Archives de Catégorie: Historique

Bluebird, de Tristan Koëgel

Bluebird, de Tristan Koëgel

 

Résumé de l’éditeur

Elwyn est fils d’immigrés irlandais, Minnie, fille d’un chanteur itinérant noir. Ils se rencontrent dans une plantation, et tombent amoureux. Ils ont 13 ans, et ne savent pas que leur vie est sur le point de basculer. Quelques jours plus tard, en effet, Minnie assiste au passage à tabac de son père par des hommes du Ku Klux Klan. Effondrée, elle saute dans le premier train, en partance pour Chicago.

Nbr de pages : 320 / Éditeur : Didier Jeunesse

 

Mon avis

J’aurais tout aussi bien pu ne jamais lire ce roman, qui ne m’attirait pas plus que ça, qui a priori ne payait pas de mine. Mais comme j’aurais eu tort ! On plonge en pleine ségrégation aux côtés des noirs trimant sur une plantation tenue d’une main de fer par « le diable ». Dès les premières pages, on ressent tout le contexte comme si on y était : on entend les notes de blues, on sent le soleil qui tape, on voit les contrastes de couleurs des paysages, on veut danser et rire dans les rondes, on veut hurler sa rage à ces bonhommes bêtes et méchants, ridicules sous leurs tuniques blanches aux chapeaux pointus.

On refusait de voir les choses en noir et blanc comme c’était le cas dans les petites villes et les villages coupés en deux qu’on traversait, avec des magasins pour les Noirs et d’autres pour les Blancs, pareil pour les trottoirs, pareil pour les toilettes. Nous, on voyait les choses en bleu, et voir la vie en bleu, c’est la voir telle qu’elle est, toute entière.

J’ai de suite été emballée par l’histoire, par la jolie plume de l’auteur, pleine de poésie, par la musique qui joue presque un rôle à part entière (on swingue sur le blues des années 40 avec une playlist intégrée), par les jolies images qui nous viennent en tête, mais aussi par des scènes fortes et dures.

Le tour de force de ce roman, c’est de nous avoir là où on ne l’attend pas. Je ne m’attendais pas nécessairement à un récit à rebondissements et j’adore ça quand on me refait voir ce que je viens de lire sous un autre angle, qu’on parvient à me duper après seulement un chapitre. Le changement de narrateurs prend ici tout son sens et place sur le devant de la scène certains personnages qu’on ne pensait pas voir, afin de tout remettre en perspective.

J’ai eu très vite la gorge serrée, les poils de bras dressés et l’intime conviction que cette lecture serait belle, émouvante et éprouvante. J’ai vécu une superbe histoire aux côtés d’une panoplie de personnages tous plus attachants les uns que les autres, où la solidarité n’est pas un mot vain, où l’espoir et la joie de vivre semblent plus forts que tout.

Mon seul petit bémol, ce serait que le récit finit par s’étioler un peu, il devient un peu moins captivant, une fois passée la moitié du roman et ses quelques rebondissements. On s’installe confortablement dans l’histoire qui suit gentiment son cours, peut-être un peu trop lentement et calmement, mais l’auteur nous offre un joli final et on reste longtemps avec les images de Bluebird en tête et ses notes de musique dans les oreilles.

Quand tu joues le blues, Minnie c’est comme si tu riais et pleurais en même temps. Le blues c’est comme un tout petit nuage dans un beau ciel d’après-midi. Un petit nuage, tout fin, tout blanc, mais qui te serre le ventre, sans que tu saches trop pourquoi. Tu comprends ? Mais le blues c’est aussi comme une éclaircie qui traverse un orage ou comme une cerise juteuse sur un gâteau trop sec. Ça… Ça peut te faire rire aux éclats quand tu devrais tomber, les genoux dans la boue. Tu vois ?

