Archives du blog

Harry Potter et l’enfant maudit, par J.K. Rowling, Jack Thorne et John Tiffany

Harry Potter et l'enfant maudit

Résumé de l’éditeur

Être Harry Potter n’a jamais été facile et ne l’est pas davantage depuis qu’il est un employé surmené du ministère de la Magie, marié et père de trois enfants. Tandis que Harry se débat avec un passé qui refuse de le laisser en paix, son plus jeune fils, Albus Severus, doit lutter avec le poids d’un héritage familial dont il n’a jamais voulu. Le destin vient fusionner passé et présent. Père et fils se retrouvent face à une dure vérité : parfois, les ténèbres surviennent des endroits les plus inattendus.

Nbr de pages : 330 / Éditeur : Little, Brown and Company / Titre VO : Harry Potter and the Cursed Child

Mon avis

Il sort dans quelques jours en français, mais comme beaucoup, je n’ai pas pu résister à la tentation de le découvrir au plus vite et de le lire donc en anglais. Le suspense était à son comble, allais-je retomber en enfance et retrouver la magie des romans ? La fan que je suis ne pouvais en tout cas pas passer à côté de cette lecture, quelles que soient les attentes. Et finalement, des attentes, j’en avais très peu. Je souhaitais juste me replonger dans un univers que j’aime, retrouver des personnages que j’aime et je ne savais pas du tout à quoi m’attendre, si ce n’est une histoire basée sur le fils de Harry Potter qui vit mal la célébrité du papa.

Alors… plein de questions se bousculent sans doute dans vos petites têtes et je vous propose dès lors une chronique sous forme de questions/réponses !

1) Une nouvelle histoire dans l’univers, c’est génial… Mais, en pièce de théâtre, ça fonctionne quand même ?

Évidemment, on est habitué aux romans et ce nouveau format peut être désarçonnant pour les personnes peu férues de théâtre. Personnellement, je lis peu de pièces et c’est vrai que je redoutais un peu de ne pas vivre l’histoire aussi facilement… mais il n’en fut rien. Du tout. Les dialogues rendent l’histoire très dynamique et il y a quelques détails visuels pour la mise en scène qui permettent de s’imaginer parfaitement le déroulement de l’intrigue. Après quelques pages, on est pris dans l’histoire et on ne fait même plus attention au fait qu’on lit un script. Par contre, il y a des grands discours déclamatoires très… théâtraux qui ne passent pas toujours tip top à l’écrit et on sent alors le côté très oral du texte, destiné avant tout à être vu, plutôt que lu. Et du coup, ça donne super (super) fort envie de voir la pièce qui doit être tout simplement grandiose ! À plusieurs reprises, on se demande ce que telle situation pourrait donner sur une scène de théâtre, comment ils ont pu rendre tel retournement sans les effets spéciaux des films, etc. Bref, ça doit valoir le coup d’œil et je ne rêve plus que de pouvoir découvrir la pièce à Londres (qui affiche déjà complet jusqu’à l’été 2017 !).

2) Harry Potter écrit en grande partie par quelqu’un d’autre que J.K. Rowling, ça dénote ?

J.K. était vraiment une experte au niveau des descriptions, qui étaient très visuelles dans ses romans, et elle n’avait pas son pareil pour nous plonger dans un univers fantastique travaillé. Et puis, il y avait un « je ne sais quoi » de tendre et d’amusant dans sa plume qui nous donnait toujours le sourire. En lisant cette nouvelle histoire, je me suis dit qu’on sentait bien que ce n’était pas elle… Cela manque clairement de finesse et de rigueur. Pourtant, on retrouve de nombreuses touches d’humour « à la Harry Potter », ainsi que beaucoup de tendresse. Mais, comme la forme est différente, tout en dialogues, le décalage n’est pas saisissant et c’est loin d’être mal écrit.

3) D’accord, mais l’histoire, elle tient la route ?

Oui, vraiment ! J’ai été étonnement surprise par la richesse de l’histoire, par les nombreux revirements de situation et l’originalité avec laquelle les scènes s’enchaînent ! Contrairement à certains, je n’ai jamais lu de fanfictions, du coup, je ne savais vraiment pas à quoi ça pouvait ressembler une histoire tirée de l’univers d’Harry Potter. Je m’attendais plutôt à une petite histoire gentille, sans grands remous, sur la vie à Poudlard dix-neuf ans plus tard, vécue avec difficulté par Albus Potter. Et si ce nouveau livre m’a tant plu, c’est indéniablement parce que je ne savais rien de ce qui allait se dérouler sous mes yeux. Et justement, j’en ai pris plein la vue ! Je vous réponds donc oui à cette question, mais je ne vous en dirai pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir.

4) Cette huitième histoire, elle est accessible à tous ?

Pour moi, elle est un superbe bonus pour les millions de fans de Harry Potter. C’est pour eux que cette pièce a été écrite et c’est clairement du « fanservice ». Très peu de nouveauté niveau univers, on reprend tout ce qu’on connaît niveau lieux, sorts et personnages et on en fait une nouvelle histoire. Étant donné le nombre de clins d’œil et de références explicites aux autres romans, ce nouveau livre séduira difficilement les nouveaux lecteurs qui risqueraient de s’y perdre. Mais bon, à notre époque, qui ne connaît pas encore Harry Potter ?! Mais comme l’univers et l’intrigue sont moins sombres et moins complexes que dans les romans, cela pourrait être une chouette façon de commencer la lecture pour les jeunes lecteurs qui n’auraient vu que les films !

5) Oui, mais ce qu’on veut vraiment savoir, c’est si cette suite était une bonne idée… Est-ce qu’on retrouve l’étincelle ? La magie est-elle toujours intacte ?

Quand on est aussi attaché à un univers, on ne peut que se réjouir de pouvoir s’y replonger… Cette suite, elle mise beaucoup sur cet attachement : c’est un vrai plaisir de retrouver des personnages qu’on adorait et de découvrir comment ils ont évolué, d’avoir des informations supplémentaires sur des héros disparus trop tôt. Et puis, les deux héros principaux sont très attachants et l’humour piquant est au rendez-vous. Cette pièce remplit tout à fait sa fonction de suite nostalgique pour les amoureux de Harry Potter et oui, étincelle il y a. De là à dire que la magie est intacte, peut-être pas… On est quand même plusieurs niveaux en-dessous des romans, qui avaient entraîné une véritable révolution dans la littérature jeunesse ! Et en aucun cas, on ne saurait retrouver cette exacte magie, celle de la découverte d’un univers aussi riche et passionnant.

