Une fois les papiers d’adoption dans la poche, elle décide d’aller rejoindre sa petite fille à Marrakech pour l’emmener à Paris où elle pourra être traitée dans un hôpital de pointe. Mais c’est compter sans un nuage de cendre qui cloue tous les avions au sol. Qu’à cela ne tienne, Providence ne jette pas l’éponge et est prête à soulever des montagnes pour rejoindre Zahera, même d’apprendre à voler comme un oiseau.

Nbr de pages : 256 / Éditeur : Le Dilettante

Mon avis

Romain Puértolas poursuit son petit bonhomme de chemin et ne change pas une recette qui marche : un titre à rallonge, des couleurs vives, des personnages haut en couleur, une fable contempo-humoristiquo-fantastique, des événements complètement absurdes et un humour explosif. Les fans du fakir seront sans aucune doute à nouveau comblés (du moment où ils n’espéraient pas quelque chose de différent) et les autres pourront découvrir une histoire tout aussi folle, mais avec la petite pointe d’émotion qui pouvait parfois manquer dans le roman précédent.

On retrouve ce qui avait fait le succès du fakir : des réflexions sur le monde qui ne tourne pas rond, sur les rêves qui méritent d’être réalisés, des petites moralités sur le fait que la joie de vivre et l’espoir peuvent nous porter loin, le tout avec un ton toujours décalé et plein d’humour. « La petite fille qui avait avalé un nuage… » (j’espère que Romain Puértolas n’a rien contre les points de suspension car avec des titres pareils, il est voué à ne plus jamais les voir en entier !) est donc une jolie fable émouvante et amusante, assez similaire à celle du fakir finalement. Il essaie d’aborder des thèmes intéressants à coups d’humour, et même s’il est loin d’aller au bout des choses dans les débats qu’il lance, il a le mérite de mettre le doigt sur plusieurs choses qui méritent réflexion.

Par contre, on retrouve aussi ses blagues à deux balles que j’ai du mal à trouver comiques. Entendez-moi bien : oui j’ai ri et oui j’ai souri, mais au rythme de « une blague par ligne », on finit par ne plus retenir que ce qui ne fait pas rire… Le comique de répétition ne doit pas fonctionner formidablement sur moi, parce que trop, c’est trop : une même blague ne peut pas me faire rire 15 fois de suite. Bref avec cet humour parfois too much, ça passe ou ça casse…

Mais si j’ai trouvé ce roman moins comique que celui du fakir, celui-ci m’a beaucoup plus touchée. J’ai été très émue par cette histoire de jeune factrice tombée sous le charme de la petite Zahera, atteinte de la mucoviscidose. Les passages concernant cette petite fille, pleine de rêves et d’envies, qui se bat jour après jour, sont vraiment très beaux, émouvants et nous tirent des sourires mi-navrés mi-amusés. Elle est pleine d’esprit et vraiment attendrissante ; pour moi c’est la force de ce roman.

Attention tout de même : que les cartésiens et réfractaires au fantastique s’éloignent de ce livre, car on y suit quand même une jeune femme persuadée de pouvoir s’envoler comme un oiseau et… qui y parvient. On baigne dans la fantaisie du début à la (presque) fin, et on vire même souvent à l’absurde avec des vêtements tricotés avec du fromage. J’avoue que même pour moi, c’est parfois trop gros pour passer sans un froncement de sourcils, mais je vous rassure, tout s’explique à la fin. Une fin que j’ai d’ailleurs beaucoup aimé !

Note : 7,5/10

Extras
Première publication : janvier 2015
Fiche Bibliomania
Vous l’aurez remarqué, l’auteur aime les couleurs et compte bien créer dans nos bibliothèques un vrai arc-en-ciel. D’ailleurs, c’est à lui qu’on doit la conception de la couverture ! (infos recueillies lors d’une rencontre)
Mon avis sur L’extraordinaire voyage du fakir…
Petit conseil de l’auteur : toujours bien lire les épigraphes 😉

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Challenge ABC 2015 organisé par Nanet

ABC20152 dans le challenge ABC 2015 – Lettre P

 Challenge Petit Bac organisé par Enna
Petit Bac 2015Mesure : grand

Ne t’inquiète pas pour moi, de Alice Kuipers

Ne t'inquiète pas pour moi, d'Alice Kuipers

Mon résumé

Claire et sa maman ne se croisent pas souvent à la maison, alors elles se laissent des petits mots sur le frigo. Des bribes de vies d’une ado, qui traîne avec ses amis, qui se cache chez son père quand ça tourne mal, qui va faire les courses quand sa mère n’a pas le temps. Et une maman qui voudrait passer plus de temps avec sa fille, qui fait trop de gardes à l’hôpital, qui tombe des nues lorsqu’elle apprend qu’elle est très malade. Par Post-it interposés, elles vont prendre le temps de se dire les choses et de se parler à cœur ouvert.

Nbr de pages : 242 / Éditeur : Le Livre de Poche / Titre VO : Life on the refrigerator door

Mon avis

« Quand je te regarde
Je vois la femme que je veux être
Forte et courageuse
Belle et libre
Claire
P.S. : Je t’aime »

 On m’aurait dit qu’un aussi petit livre, composé de quelques post-it, saurait me mettre la boule au ventre comme ça, je n’y aurais pas cru. En quelques phrases, sorties du quotidien d’une ado, l’auteure a réussi à nous dévoiler toute la complexité et la beauté des relations mères-filles. Les moments d’amour, de complicité, mais aussi les engueulades, les coups durs. Alice Kuipers nous montre comment faire face à la maladie, comment évoquer les problèmes de la vie avec sa mère (ou sa fille). Elle réussit à nous toucher, nous émouvoir avec des pages de livre presque vides, avec une liste de courses, ou un petit message de deux-trois lignes.

 « Je reste optimiste tout en me préparant au pire, maman, ça te semble bien comme compromis ? »

 Construire son histoire sur des Post-it, c’est original, audacieux, mais risqué. Un challenge relevé avec brio. Ça se lit très vite, c’est beau, réaliste, triste, un vrai morceau de vie.
On débarque d’un coup dans le quotidien de Claire. On a à peine le temps de s’attacher à elle qu’on la quitte déjà. Une petite heure dans la vie de cette ado de laquelle on ressort bien chamboulé. C’est vrai que c’est un peu court, mais justement ce n’en est que plus percutant.
On se rend compte que ce n’est pas si facile de s’ouvrir à l’autre.

 « Parfois on dirait que c’est plus facile de poser les questions par écrit pour te demander comment tu vas et comment ça se passe avec le médecin, tout ça. »

 En refermant ce livre, on n’a envie que d’une chose : aller enlacer sa maman et lui dire comme on l’aime.

Note : 8/10

Extras
Traductrice : Valérie Le Plouhinec
Première publication : avril 2008
Fiche Bibliomania
Ne t’inquiète pas pour moi est le premier roman d’Alice Kuipers.

Challenge - Je vide ma bibliothèque

Enfin un roman de fini pour le challenge Je vide ma bibliothèque !

5 sur 15 (plus qu’un mois pour le finir..)