Ma note : 8,5/10

Extras
Première publication : septembre 2015
Fiche Bibliomania
Retrouvez ici la playlist du roman : une superbe idée pour s’immerger deux fois plus dans l’histoire.
Je pense que c’est le premier roman des éditions Didier Jeunesse que je lis, et il va vraiment falloir que je rétablisse cette erreur. Seront donc au programme de mes lectures 2017-2018 :
Flow
Le Coeur en braille
Jonah
Sublutetia

Vango, tome 1 : Entre ciel et terre, de Timothée de Fombelle

Vango, tome 1 : Entre ciel et terre, de Timothée de Fombelle

Résumé de l’éditeur

Paris, 1934. Devant Notre-Dame, une poursuite s’engage au milieu de la foule. Le jeune Vango doit fuir. Fuir la police qui l’accuse, fuir les forces mystérieuses qui le traquent. Vango ne sait pas qui il est. Son passé cache de lourds secrets. Des îles siciliennes aux brouillards de l’Écosse, tandis qu’enfle le bruit de la guerre, Vango cherche sa vérité.

Nbr de pages : 448 / Éditeur : Gallimard (Folio)

Mon avis

C’est la troisième fois que je me laisse séduire par la plume enchanteresse de Timothée de Fombelle. Je peux vous dire qu’il a un sacré talent. La seule chose que je voudrais lui reprocher, ce sont certaines longueurs, et en même temps, je ne peux pas. Je remarque qu’il me faut toujours un certain temps pour m’immiscer dans les histoires de Timothée de Fombelle. Mais arrivée à la moitié du récit, à l’affut du prochain virage dans l’intrigue, je me demande à quel moment j’ai véritablement accroché et je me rends compte que c’était sans doute à la page 10.

Ce que j’essaie de dire, c’est que l’auteur nous offre un récit riche, plein de ramifications, de lieux, de personnages, d’histoires dans l’histoire à travers l’Histoire. On reçoit tout ça en pleine figure et on pourrait croire que l’intrigue n’avance pas assez vite. On nous laisse un peu dans le flou alors qu’on voudrait savoir, faire des bonds dans le temps. C’en est presque frustrant, mais aussi exaltant ! Il plane un mystère pendant des centaines de pages, on râle un peu et en même temps, comme on sait que tout finira par s’emboîter de la plus jolie des façons, on prend son mal en patience et on savoure. Une chose est sûre, Timothée de Fombelle sait agencer son histoire, même si on doute parfois de lui au fil des pages.

Et il sait aussi très bien sculpter ses personnages. Vango est un personnage énigmatique, en pleine quête identitaire, confronté à des forces qui le dépassent. On le suit dans une véritable épopée, sautant d’un toit à l’autre, filant dans un immense zeppelin, escaladant les falaises des îles Éoliennes. Qu’est-ce qu’on peut voyager avec lui ! Et puis il y a Ethel, Mademoiselle, la Taupe, Boulard et j’en passe. Les protagonistes changent presque à chaque chapitre, on en rencontre vraiment beaucoup, ils nous tiennent parfois compagnie quelques pages ou tout au long de l’histoire. Et l’auteur parvient à nous les rendre tous très familiers, on les apprécie en un rien de temps. Ils ont chacun une vie fascinante que l’auteur ne manque jamais de nous raconter.

À la fin de ce premier tome du dyptique, on baigne encore beaucoup dans le mystère et ce serait indécent de ne pas s’enfiler presto la suite ! On a l’impression d’être entré dans une histoire dont on ne touche encore le fond que du bout des doigts. On sait déjà beaucoup de choses, on a eu quelques réponses, mais on sent que ce n’est vraiment que le début ! Bon je file lire la suite

Note : 8,5/10

Extras
Première publication : mars 2010
Fiche Bibliomania
Ce roman, initialement sorti dans une collection Junior, vient de paraître dans la collection Folio adulte. Cela avait été le cas aussi avec le premier tome de La Passe-miroir. Cette double parution est un très bonne idée de la part de Gallimard !
Déjà lus : le dyptique Tobie Lolness & Le Livre de Perle

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Lady Helen, tome 1 : Le Club des Mauvais Jours, d’Alison Goodman