6) Bon alors, pas déçue ?

Personnellement, je suis ravie et cette histoire a répondu à toutes mes attentes et plus encore. Ça n’empêche pas à ce livre d’avoir des défauts, mais on aime tant l’univers qu’on y est presque aveugle. Cela manque peut-être un peu de sang frais et d’inventivité dans le sens où on connait déjà tout et tout le monde, mais l’intrigue m’a emmenée là où je ne l’attendais pas, m’a fait revivre des scènes connues d’un autre œil et a rendu un très bel hommage à certains personnages. Je referme le livre avec un grand sourire en espérant voir un jour la pièce !

Note : 8,5/10

Extras
Traduction : Jean-François Ménard
Première publication : juillet 2016 (VO) – octobre 2016 (VF)
Fiche Bibliomania
Petite auto-promotion : venez retrouver la magie Harry Potter lors de notre soirée pour le lancement du livre en français le 13 octobre à partir de 20 h à la librairie La Parenthèse à Liège ! Toutes les infos ici.

Enregistrer

Le Mystère de Lucy Lost, de Michael Morpurgo

Le Mystère de Lucy Lost de Michael MorpurgoRésumé de l’éditeur

Mai 1915. Sur une île déserte de l’archipel des Scilly, un pêcheur et son fils découvrent une jeune fille blessée et hagarde, à moitié morte de faim et de soif. Elle ne parvient à prononcer qu’un seul mot: Lucy. D’où vient-elle? Est-elle une sirène, ou plutôt, comme le laisse entendre la rumeur, une espionne au service des Allemands?
De l’autre côté de l’Atlantique, le Lusitania, l’un des plus rapides et splendides paquebots de son temps, quitte le port de New York. À son bord, la jeune Merry, accompagnée de sa mère, s’apprête à rejoindre son père blessé sur le front et hospitalisé en Angleterre…

Nbr de pages : 448 / Éditeur : Gallimard Jeunesse / Titre VO : Listen to the Moon

Mon avis

Je ne m’attendais pas à autant apprécier cette histoire sur fond historique, et pourtant que d’émotions ! Un beau récit de vies, d’une communauté pleine de personnages attachants, avec un cœur grand comme ça, que l’on voudrait tout de suite pouvoir adopter !

On suit d’une part l’histoire de Lucy Lost, retrouvée à moitié morte sur une minuscule île anglaise et accueillie dans une famille aimante, et de l’autre celle de Merry, petite américaine embarquant sur le Lusitania en 1915 pour rejoindre l’Angleterre et son père, soldat blessé pendant la guerre. Les différentes parties du roman s’imbriquent à merveille pour nous faire découvrir petit à petit tous les mystères de ces deux récits, jusqu’à ce que tout se recoupe.

J’ai aimé par-dessus tout la finesse des personnages, leur complicité et leurs relations hors du commun. Sur cette île, on découvre toute une communauté, où tout le monde connaît tout le monde et où les cancans vont bon train. Ces gens sont capables du meilleur comme du pire, ils peuvent s’entraider dans les moments les plus difficiles, mais peuvent aussi faire preuve de la pire des méchancetés, surtout dans cette ambiance sombre, entourés qu’ils sont par les mauvaises nouvelles et les milliers de morts. J’ai été tour à tour attendrie par des gestes de pure générosité et révoltée par la cruauté de certains propos.

Être différent dans ce monde ignorant est souvent pris pour de la folie.

C’est un roman d’ambiance où le paysage, la mer, les landes ont presque un rôle à jouer, où il ne se passe finalement pas grand-chose. Mais c’est loin d’être un reproche, car on n’aimerait ne jamais arriver au bout, tant on se sent bien dans cette petite famille, même si on n’échappe pas aux horreurs et à l’absurdité de la guerre, à quelques scènes tragiques qui nous serrent le cœur.

En tout cas, jolie claque avec cette première découverte de Morpurgo (mieux vaut tard que jamais), un auteur qui arrive à rendre passionnant et touchant une petite partie de pêche entre un père et son fils. Il a une plume superbe, pleine de sensibilité, mêmes dans les petits riens du quotidien.

Note : 9/10

Extras
Traductrice : Diane Ménard
Première publication : avril 2015
Fiche Bibliomania
Michael Morpurgo a 72 ans et est un auteur prolixe avec des dizaines de romans à son actif. J’espère continuer ma découverte de ses si belles histoires. Je pense notamment à Soldat Peaceful et Le Royaume de Kensuké. Conseillez-moi !
Je suis fan du titre anglais « Listen to the Moon » qui a une résonance si tendre avec un magnifique détail de l’histoire.

Am stram gram, de M.J. Arlidge

Am stram gram, de M.J. ArlidgeRésumé de l’éditeur

Deux jeunes gens sont enlevés et séquestrés au fond d’une piscine vide dont il est impossible de s’échapper. À côté d’eux, un pistolet chargé d’une unique balle et un téléphone portable avec suffisamment de batterie pour délivrer un terrible message : « Vous devez tuer pour vivre. » Les jours passent, la faim et la soif s’intensifient, l’angoisse monte. Jusqu’à l’issue fatale. Les enlèvements se répètent. Ce sont les crimes les plus pervers auxquels le commandant Helen Grace ait été confrontée. Si elle n’avait pas parlé avec les survivants traumatisés, elle ne pourrait pas y croire. Helen connaît les côtés sombres de la nature humaine, y compris la sienne ; pourtant, cette affaire et ces victimes apparemment sans lien entre elles la laissent perplexe. Rien ne sera plus terrifiant que la vérité.

Nbr de pages : 408 / Éditeur : 10/18 / Titre VO : Eeny Meeny

Mon avis

Le voilà le thriller haletant que j’attendais ! Évidemment, avec un pitch pareil, un peu à la sauce Saw, je ne pouvais qu’adhérer… Il n’a pas que des qualités, mais pour moi c’est indéniablement un bon thriller avec tous les ingrédients qu’il faut pour une lecture addictive. Bref, je me suis régalée et je vous le recommande grandement !

