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Bluebird, de Tristan Koëgel

Bluebird, de Tristan Koëgel

 

Résumé de l’éditeur

Elwyn est fils d’immigrés irlandais, Minnie, fille d’un chanteur itinérant noir. Ils se rencontrent dans une plantation, et tombent amoureux. Ils ont 13 ans, et ne savent pas que leur vie est sur le point de basculer. Quelques jours plus tard, en effet, Minnie assiste au passage à tabac de son père par des hommes du Ku Klux Klan. Effondrée, elle saute dans le premier train, en partance pour Chicago.

Nbr de pages : 320 / Éditeur : Didier Jeunesse

 

Mon avis

J’aurais tout aussi bien pu ne jamais lire ce roman, qui ne m’attirait pas plus que ça, qui a priori ne payait pas de mine. Mais comme j’aurais eu tort ! On plonge en pleine ségrégation aux côtés des noirs trimant sur une plantation tenue d’une main de fer par « le diable ». Dès les premières pages, on ressent tout le contexte comme si on y était : on entend les notes de blues, on sent le soleil qui tape, on voit les contrastes de couleurs des paysages, on veut danser et rire dans les rondes, on veut hurler sa rage à ces bonhommes bêtes et méchants, ridicules sous leurs tuniques blanches aux chapeaux pointus.

On refusait de voir les choses en noir et blanc comme c’était le cas dans les petites villes et les villages coupés en deux qu’on traversait, avec des magasins pour les Noirs et d’autres pour les Blancs, pareil pour les trottoirs, pareil pour les toilettes. Nous, on voyait les choses en bleu, et voir la vie en bleu, c’est la voir telle qu’elle est, toute entière.

J’ai de suite été emballée par l’histoire, par la jolie plume de l’auteur, pleine de poésie, par la musique qui joue presque un rôle à part entière (on swingue sur le blues des années 40 avec une playlist intégrée), par les jolies images qui nous viennent en tête, mais aussi par des scènes fortes et dures.

Le tour de force de ce roman, c’est de nous avoir là où on ne l’attend pas. Je ne m’attendais pas nécessairement à un récit à rebondissements et j’adore ça quand on me refait voir ce que je viens de lire sous un autre angle, qu’on parvient à me duper après seulement un chapitre. Le changement de narrateurs prend ici tout son sens et place sur le devant de la scène certains personnages qu’on ne pensait pas voir, afin de tout remettre en perspective.

J’ai eu très vite la gorge serrée, les poils de bras dressés et l’intime conviction que cette lecture serait belle, émouvante et éprouvante. J’ai vécu une superbe histoire aux côtés d’une panoplie de personnages tous plus attachants les uns que les autres, où la solidarité n’est pas un mot vain, où l’espoir et la joie de vivre semblent plus forts que tout.

Mon seul petit bémol, ce serait que le récit finit par s’étioler un peu, il devient un peu moins captivant, une fois passée la moitié du roman et ses quelques rebondissements. On s’installe confortablement dans l’histoire qui suit gentiment son cours, peut-être un peu trop lentement et calmement, mais l’auteur nous offre un joli final et on reste longtemps avec les images de Bluebird en tête et ses notes de musique dans les oreilles.

Quand tu joues le blues, Minnie c’est comme si tu riais et pleurais en même temps. Le blues c’est comme un tout petit nuage dans un beau ciel d’après-midi. Un petit nuage, tout fin, tout blanc, mais qui te serre le ventre, sans que tu saches trop pourquoi. Tu comprends ? Mais le blues c’est aussi comme une éclaircie qui traverse un orage ou comme une cerise juteuse sur un gâteau trop sec. Ça… Ça peut te faire rire aux éclats quand tu devrais tomber, les genoux dans la boue. Tu vois ?

Ma note : 8,5/10

Extras
Première publication : septembre 2015
Fiche Bibliomania
Retrouvez ici la playlist du roman : une superbe idée pour s’immerger deux fois plus dans l’histoire.
Je pense que c’est le premier roman des éditions Didier Jeunesse que je lis, et il va vraiment falloir que je rétablisse cette erreur. Seront donc au programme de mes lectures 2017-2018 :
Flow
Le Coeur en braille
Jonah
Sublutetia