Lady Helen, tome 1 : Le Club des Mauvais Jours, d'Alison GoodmanRésumé de l’éditeur

Londres, avril 1812. Lady Helen Wrexhall s’apprête à faire son entrée dans le monde. Bientôt, elle sera prise dans le tourbillon des bals avec l’espoir de faire un beau mariage. Mais d’étranges faits surviennent qui la plongent soudain dans les ombres de la Régence : une bonne de la maison disparaît, des meurtres sanglants sont commis et Helen fait la connaissance de lord Carlston, un homme à la réputation sulfureuse. Il appartient au Club des mauvais jours, une police secrète chargée de combattre des démons qui ont infiltré toutes les couches de la société. Lady Helen est dotée d’étranges pouvoirs mais acceptera-t-elle de renoncer à une vie faite de privilèges et d’insouciance pour basculer dans un monde terrifiant ?

Nbr de pages : 576 / Éditeur : Gallimard Jeunesse / Titre VO : Lady Helen :The Dark Days Club

Mon avis

C’était un pari un peu risqué ce mélange des genres… Dans ce roman, on retrouve aussi bien des robes d’époque, des bals, des mariages arrangés que des créatures démoniaques, des disparitions mystérieuses, des pouvoirs surnaturels et des meurtres odieux. Je n’avais encore jamais rien lu de tel, et bien qu’il m’ait fallu un petit temps d’adaptation au début, je me suis finalement régalée jusqu’aux dernières pages, regrettant de devoir attendre longtemps une suite.

Les premiers chapitres sont consacrés en très grande partie au contexte historique, aux petits détails du début des années 1800 qui nous immergent d’un coup dans l’époque : les promenades des jeunes filles dans les parcs, les commérages entre serviteurs, les visites de courtoisie, l’introduction des demoiselles à la Cour, les présentations à la reine, les spéculations autour des futurs mariages. Tout cela peut paraître un peu long, mais le mystère n’en est pas moins disséminé dès les premières pages. Lady Helen se découvre très vite des aptitudes bien particulières et un certain Lord Carlston tente de s’immiscer à tout prix dans sa vie sans que l’on comprenne très bien ses intentions. Mais il faudra pourtant attendre encore un moment avant de basculer dans le fantastique pur et dur.

Outre un contexte richement décrit, un soin spécial est apporté aux personnages et à leurs relations. J’ai trouvé le trio amoureux plein d’élégance et de charme, mais avec une pointe de mordant qui m’a collé un sourire aux lèvres plus d’une fois. Étant donné les mœurs de l’époque, tout se passe dans le regard et durant les rares interactions autorisées entre demoiselles et jeunes hommes. Le cadre historique rend le tout particulièrement savoureux et on ressent une vraie tension entre les personnages.

Malgré quelques baisses de régime au niveau du rythme et une histoire parfois un peu trop fantasque, la sauce prend merveilleusement bien. Si vous êtes ouverts aux découvertes atypiques, une jolie surprise vous attend. (Et puis, ce serait bête de rater l’occasion d’exposer un si beau livre dans sa bibliothèque.)

Note : 8/10

Extras
Traducteur : Philippe Giraudon
Première publication : août 2016
Fiche Bibliomania
Alison Goodman dit avoir fait beaucoup de recherches sur l’époque de la Régence et avoir « travaillé dur pour reconstituer aussi précisément que possible le Londres de 1812 et sa société, et pour respecter la réalité des événements se déroulant à l’arrière-plan de l’action du roman » mais elle avoue avoir pris quelques libertés qu’elle énumère en fin d’ouvrage. J’adore ce genre de notes de l’auteur !

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Le Garçon au sommet de la montagne, de John Boyne

Le Garçon au sommet de la montagne, de John Boyne

 

Résumé de l’éditeur

À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, Pierrot vit à Paris avec ses parents, ignorant tout des nazis. Devenu orphelin, il est envoyé chez sa tante, en Allemagne, dans une maison au sommet d’une montagne.
Ce n’est pas une maison ordinaire. Le Berghof est la résidence d’Adolf Hitler. Pierrot va découvrir là un autre monde, fascinant et monstrueux.