C’est d’abord le côté original et glaçant qui m’a attirée : ce sinistre jeu du Am stram gram entre deux victimes qui se connaissent, auxquelles on ne peut s’empêcher de s’identifier… Et si c’était moi, enfermée avec mon copain, ma mère, ma meilleure amie… ? Comment réagirais-je ? Ça fait franchement froid dans le dos et l’auteur ne nous épargne pas les détails glauques et saugrenus de l’enfermement, de l’horreur de la situation. C’est noir de chez noir et parfois bien dégueu : âmes sensibles, s’abstenir.

Ensuite, ce qui fait que ça fonctionne super bien, ce sont les chapitres très courts qui donnent une vraie dynamique, avec des fins pleines de suspense, qui donnent envie de lire chaque fois plus, de découvrir encore un nouveau petit indice, une nouvelle piste, bref, le coup du « encore un petit chapitre »… Il se dévore et on arrive très vite à la fin, avec l’envie de comprendre, d’emboîter toutes les pièces du puzzle. Le final est vraiment à la hauteur de mes attentes, personnellement, je n’ai rien vu venir et tout tient la route. (Avec du recul, je me demande quand même comment je n’ai pas tout pigé plus tôt… Les fins limiers ne se laisseront sans doute pas avoir !)

Bien sûr, il y a ces quelques clichés auxquels on n’échappe plus (les flics et leurs démons : boisson, sexe, secret de famille) et la plume n’est pas toujours des plus travaillées, mais je n’ai quand même rien à y redire pour autant, ce roman « fait le job » et nous tient scotchés jusqu’aux dernières pages.

Note : 9/10

Extras
Traductrice : Elodie Leplat
Première publication : mars 2015
Fiche Bibliomania
On retrouve le commandant Helen Grace dans le nouveau roman de M.J. Arlidge : Il court, il court, le furet (qui me tente bien !)
Il court, il court, le furet..., de M.J. Arlidge

Les Petits Secrets d’Emma, de Sophie Kinsella

Les Petits Secrets d'Emma, de Sophie KinsellaRésumé de l’éditeur

Ce n’est pas qu’Emma soit menteuse, non, c’est plutôt qu’elle a ses petits secrets. Par exemple, elle fait un bon 40, pas du 36. Elle ne supporte pas les strings. Elle a très légèrement embelli son CV. Et avec Connor, son petit ami, au lit ce n’est pas franchement l’extase. Bref, rien de bien méchant, mais plutôt mourir que de l’avouer. Mourir ? Justement… Lors d’un voyage en avion passablement mouvementé, Emma croit sa dernière heure arrivée. Prise de panique, elle déballe tout à son séduisant voisin…

Nbr de pages : 491 / Éditeur : Belgique Loisirs (Piment) / Titre VO : Can You Keep a Secret?

Mon avis

Sophie Kinsella, voilà une auteure que j’aimais beaucoup quand j’avais 16-17 ans ! De façon assez inattendue, j’ai commencé ce petit roman en me demandant si je retrouverais l’humour et la légèreté qui me plaisaient tant dans la littérature chick-lit ou si j’étais définitivement passée à autre chose. Les premiers chapitres m’ont paru assez bateau et niais et puis soudain, j’ai basculé dans l’histoire avec Emma et j’ai dévoré le roman en une soirée. Alors, la réponse est oui, je suis toujours la même qu’il y a 10 ans !

Il faut avouer que je suis assez bon public quand même… J’adore le comique de situations des bons vaudevilles au théâtre. Et ici, on est servi en matière de secrets, de situations inattendues, de quiproquos et de retournements de situation farfelus ! Et ces moments-là, ils sont vraiment jubilatoires.

Emma est un personnage assez stéréotypé, avec ses angoisses et ses petits défauts, ses envies et ses rêves et surtout ses petits secrets. Je pensais ne pas trop me sentir à ma place dans sa tête et pourtant, on s’y amuse beaucoup. Elle est bornée et est toujours en train de ressasser des pensées délirantes. C’est ce que j’ai préféré : ces petites piques qu’elle lance à tout le monde mais seulement en pensée, ces grandes déclarations à elle-même où elle se persuade d’avoir pris la bonne décision quand on sait très bien qu’elle est complètement à côté de la plaque. Ces petits monologues intérieurs sont vraiment les bienvenus, alors qu’en général, ils ont le don de m’énerver. Du coup, pari réussi !

Bref, j’ai passé un très bon moment, même si j’ai quand même relevé quelques petits accros comme le choix de vocabulaire parfois un peu vulgaire, le côté assez prévisible des enchaînements et de la fin, la place omniprésente de la mode, du sexe et de la minceur (Emma ment sur son poids, prétendant faire 48 kg alors qu’elle en fait 58. Là, j’ai vraiment haussé les sourcils…). Mais ces petits défauts sont bien souvent inhérents à ce genre de romans. Et je n’en tiendrai clairement pas rigueur à celui-ci qui mérite tout à fait sa place parmi les (trop) rares livres qui m’ont vraiment fait rire !

Note : 8/10

Extras
Traductrice : Daphné Bernard
Première publication : janvier 2005
Fiche Bibliomania
Je me suis lancée dans cette lecture, car il est en lecture imposée dans une école de la région. Étonnant non ?
J’ai encore quelques romans de Sophie Kinsella dans ma PAL. On refait le point dans 10 ans ?

Tatie pourrie, de David Walliams

Tatie pourrie, de David Walliams

 

Mon résumé

Stella Saxby se réveille plâtrée de la tête aux pieds après un grave accident. Elle découvre qu’elle est la seule survivante et qu’elle va hériter du manoir de ses parents. Mais c’est compter sans son horrible tante et son hibou géant de compagnie, qui vont tout faire pour récupérer l’acte de propriété. Stella devra trouver le courage de surmonter son chagrin pour déjouer les affreux tours de cette maudite tatie…

Nbr de pages : 431 / Éditeur : Albin Michel Jeunesse (Witty) / Titre VO : Awful Auntie

Mon avis

Auriez-vous, par hasard, une tatie terrible ? Une tatie qui ne vous laisse jamais regarder votre émission de télévision préférée le soir ? Ou qui vous force à avaler jusqu’à la dernière miette son immonde tarte à la rhubarbe, alors qu’elle sait pertinemment que vous détestez la rhubarbe ? Peut-être donne-t-elle un gros baiser baveux à son caniche avant de vous donner un gros baiser baveux, à vous ? […]
Eh bien, si horrible que soit votre tatie, question horreur, elle n’arrivera jamais à la cheville de la tante Alberta.

En ce début d’octobre vient de sortir un roman que j’ai adoré, et qui est cruellement drôle. J’insiste sur le mot cruel, car même s’il est à mettre entre toutes les mains, il n’en est pas moins dépourvu d’un humour noir et morbide. Voyez par vous-même : une horrible tatie meurtrière séquestre et torture sa nièce pour récupérer un acte de propriété. Et tous les coups semblent permis ! Mais derrière cette façade dramatique, on rit énormément. Pour vous situer un peu mieux : on se place à mi-chemin entre Matilda, affrontant Mlle Legourdin, infâme parmi les infâmes, et le jeune Kévin, resté seul chez lui pour s’occuper des méchants dans Maman, j’ai raté l’avion.

Mlle Legourdin

On suit avec régal les mésaventures de la jeune Sally, qui tente de percer le mystère de la mort de ses parents, de s’évader de la chambre où elle est retenue prisonnière, d’appeler la police, de se trouver un allié parmi les personnages loufoques qui se présentent au manoir, et surtout de se débarrasser de cette tatie égoïste, moche, brutale et complètement maboule. Les dialogues sont savoureux et j’ai pris énormément de plaisir à découvrir la plume de cet auteur british que je ne connaissais pas du tout, à l’humour mordant et tordant !

Mais la petite touche qui fait tout, ce sont les illustrations de Tony Ross, qui donnent vie à cette histoire et dédramatisent considérablement les passages plus sombres de cette aventure. On sent qu’auteur et illustrateur se sont beaucoup amusés à construire cette histoire, avec toutes sortes de listes et énumérations (les 10 choses les plus méchantes que la tante Alberta ait trouvées pour harceler son petit frère quand ils étaient jeunes, ou encore les 10 repas préférés d’un hibou géant) et de détails peu ragoutants ou carrément flippants.

Bref, n’hésitez pas à découvrir cette histoire bien barrée, accessible aux petits lecteurs dès 9 ans, qui ont quand même le cœur bien accroché !

Allez encore un petit extrait pour la route, pour vous familiariser un peu avec cette peau de vache d’Alberta !

— Si c’est comme ça, mon enfant, je vais devoir te laisser attachée là-dessus, sans rien à manger ni à boire. Et chaque fois que je reviendrai je redonnerai un tour de manivelle. Et encore un tour, et encore un tour, jusqu’à ce que tes bras et tes jambes se détachent.
C’était une image terrifiante. Stella était très attachée à ses bras et à ses jambes. Mais elle ne voulait surtout pas montrer qu’elle avait peur.
— Tu finiras par céder, ma petite, prédit la tante Alberta.
— Jamais !
— Oh que si. Ce soir, demain ou après-demain, ou après-après-demain, ou après-après-après-demain, tu finiras par craquer. Bientôt, tu me supplieras de te laisser signer l’acte de propriété. Alors, Saxby Hall sera enfin à moi ! Rien qu’à moi !
— Tu es un monstre ! cria la fillette.
Ce que la tante Alberta prit comme un compliment.

Note : 8,5/10

Extras
Traductrice : Valérie Le Plouhinec
Première publication : octobre 2015
Fiche Bibliomania
Retrouvez le duo Walliams-Ross dans plein d’autres romans illustrés que je me réjouis de découvrir :
Ratburger, Mamie Gangster, Diabolique dentiste, etc.

Awful Auntie by David Walliams & Tony Ross

Archie Greene et le secret du magicien, de D.D. Everest

Archie Greene et le secret du magicien, de D.D. Everest

Mon résumé

Archie Greene vit avec sa grand-mère et a toujours rêvé d’aventures. Le jour de ses douze ans, il reçoit un étonnant grimoire et une lettre lui révélant l’existence d’une librairie étonnante à Oxford, où il est attendu sur-le-champ. C’est le début d’un intrigant périple où il découvrira qu’on lui a caché bien des choses. La magie est toujours bien présente et il fait partie des gardiens de la flamme d’Alexandrie, qui veillent sur les livres magiques.

Nbr de pages : 371 / Éditeur : Bayard Jeunesse / Titre VO : Archie Greene and the Magician’s secret

Mon avis

Alors bien sûr, on pense à Harry Potter, avec ce monde magique en marge du nôtre, la lettre qui arrive pour le douzième anniversaire, le statut d’orphelin du jeune héros, mais on s’en détache très vite pour se laisser porter par les aventures d’Archie, apprenti relieur dans une librairie assez particulière…

Je craignais un peu que cette lecture soit trop simpliste et finalement, quelle bonne surprise ! L’univers proposé est vraiment bien réfléchi et très original. L’auteur a imaginé des dizaines d’objets magiques, de livres fantastiques aux propriétés étonnantes, de métiers inattendus, le tout mêlé à une histoire de collectionneurs remontant à Alexandre Le Grand et à l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie. On sourit aux nombreux clins d’œil et on s’émerveille devant toutes ces trouvailles : les Livres Captivants qui peuvent nous happer entre leurs pages, le loup-flamme, mi-loup mi-dragon, le Livre de Jadis qui nous révèle le passé, les livres pop-up d’où jaillissent chevaliers et bêtes féroces, les Terribles Tomes qui pourraient bien détruire notre monde à coups de magie noire et bien d’autres surprises vous attendent.

Ce livre est parfait pour les bons petits lecteurs dès 9 ans qui n’oseraient pas encore se lancer dans la grande saga d’Harry Potter. Les aventures d’Archie Greene et de ses cousins Ronce et Chardon s’enchaînent rapidement et promettent de nombreuses péripéties. Pour les moins jeunes par contre, cela manquera sans doute de nuances et de subtilité. Tout est dit clairement pour mettre le héros sur la piste et les petites réflexions en fin de chapitre laissent souvent peu de place aux doutes. Pour le coup, on est loin des intrigues intelligentes et complexes d’Harry Potter.

Mais je ne cache pas pour autant mon plaisir ! Ce petit roman est prenant, intrigant, plein de mystère, de fantaisie, de magie et bien sûr… de livres, alors forcément, je ne pouvais qu’aimer !