Nbr de pages : 272 / Éditeur : Gallimard Jeunesse / Titre VO : The Boy at the Top of the Mountain

Mon avis

Un roman assez édifiant, qui nous laisse entrevoir comment l’idéologie nazie a pu contaminer autant de gens, et ce à travers le personnage d’un petit garçon innocent. Chapeau à l’auteur qui a du entrer dans la tête de Pierrot et y glisser cette lente et terrible transformation. Ça ne doit être ni évident ni enviable de se retrouver dans l’esprit de ce genre de personnages, mais ça n’en est pas moins essentiel. Alors, merci à lui pour ce roman.

– Tu as fait une énorme erreur, Emma, cracha-t-il.
– Je n’en doute pas, dit-elle. Mais ce n’est rien comparé à l’erreur que ta pauvre tante a faite le jour où elle a décidé de te faire venir ici. Que t’est-il arrivé, Pierrot ? demanda-t-elle, le visage soudain radouci. Tu étais si gentil quand tu es arrivé au Berghof. Est-il donc si facile de corrompre un innocent ?

Au début du roman, on rencontre Pierrot, alors âgé de 4 ans. Il aime converser en langue des signes avec son meilleur ami, un petit juif sourd muet. Il vénère son papa, ancien soldat, malgré les propos racistes, les soirées de beuverie, les moments de violence. Il adore sa maman qui endure, non sans broncher. On découvre en quelques pages et sous-entendus ce contexte de l’entre-deux-guerres, la vision du papa, allemand, et celle de la maman, française. Et entre eux deux, ce petit bout de chou adorable sur lequel le sort va s’acharner.

– Anshel est juif, avait murmuré Pierrot, car il voyait souvent son ami partir avec sa mère pour la synagogue.
– Anshel fait partie des bons, avait marmonné papa. À ce qu’on dit dans tout panier de bonnes pommes, il en est toujours une pourrie. Ça doit marcher dans l’autre sens aussi…

On le voit grandir, partir parcourir le pays, chercher son identité, traverser des moments particulièrement difficiles et toujours, on a envie de le serrer dans nos bras, de le consoler et on ne peut imaginer que lui, ce petit gamin plein d’espoir et de bon sens, va basculer si brutalement du côté obscur. On n’y croit pas, on ne le veut pas, mais le jour où là-haut, dans la maison au sommet de la montagne, il rencontre un petit homme moustachu, tout va petit à petit changer dans sa façon de voir l’avenir, l’Allemagne et les gens qui l’entourent. Et ça fait mal au cœur de le voir devenir si arrogant, pour finalement ne même plus se remettre en question et renier son « ancien » pays, son passé, son ancien ami.

On a beau savoir à quoi s’attendre en commençant ce récit, ça n’en est pas moins effarant. Mon seul reproche est que ce roman est un peu court sur la fin. Autant la montée en puissance du nazisme en Europe et dans la tête de Pierrot est très bien retranscrite, autant la fin de la guerre, les désillusions et remises en question se font un peu vite. Mais John Boyne écrit très bien, suscite en nous toutes sortes de questions et apporte un éclairage différent sur ce sombre épisode de l’Histoire. Il explique dans la lettre aux lecteurs que « Pierrot ne ressemble pas aux personnages d’enfants de mes livres précédents dans le sens où vous ne manquerez pas de trouver son comportement révoltant et sa prise de conscience tardive. Mais à cette époque les garçons comme Pierrot étaient nombreux et, comme lui, ils ont été obligés d’affronter leurs actes et de vivre avec le mal qu’ils avaient répandu pour le restant de leurs jours. »