Ma note : 8/10

Extras
Traductrice : Sidonie Van Den Dries
Première publication : mars 2015
Fiche Bibliomania
D.D. Everest est un auteur et journaliste économique britannique.
Archie Greene est son premier roman.
Archie Greene - VO

***

 Challenge Petit Bac organisé par Enna
Petit Bac 2015Prénom : Archie

Challenge Gourmand, organisé par Titepomme

Challenge gourmand
3 : chocolat et marshmallow

Sans prévenir, de Matthew Crow

Sans prévenir, de Matthew Crow

Quatrième de couverture

À 15 ans, Francis Wootton est passionné de vieux films, de musique rock et de lectures romantiques. Mais avant tout, il ne se prend pas au sérieux. Sans prévenir, un jour, la vie bascule. On lui diagnostique une leucémie. À l’hôpital où il entre pour son traitement, il rencontre Ambre, son caractère de chien, son humour féroce, sa vulnérabilité désarmante…

Nbr de pages : 320 / Éditeur : Gallimard jeunesse / Titre VO : In Bloom

Mon avis

Quand on écrit une histoire d’amour dramatique entre deux jeunes cancéreux, il faut savoir souffrir la comparaison avec Nos étoiles contraires, qui s’est imposé aussi bien dans les librairies, sur les blogs, sur les écrans que dans nos cœurs. Malheureusement, n’est pas John Green qui veut. Là où j’avais été transportée bien loin par l’émotion et l’amour, je suis cette fois-ci restée bien ancrée sur terre, à la limite parfois de l’ennui.

Matthew Crow nous propose un héros de quinze ans assez banal, solitaire et un brin loser. Francis n’a rien de bien folichon et m’a semblé être un héros un peu fadasse pour une histoire de cet acabit. De l’autre côté, on rencontre Ambre, déjà bien plus pétillante. Mais l’alchimie ne fonctionne pas vraiment. Leur histoire est mignonne, mais pas exaltante. Ils se font des petits bisous et se donnent la main, organisent quelques petits coups en douce, mais ne nous entraînent jamais dans des aventures folles, dans des discussions palpitantes, dans des scènes émouvantes.

Ce roman est clairement destiné à de jeunes lecteurs qui pourront s’identifier aux héros. Francis et Ambre font encore très gamins et sont loin d’avoir la maturité d’Augustus et Hazel. Matthew Crow nous explique dans sa lettre aux blogueurs qu’il a souhaité créer « un héros masculin pathétique, gentil, plein de bonnes intentions, mais quand même bien niais », le genre de personnage qu’un ado grassouillet et couvert d’acné aurait envie de retrouver dans un roman, loin des clichés des « beaux gosses, des stars de films d’action et des bourreaux des cœurs qui disaient toujours exactement ce qu’il fallait dire au bon moment. » En cela, Matthew Crow a vraiment atteint son objectif et du coup, je ne voudrais pas être trop sévère avec son roman, car je suis passée à côté de son intention. Moi, à 25 ans, je préfère clairement un beau héros plein de repartie (Augustus, je t’aime !).

J’ai quand même rigolé à quelques reprises et ma gorge s’est serrée à la fin, alors je ne pourrais pas dire que ce roman manque d’émotions, ce serait faux. La panoplie de personnages secondaires est très bien réussie et Ambre, avec son fort caractère, porte presque à elle seule le roman. Mais Francis est de fait très niais, fait des montagnes pour pas grand-chose et chaque petit aléa de sa vie d’ado devient un scénario mélodramatique capital. Un ado se retrouvera peut-être dans son personnage, toujours dans l’exagération, mais l’urgence de la maladie et la tristesse de la famille me semblaient tellement terribles à côté, que je me suis rarement prise d’affection pour Francis.

Note : 6,5/10

Extras
Traductrice : Marie Hermet
Première publication : janvier 2015
Fiche Bibliomania
Si j’ai bien compris, le titre anglais « In Bloom » est sorti en 2013, mais le roman va être republié en mars 2015 sous le titre « The Brilliant Light of Amber Sunrise ».
Matthew Crow est né en 1987.

***

Challenge ABC 2015 organisé par Nanet

ABC20153 dans le challenge ABC 2015 – Lettre C

Challenge Gourmand, organisé par Titepomme

Challenge gourmand
2 : une boule en chocolat

Mauvaise étoile, de R.J. Ellory

Mauvaise étoile, de R.J. ElloryQuatrième de couverture

Texas, 1960. Elliott et Clarence sont deux demi-frères nés sous une mauvaise étoile. Après l’assassinat de leur mère, ils ont passé le plus clair de leur adolescence dans des maisons de correction et autres établissements pénitentiaires pour mineurs. Le jour où Earl Sheridan, un psychopathe de la pire espèce, les prend en otages pour échapper à la prison et à la condamnation à mort, ils se retrouvent embarqués dans un périple douloureux et meurtrier. Alors que Sheridan, accompagné des deux adolescents, sème la terreur dans les petites villes américaines bien tranquilles qui jalonnent leur route, une sanglante et terrible partie se met en place entre les trois protagonistes. Loin de se douter de la complexité de celle-ci, la police, lancée à leurs trousses, et en particulier l’inspecteur Cassidy ne sont pas au bout de leurs surprises.

Nbr de pages : 535 / Éditeur : Sonatine / Titre VO : Bad Signs

Mon avis

Si vous tombez sur Mauvaise étoile en librairie et que vous lisez les deux premières pages, je suis presque sûre que vous aurez envie de rentrer chez vous avec. En tout cas, moi c’est l’effet qu’il m’a fait : j’ai instantanément adoré ce début de roman. Dès les premières phrases, l’histoire est lancée, et surtout le ton est donné. Le narrateur raconte les faits avec un délicieux cynisme et nous prépare à la suite des événements à petits coups de « … Et le pire n’était pas encore arrivé ».

Très vite, on fait la connaissance de nos deux héros, deux jeunes frères qui ont énormément morflé et qui vont continuer à enchaîner les emmerdes. C’en est presque frustrant d’avoir autant de malchance dans la vie. Surtout Clay, le jeune et brave frérot, avec qui on souffre, à qui on souhaite une suite meilleure. Mais le narrateur nous rappelle souvent à l’ordre et nous conseille de ne pas nous faire d’illusions. Des emmerdes, il y en aura, et des morts aussi, plus qu’on ne peut en compter. Comme s’ils ne baignaient pas assez dans les problèmes, Clay et Digger se font prendre en otages par un taré qui va les entraîner dans sa quête de sang. Enfin, ils peuvent râler tant qu’ils veulent, mais moi j’ai adoré partir dans cette virée morbide avec ce tueur en série idiot.