Note : 8,5/10

Extras
Traductrice : Catherine Gibert
Première publication : juin 2016
Fiche Bibliomania
À découvrir maintenant de toute urgence : Le Garçon au pyjama rayé.
Extrait de la lettre de John Boyne adressée aux libraires et blogueurs :
« Lorsqu’on se remémore les agissements de l’État allemand pendant la Seconde Guerre mondiale on se heurte toujours à la même difficulté : comprendre comment un pays tout entier a pu souscrire à une telle barbarie. On se dit que, dans les mêmes conditions, on n’aurait jamais fait la même chose, on se serait battu en faveur de la vie et de la dignité humaine, et on en est persuadés. Mais il est facile de lancer de telles affirmations soixante ans après, quand le courage et les grands mots ne nous coûtent rien. C’est cette idée qui est à l’origine du Garçon au sommet de la montagne. »

Le Mystère de Lucy Lost, de Michael Morpurgo

Le Mystère de Lucy Lost de Michael MorpurgoRésumé de l’éditeur

Mai 1915. Sur une île déserte de l’archipel des Scilly, un pêcheur et son fils découvrent une jeune fille blessée et hagarde, à moitié morte de faim et de soif. Elle ne parvient à prononcer qu’un seul mot: Lucy. D’où vient-elle? Est-elle une sirène, ou plutôt, comme le laisse entendre la rumeur, une espionne au service des Allemands?
De l’autre côté de l’Atlantique, le Lusitania, l’un des plus rapides et splendides paquebots de son temps, quitte le port de New York. À son bord, la jeune Merry, accompagnée de sa mère, s’apprête à rejoindre son père blessé sur le front et hospitalisé en Angleterre…

Nbr de pages : 448 / Éditeur : Gallimard Jeunesse / Titre VO : Listen to the Moon

Mon avis

Je ne m’attendais pas à autant apprécier cette histoire sur fond historique, et pourtant que d’émotions ! Un beau récit de vies, d’une communauté pleine de personnages attachants, avec un cœur grand comme ça, que l’on voudrait tout de suite pouvoir adopter !

On suit d’une part l’histoire de Lucy Lost, retrouvée à moitié morte sur une minuscule île anglaise et accueillie dans une famille aimante, et de l’autre celle de Merry, petite américaine embarquant sur le Lusitania en 1915 pour rejoindre l’Angleterre et son père, soldat blessé pendant la guerre. Les différentes parties du roman s’imbriquent à merveille pour nous faire découvrir petit à petit tous les mystères de ces deux récits, jusqu’à ce que tout se recoupe.

J’ai aimé par-dessus tout la finesse des personnages, leur complicité et leurs relations hors du commun. Sur cette île, on découvre toute une communauté, où tout le monde connaît tout le monde et où les cancans vont bon train. Ces gens sont capables du meilleur comme du pire, ils peuvent s’entraider dans les moments les plus difficiles, mais peuvent aussi faire preuve de la pire des méchancetés, surtout dans cette ambiance sombre, entourés qu’ils sont par les mauvaises nouvelles et les milliers de morts. J’ai été tour à tour attendrie par des gestes de pure générosité et révoltée par la cruauté de certains propos.

Être différent dans ce monde ignorant est souvent pris pour de la folie.

C’est un roman d’ambiance où le paysage, la mer, les landes ont presque un rôle à jouer, où il ne se passe finalement pas grand-chose. Mais c’est loin d’être un reproche, car on n’aimerait ne jamais arriver au bout, tant on se sent bien dans cette petite famille, même si on n’échappe pas aux horreurs et à l’absurdité de la guerre, à quelques scènes tragiques qui nous serrent le cœur.

En tout cas, jolie claque avec cette première découverte de Morpurgo (mieux vaut tard que jamais), un auteur qui arrive à rendre passionnant et touchant une petite partie de pêche entre un père et son fils. Il a une plume superbe, pleine de sensibilité, mêmes dans les petits riens du quotidien.

Note : 9/10

Extras
Traductrice : Diane Ménard
Première publication : avril 2015
Fiche Bibliomania
Michael Morpurgo a 72 ans et est un auteur prolixe avec des dizaines de romans à son actif. J’espère continuer ma découverte de ses si belles histoires. Je pense notamment à Soldat Peaceful et Le Royaume de Kensuké. Conseillez-moi !
Je suis fan du titre anglais « Listen to the Moon » qui a une résonance si tendre avec un magnifique détail de l’histoire.

Indulgences, de Jean-Pierre Bours

Indulgences, de Jean-Pierre BoursQuatrième de couverture

Dans une Allemagne entre Moyen Âge et Renaissance, dans un monde que se disputent la peste et la lèpre, la famine et la guerre, une mère et sa fille doivent braver leur destin pour tenter de se retrouver.
1500, au cœur de la forêt saxonne, une femme abandonne son enfant avant d’être arrêtée pour sorcellerie.
Quinze ans plus tard, alors que les premiers feux de la Renaissance et de la Réforme commencent à briller sur Wittenberg, la jeune Gretchen ne sait pas encore que la quête de son identité l’amènera à croiser ceux qui sont en train d’écrire l’histoire, qu’il s’agisse de Luther, de Cranach ou du très mystérieux docteur Faust…

Nbr de pages : 416 / Éditeur : HC Éditions

Mon avis

J’avais quelques doutes avant de me lancer dans ce livre, car je lis peu de romans historiques. Mais ceux-ci se sont très vite envolés et je me suis plongée dans cette histoire passionnante ancrée dans la très sombre Allemagne du début des années 1500. J’y ai découvert une époque fascinante, que je ne connaissais que très peu : les débuts de l’imprimerie, les procès pour sorcellerie, les révoltes contre la corruption de l’Église, les ravages de la peste.

J’aime bien l’Inquisition, elle est une partie de cette Force qui veut toujours le Bien et fait toujours le Mal. Il fallait bien que J’en soit le greffier, non ?

Jean-Pierre Bours, auteur belge (liégeois de surcroît), connaît vraiment bien son sujet. On voit de suite qu’il s’est beaucoup documenté : il insiste sur certains détails et donne parfois des précisions dans de petites notes en bas de page pour que l’on sache ce qui est fiction et ce qui est historique. On rencontre par exemple des personnages comme Luther ou Faust (l’auteur m’a d’ailleurs donné très envie de découvrir Goethe et son mythe du docteur Faust !). Il parsème également son texte de mots allemands, qui renforcent la plongée du lecteur dans ces petits villages de l’époque.

Cela pourrait en refroidir certains, peu coutumiers du genre historique (comme moi), mais sachez que ce roman est vraiment très accessible et prenant. Jean-Pierre Bours parvient à nous intéresser à une multitude de détails historiques et les descriptions ne sont jamais trop envahissantes et quand il y en a, c’est vraiment intéressant (je pense notamment au passage concernant l’atelier d’imprimerie et son utilisation). Et puis, les deux héroïnes sont particulièrement attachantes et on ne peut rester de marbre face à leur destin. On passe sans cesse d’une histoire à l’autre, du procès d’une jeune femme jugée par des personnages abjects à la quête d’identité d’une adolescente, et jamais la monotonie ne s’installe.

Je suis passée par pas mal d’émotions : au comble du désespoir face à des gens bornés et stupides, ravie d’une belle histoire d’amour, irritée par la cruauté de l’un, charmée par la bonté de l’autre, et captivée par tous les détails que j’ai appris. Comme petit bémol, j’ai noté que tous ces personnages étaient finalement peu nuancés et manichéens (la jolie jeune fille irréprochable face au pire barbare qui soit), mais ça ne nuit pas particulièrement à ce roman, que j’ai lu d’une traite.

Note : 8,5/10

Extras
Première publication : novembre 2014
Fiche Bibliomania
En 1977, Jean-Pierre Bours a remporté le prix Jean Ray pour son recueil de nouvelles fantastiques : Celui qui pourrissait. Pour Indulgences, l’auteur est encensé par Amélie Nothomb, qui juge son roman passionnant et impressionnant.