Après une centaine de pages, un nouveau rebondissement relance la machine avant qu’elle ne s’enraye avec des événements trop répétitifs et l’aventure reprend, complètement chamboulée. Malheureusement, c’est un gros roman et une routine finit bien par s’installer, pendant que les morts s’enchaînent. La tension est toujours présente, l’espoir d’une issue favorable perdure, mais un petit manque de dynamisme se fait finalement sentir.

Personnellement, je ne me suis pas pour autant ennuyée une seule seconde et je me suis délectée de cette histoire superbement narrée par R.J. Ellory, que je découvre ici. Il a un talent indéniable pour créer des personnages complexes et des intrigues intenses et je compte bien le retrouver rapidement dans ses autres romans.

Note : 8,5/10

Extras
Traducteur : Fabrice Pointeau
Première publication : octobre 2013
Fiche Bibliomania
Sachez qu’avec ma note, je fais vachement baisser la moyenne de ce livre, alors n’hésitez surtout pas à l’adopter, promis, c’est de la qualité ! Allez voir les avis de Nelfe et Lisalor par exemple.
R.J. Ellory a également écrit une trilogie consacrée à la mafia (Vendetta), à la CIA (Les Anonymes) et au NYPD (Les anges de New York).
Tout comme ses deux jeunes héros, Ellory a perdu sa mère très jeune et a été placé dans un orphelinat jusqu’à ses 16 ans.

***

Challenge ABC 2014 organisé par Nanet

ABC 2014
4 dans le challenge ABC 2014 – Lettre E

Challenge Petit Bac organisé par Enna
Challenge Petit Bac 2013
Gros mot : mauvaise

La Cité, de Stella Gemmell

La Cité, de Stella GemmellQuatrième de couverture

Construite sur des milliers d’années, faite d’une multitude de niveaux, la Cité est aussi vaste qu’ancienne. Au fil des siècles, elle s’est étendue au-delà de ses remparts, menaçant sans cesse les royaumes voisins. Au coeur de la Cité réside le sanguinaire Empereur, dont le visage reste un mystère et que la mort même semble craindre : certains vont jusqu’à douter de son humanité.
Une poignée de rebelles espérant mettre fin à ce règne de terreur placent leurs espoirs en un seul homme, dont le nom sonne comme une légende : Shuskara. Celui qui fut autrefois le général favori de l’Empereur. Un homme respecté, capable de provoquer un soulèvement et d’unir la Cité. Mais aussi un criminel trahi, emprisonné et torturé avant de disparaître…
Nbr de pages : 576 / Éditeur : Bragelonne / Titre VO : The City

Mon avis

Si ma lecture fut longue, elle n’en fut pas moins captivante. J’ai tout de suite plongé dans les bas-fonds de la Cité aux côtés d’Elija et Emly, deux jeunes frère et sœur tentant de survivre dans les égouts putrides, où vit toute une communauté de reclus. L’ambiance est oppressante, l’odeur asphyxiante, mais on quitte très vite les sous-sols pour aller respirer à l’air libre le sang des cadavres sur les champs de bataille. On se promène ensuite dans les rues de la Cité, sales, parfois à l’abandon, jusqu’au donjon rouge, où vit l’Immortel, le mystérieux et cruel empereur. Tous ces lieux sont décrits avec précision, l’univers imaginé est immense et fascinant.

Il m’a fallu du temps pour en venir à bout, car on a affaire ici à un pavé comme on en voit peu, écrit en très petits caractères. Il me fallait presque une heure pour avancer de vingt pages et l’histoire a beau être plaisante et intrigante, ce sentiment de frustration ne m’a jamais quittée. Et puis, le livre est tellement long que les liens entre certains épisodes ou personnages ne se font pas automatiquement et j’ai parfois dû faire quelques retours en arrière. Et l’intrigue se révèle finalement assez complexe. C’est donc un livre que je recommanderais surtout aux fans de Fantasy aguerris.

Mais elle a beau être complexe, tout se tient parfaitement, tout se recoupe à un moment ou à un autre. On voit qu’il y a eu un énorme travail de réflexion derrière cette histoire et tout est expliqué en temps voulu. Et c’est ce qui me plaît toujours beaucoup dans ce genre de livre ; rien n’est laissé au hasard et tout finit par faire sens.

Avec ce livre, je découvre un sous-genre de la Fantasy, la Dark Fantasy, si j’ai bien tout compris. Et énormément de choses m’ont plu, notamment l’ambiance sombre, la découverte de toutes les strates de la Cité, l’histoire du vieux soldat au cœur tendre qui a encore tant à prouver, mais je me suis parfois lassée de certains passages, notamment la centaine de pages concernant les batailles. Le complot et la guerre sont omniprésents et laissent parfois peu de place au reste.

En bref, j’ai beaucoup aimé cette histoire, ses personnages et son univers, malgré ses longueurs et ses scènes sanglantes. Je suis heureuse d’avoir découvert la femme de l’illustre David Gemmell, une référence dans le genre, que je n’ai pas encore eu l’occasion de lire. L’envie n’en est maintenant qu’accrue, grâce à cette belle découverte.

Note : 8/10

Extras
Traductrice : Leslie Damant-Jeandel
Première publication : septembre 2013
Fiche Bibliomania
La Cité est le premier roman solo de Stella Gemmell. Auparavant, elle avait aidé son mari, David, à écrire sa trilogie Troie et elle a même achevé le dernier tome, à la mort de celui-ci en 2006.

***

Challenge Petit Bac organisé par Enna
Challenge Petit Bac 2013
Lieu : cité

Challenge Haut en couleurs organisé par Addiction littéraire
Challenge Haut en Couleurs
4/15 : orange

Une place à prendre, de J.K. Rowling

 

Une place à prendre, de J.K. Rowling

 

Mon résumé

Barry Fairbrother est mort. Sa place au Conseil paroissial est à prendre et va susciter de nombreuses polémiques. Les candidats et les habitants de Pagford semblent prêts à tout pour imposer leur vision des choses, et cela pourrait vite tourner à la scène de ménage à grande échelle. Hypocrisie, coups bas et faux-semblants, chacun y va de son petit grain de sel.