« Je m’étais demandé comment affronter l’histoire. Un moment donné, je me suis dit que j’allais la faire raconter par Méphisto. Mais je me suis aperçu que cela devait alors l’être sur un mode ironique et que le pathos disparaîtrait. j’ai dès lors adopté un compromis : Méphisto n’est pas un narrateur, mais il intervient, il commente. En italique dans le texte. Comme dit l’imprimeur Franz, c’est le caractère du diable. »
Le Soir, 29-30 novembre 2014

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Challenge 1% Rentrée littéraire organisé par Sophie Hérisson

challenge 1% Rentrée littéraire6/6

Challenge 1 mois = 1 consigne, organisé par Nessa

Challenge 1 mois = 1 consigne
Novembre : Lire un livre choisi par quelqu’un d’autre

Le Viking qui voulait épouser la fille de soie, de Katarina Mazetti

Le Viking qui voulait épouser la fille de soie, de Katarina MazettiQuatrième de couverture

Sur une île du sud de la Suède au Xe  siècle, un homme vit seul à la ferme avec ses deux fils. Le chemin de ceux-ci est tout tracé : naviguer au loin, pour guerroyer au-delà des mers à l’Ouest, ou pour faire commerce sur les voies fluviales de l’Est.
De l’autre côté de la Baltique, à Kiev, vivent un marchand de soie et sa famille. Radoslav rêve de devenir soldat, sa sœur Milka est une jeune fille raffinée qui joue avec ses deux esclaves : Petite Marmite et Poisson d’Or. Mais la belle ville d’Orient est sur le point de tomber aux mains des pillards. Milka et Radoslav trouveront refuge auprès de rustres navigateurs venus du Nord.
Dès lors le destin des deux familles sera à jamais mêlé.
Du suspense, de l’amour, du sang, des combats, et même de la poésie — eh oui, les Vikings étaient aussi de formidables poètes !

Nbr de pages : 254 / Éditeur : Gaïa / Titre VO : Blandat Blod

Mon avis

Après mon coup de cœur pour Le mec de la tombe d’à côté, j’avais très envie de découvrir les autres romans de Mazetti, et c’est sur son petit dernier que c’est tombé. Je ne m’attendais à rien de particulier et j’ai retrouvé avec plaisir son talent de conteuse.

Je connaissais déjà un peu le sujet, grâce à la série télé Vikings, mais j’ai beaucoup aimé approfondir mes connaissances sur ce peuple grâce à ce roman bien écrit et bien documenté. À la fin de l’ouvrage, Mazetti joue cartes sur table et explique ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas, ce qui est d’autant plus intéressant ! On y découvre donc les mœurs des Vikings, leurs dieux, les völvas, les tombes-bateaux, les esclaves, les rituels, avec des réflexions intéressantes sur leurs croyances, confrontées à celles des chrétiens.

L’histoire est vraiment très agréable à lire et nous dépayse pour quelques heures. L’auteur nous plonge dans un roman d’aventures, tout en tissant des liens entre chaque protagoniste pour nous dépeindre une fresque familiale détonante où surgissent trahisons, histoires de cœur, disparitions et retrouvailles. Chaque personnage de ce petit monde a droit à son histoire et ils n’en sont que plus attachants.

Je n’ai pas grand-chose à reprocher à ce roman, si ce n’est que l’histoire est courte et sans grande surprise (le titre de chaque chapitre résume les actions à venir dans une jolie petite phrase, comme dans les sagas de l’époque). J’ai aimé sortir de ma zone de confort avec ce roman historique, mais je n’en garderai pas non plus un souvenir impérissable. Et même si le contexte ne s’y prêtait pas vraiment, j’ai regretté de ne pas retrouver l’humour mordant qui m’avait régalée dans Le mec de la tombe d’à côté.

Note : 7,5/10

Extras
Traductrice : Lena Grumbach
Première publication : mars 2014 (en 2008 pour la VO)
Fiche Bibliomania
Une saga est mot islandais pour qualifier un récit en prose historique. Les sagas des Islandais sont des sagas familiales rapportant les hauts faits d’un ancêtre du Xe et XIe siècle.

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Challenge Petit Bac organisé par Enna
Challenge Petit Bac 2013
Matière : soie