Nbr de pages : 680 / Éditeur : Grasset / Titre VO : The Casual Vacancy

Mon avis

Hop, une xième chronique du déjà très célèbre Une place à prendre. De mon côté, je ne pensais pas du tout le lire. Le résumé ne me disait rien, j’avais entendu quelques échos assez négatifs (trop de longueurs, de pages et de personnages, le tout sans grande nouveauté) et j’avais peur d’être un peu déçue après tous les merveilleux moments passés avec Harry… Il m’est tombé entre les mains, je l’ai lu et je suis encore sous le charme de ce roman. J’ai tout aimé, chaque heure passée avec ce bouquin dans les mains m’a marquée et je n’ai absolument aucun reproche à lui faire. C’est donc un beau coup de cœur, et ils sont plutôt rares ici !

Contrairement à la plupart de blogueurs, je n’ai eu aucun mal à me plonger dans cette histoire. Les petites touches d’ironie m’ont beaucoup fait sourire, et aucun passage ne m’a semblé long ou ennuyeux. On fait directement la connaissance des nombreux personnages de la petite bourgade de Pagford, mais ils sont tellement différents et si bien décrits et travaillés qu’on repère très facilement qui est qui. On les découvre ensuite à travers les yeux des autres habitants et on apprend leurs (gros) défauts, leurs faiblesses, leurs mesquineries. C’est à la fois choquant et délectable de voir jusqu’où peut aller l’hypocrisie des gens, les faux-semblants derrière lesquels ils se cachent, les coups bas qu’ils se font entre eux ; c’est à qui mentira le mieux sur sa petite vie idyllique, qui n’en a que l’apparence. Ils sont lâches, cruels, sarcastiques, hypocrites, pour notre plus grand plaisir. Je me suis vraiment régalée ! Les pages se sont tournées beaucoup trop vite ; il y en aurait eu 600 de plus que ça ne m’aurait pas du tout déplu.

La grande erreur commise par quatre-vingt-dix pour cent des êtres humains, selon Fats, était d’avoir honte de ce qu’ils étaient ; de mentir, de vouloir à tout prix être quelqu’un d’autre. L’honnêteté était la devise de Fats, son arme de choix et son principal moyen de défense. L’honnêteté faisait peur aux gens ; elle les choquait. Les autres, avait-il observé, étaient perpétuellement englués dans le malaise et le faux-semblant, terrorisés à l’idée qu’on découvre leur vrai visage […].

Il y a des livres qui me plaisent beaucoup mais dont les personnages s’estompent très rapidement pour ne me laisser qu’un vague souvenir agréable de l’histoire, mais celui-ci fait incontestablement partie de ceux qui restent gravés dans la mémoire. C’est un roman écrit d’une main de maître, avec des personnages forts et marquants. Ils vont encore m’accompagner en pensée quelque temps je pense… Une fois de plus, J.K. Rowling a dépassé toutes mes espérances et m’a offert un moment de lecture parfait !

 Note : 9,5/10 (parce qu’il y a quand même beaucoup trop de fautes !)

Extras
Traducteur : Pierre Demarty
Première publication : septembre 2012
Fiche Bibliomania
Le livre est sorti simultanément en France, Angleterre, USA et Allemagne. Les éditeurs ont donc exigé une traduction éclair. En Finlande, ils ont même exigé un délai de trois semaines (et la traductrice finlandaise de Harry Potter a refusé un travail aussi précipité). Ils exagèrent et donnent vraiment une fausse idée du travail de traduction…
[Propos recueillis sur ActuaLitté]

***

Nouvelle lecture d’un de vos auteurs incontournables pour la challenge de Hylyirio

5 points pour J.K. Rowling
Total : 20 pts

La ferme des animaux, de George Orwell

La ferme des animaux, de George Orwell


Quatrième de couverture

Un certain 21 juin eut lieu en Angleterre la révolte des animaux. Les cochons dirigent le nouveau régime. Snowball et Napoléon, cochons en chef, affichent un règlement :
« Tout ce qui est sur deux jambes est un ennemi. Tout ce qui est sur quatre jambes ou possède des ailes est un ami. Aucun animal ne portera de vêtements. Aucun animal ne dormira dans un lit. Aucun animal ne boira d’alcool. Aucun animal ne tuera un autre animal. Tous les animaux sont égaux. »

Nbr de pages : 151 / Éditeur : Folio / Titre VO : Animal Farm

Mon avis

Un petit classique, de temps en temps ça ne fait pas de mal, bien au contraire. On ne présente plus ni George Orwell ni La ferme des animaux, et pourtant je ne savais pas exactement à quoi m’attendre en commençant cet illustre roman. J’ai apprécié le trait de génie de l’auteur qui de façon détournée, mais pourtant limpide, ouvre les yeux de son lecteur sur tout autre chose qu’une simple révolte d’animaux.

Hé oui, les animaux ont décidé de se révolter et de bannir l’homme de la ferme, car après tout, c’est bien le seul à ne rien produire et les animaux pourraient très bien subvenir ensemble à leurs besoins, sans l’aide de l’homme. Et au début tout est parfait, les animaux s’entraident et se sentent indépendants, travaillent dur oui, mais pour eux-mêmes. Ils édictent même ensemble sept lois, qui malheureusement ne feront pas long feu. Petit à petit, tout va partir en cacahuète.

L’allégorie imaginée ici par Orwell est brillante et montre les dérives de la politique, du pouvoir, des gouvernements. Comment une envie de changement peut mener à la dictature, comment il peut être facile de manipuler la pensée d’autrui à coups de beaux discours. Les animaux finissent par gober n’importe quoi et cela fait réfléchir sur l’art de la propagande.

« Vous n’allez tout de même pas croire, camarades, que nous, les cochons, agissons par égoïsme, que nous nous attribuons des privilèges. En fait, beaucoup d’entre nous détestent le lait et les pommes. C’est mon propre cas. […] Nous sommes, nous autres, des travailleurs intellectuels. La direction et l’organisation de cette ferme reposent entièrement sur nous. De jour et de nuit nous veillons à votre bien. Et c’est pour votre bien que nous buvons ce lait et mangeons ces pommes. »

Peu férue d’histoire, je ne savais pas que ce roman faisait directement référence à la Révolution russe, la création de l’URSS et la montée au pouvoir de Staline, mais la critique de l’homme au pouvoir, de ses déviances, du  totalitarisme est par contre flagrante et ce livre est vraiment à la portée de tous.

Il n’y avait plus maintenant qu’un seul Commandement. Il énonçait : Tous les animaux sont égaux mais certains sont plus égaux que d’autres.

J’ai bien aimé ce petit livre qui pousse à la réflexion, les idées qu’il véhicule et la morale de l’histoire, mais je l’ai pourtant trouvé un peu longuet et le style d’Orwell ne m’a pas semblé des plus fluides avec plusieurs longueurs qui ont parfois failli m’endormir (les animaux reconstruisent trois fois le moulin, les négociations avec les fermes voisines n’en finissent pas). Mais sans nul doute un livre à lire, pour voir l’histoire d’un autre œil, si ce n’est pas déjà le cas.

Note : 7/10

Extras
Traducteur : Jean Quéval
Première publication VO en 1945
Fiche Bibliomania
Il y a eu deux autres traductions avant celle-ci,
sous les titres Les animaux partout et La République des animaux.
À lire en écoutant l’album Animals de Pink Floyd, reprenant les grandes lignes du roman : le cynisme, l’agressivité, la critique de l’homme en utilisant des archétypes animaux.
La couverture représente une partie de L’intrigue, de James Ensor, qui correspond parfaitement, je trouve, à la dernière phrase du roman.

Entre chiens et loups, de Malorie Blackman

Entre chiens et loups, de Malorie Blackman



Quatrième de couverture

Imaginez un monde. Un monde où tout est noir ou blanc. Où ce qui est noir est riche, puissant et dominant. Où ce qui est blanc est pauvre, opprimé et méprisé. Un monde où les communautés s’affrontent à coups de lois racistes et de bombes. C’est un monde où Callum et Sephy n’ont pas le droit de s’aimer. Car elle est noire et fille de ministre. Et lui blanc et fils d’un rebelle clandestin.

 Et si ils changeaient ce monde ?
Nbr de pages : 527 / Éditeur : Milan Macadam / Titre VO : Noughts and crosses

Mon avis

Un très beau résumé qui promettait un roman poignant, prenant, original. Pour une fois, je n’ai vraiment rien à redire ; tout est parfait. Ce livre… Wahou… Un pur régal ! C’est un énorme coup de cœur : ce livre m’a submergée d’émotions du début à la fin. Ça faisait longtemps que je n’avais pas été autant séduite par une histoire.

 Malorie Blackman nous offre vraiment un roman accompli, d’une force et d’une justesse incroyables. Un thème vieux comme le monde : le racisme. Mais pas une histoire comme les autres ! Inversez les tendances, imaginez un monde où les Primas, les Noirs ont le pouvoir et la richesse et où les Nihils, les Blancs vivent dans la misère, opprimés. Où les écoles pour Noirs sont interdites aux Blancs. Où les Blancs ne côtoient pas les Noirs, si ce n’est pour conduire leur voiture, servir leur nourriture et laver leur maison. Une dystopie sur le racisme qui sonne étrangement familier, et malheureusement bien trop réaliste. On découvre le racisme sous un jour nouveau, alors qu’il est le même que celui que l’on a sous nos yeux.

 « – Que se passerait-il si les Blancs avaient le pouvoir à votre place ?
Mon ami hoche la tête.
– Je n’y ai jamais réfléchi.
Je soupire.
– Moi si. Souvent. J’ai rêvé de vivre dans un monde sans discrimination, sans préjugés, où la police serait juste, la justice équitable, le système égalitaire…
– Eh bien ! C’est une thèse ou un conte de fées ? demande Jack sèchement.
– Comme je te l’ai dit, j’y ai souvent pensé.
– Je ne crois pas en cette société dont tu parles, Callum. Les gens sont ce qu’ils sont. Que ce soit les Primas ou les Nihils qui dirigent le monde, il ne changera pas. »

 Dans ce monde d’intolérance, de sauvagerie et d’inégalités, Callum et Sephy s’aiment, mais leur amour est impossible. Un Roméo et une Juliette, dans un monde impitoyable, où les hommes, Blancs ou Noirs, sont prêts à tout. On découvre la noirceur de la nature humaine, ce que la haine peut engendrer. Ici pas de raccourcis faciles, de happy end ou de solutions miracles. Ce livre soulève bon nombre de questions et on se rend compte que justement tout n’est pas noir ou blanc, que chacun est capable du pire comme du meilleur.

 Callum et Sephy se partagent le roman pour nous raconter leur vision du monde, l’amour qu’ils se portent, les difficultés de la vie, leurs peurs et leurs espoirs.

 « J’ai su que je t’aimais plus que tout au monde. Que je t’avais toujours aimé et que je t’aimerai toujours. Mais j’ai aussi compris ce que tu me répétais depuis toutes ces années. Tu es un Nihil, je suis une Prima et nous ne pourrons jamais vivre ensemble. Personne ne nous laissera jamais vivre en paix. Même si nous avions fui, comme je le désirais, ça n’aurait pas marché plus d’un an ou deux. Un jour ou l’autre, les gens auraient trouvé un moyen de nous séparer. C’est pour ça que je pleurais. C’est pour ça que je ne pouvais plus m’arrêter de pleurer. Pour tout ce que nous aurions pu vivre et que nous ne vivrons jamais. »

 On les rencontre quand ils sont encore tout jeunes et on les voit évoluer, devenir des adultes, faire des choix, se séparer, puis se retrouver. J’aime beaucoup ce genre de narration, j’ai eu l’impression de faire partie de l’histoire. À un petit moment, j’ai trouvé qu’il y avait quelques longueurs, mais avec le recul, je crois que chaque page est importante pour comprendre l’évolution des personnages. Ils ne prennent pas les chemins que l’on aurait aimé qu’ils prennent et ils ne deviennent pas nécessairement les héros que l’on attendait. Ils ont des défauts, parfois on les déteste, et ils nous surprennent tout au long du récit.

 Pour moi, ça a été une vraie bouffée d’émotions. C’est beau, triste, émouvant, dur, poignant. Vraiment, lisez-le.

Note : 9,5/10

Extras
Traductrice : Amélie Sarn
Première publication VO en 2002 et en français en 2005
Fiche Bibliomania
Il s’agit du premier tome d’une quadrilogie. Le tome 2 s’intitule La couleur de la haine.
Étant donné mon coup de cœur pour cette auteure,
j’ai décidé de faire mon mémoire de traduction sur un de ses livres 🙂

Ma deuxième contribution au Challenge ABC de Nanet !
Challenge ABC 2012
N° 2 dans le challenge ABC 2012 – Lettre B