Le Mystère de Lucy Lost, de Michael Morpurgo

Le Mystère de Lucy Lost de Michael MorpurgoRésumé de l’éditeur

Mai 1915. Sur une île déserte de l’archipel des Scilly, un pêcheur et son fils découvrent une jeune fille blessée et hagarde, à moitié morte de faim et de soif. Elle ne parvient à prononcer qu’un seul mot: Lucy. D’où vient-elle? Est-elle une sirène, ou plutôt, comme le laisse entendre la rumeur, une espionne au service des Allemands?
De l’autre côté de l’Atlantique, le Lusitania, l’un des plus rapides et splendides paquebots de son temps, quitte le port de New York. À son bord, la jeune Merry, accompagnée de sa mère, s’apprête à rejoindre son père blessé sur le front et hospitalisé en Angleterre…

Nbr de pages : 448 / Éditeur : Gallimard Jeunesse / Titre VO : Listen to the Moon

Mon avis

Je ne m’attendais pas à autant apprécier cette histoire sur fond historique, et pourtant que d’émotions ! Un beau récit de vies, d’une communauté pleine de personnages attachants, avec un cœur grand comme ça, que l’on voudrait tout de suite pouvoir adopter !

On suit d’une part l’histoire de Lucy Lost, retrouvée à moitié morte sur une minuscule île anglaise et accueillie dans une famille aimante, et de l’autre celle de Merry, petite américaine embarquant sur le Lusitania en 1915 pour rejoindre l’Angleterre et son père, soldat blessé pendant la guerre. Les différentes parties du roman s’imbriquent à merveille pour nous faire découvrir petit à petit tous les mystères de ces deux récits, jusqu’à ce que tout se recoupe.

J’ai aimé par-dessus tout la finesse des personnages, leur complicité et leurs relations hors du commun. Sur cette île, on découvre toute une communauté, où tout le monde connaît tout le monde et où les cancans vont bon train. Ces gens sont capables du meilleur comme du pire, ils peuvent s’entraider dans les moments les plus difficiles, mais peuvent aussi faire preuve de la pire des méchancetés, surtout dans cette ambiance sombre, entourés qu’ils sont par les mauvaises nouvelles et les milliers de morts. J’ai été tour à tour attendrie par des gestes de pure générosité et révoltée par la cruauté de certains propos.

Être différent dans ce monde ignorant est souvent pris pour de la folie.

C’est un roman d’ambiance où le paysage, la mer, les landes ont presque un rôle à jouer, où il ne se passe finalement pas grand-chose. Mais c’est loin d’être un reproche, car on n’aimerait ne jamais arriver au bout, tant on se sent bien dans cette petite famille, même si on n’échappe pas aux horreurs et à l’absurdité de la guerre, à quelques scènes tragiques qui nous serrent le cœur.

En tout cas, jolie claque avec cette première découverte de Morpurgo (mieux vaut tard que jamais), un auteur qui arrive à rendre passionnant et touchant une petite partie de pêche entre un père et son fils. Il a une plume superbe, pleine de sensibilité, mêmes dans les petits riens du quotidien.

Note : 9/10

Extras
Traductrice : Diane Ménard
Première publication : avril 2015
Fiche Bibliomania
Michael Morpurgo a 72 ans et est un auteur prolixe avec des dizaines de romans à son actif. J’espère continuer ma découverte de ses si belles histoires. Je pense notamment à Soldat Peaceful et Le Royaume de Kensuké. Conseillez-moi !
Je suis fan du titre anglais « Listen to the Moon » qui a une résonance si tendre avec un magnifique détail de l’histoire.

Oniria, de B.F. Parry

Oniria, t.1 : Le Royaume des rêves, de B.F. Parry Oniria t.2 : Le Disparu d'Oza-Gora, de B.F. Parry Oniria, tome3, B.F. Parry

Mon résumé

Alors que son père est tombé dans un mystérieux coma, Eliott découvre, grâce à sa grand-mère, l’existence d’Oniria, le monde des rêves. Eliott aurait la faculté de s’y rendre, non pas en simple spectateur comme vous et moi chaque soir, mais en tant que Créateur. Il aura pour mission d’y retrouver le Marchand de sable, qui serait probablement au courant de la condition inhabituelle de son papa. Alors que l’état de celui-ci se détériore, Eliott va se rendre compte qu’une instance avec cet éminent membre d’Oniria n’est pas si facile à avoir, surtout quand les cauchemars deviennent de plus en plus instables.

Nbr de pages : 336 + 336 + 278 = 950 / Éditeur : Hachette

Mon avis

Garanti sans spoilers !

En refermant le premier tome, j’avais mille et une images en tête et un mot en bouche : waouh ! Un vrai coup de cœur ! Quel monde fourmillant de créatures originales, de lieux inattendus et exotiques, de situations incongrues… Eh oui, nous sommes dans le monde des rêves et tout est permis ! Créer Oniria, c’était la porte ouverte aux inventions les plus folles et on sent que B.F. Parry s’est prêtée au jeu avec beaucoup de plaisir. Elle s’en donne à cœur joie et imagine toutes sortes de rencontres et de péripéties pour son jeune et brave héros, Elliot.

C’est une sensation grisante de pouvoir créer tout ce qu’on imagine.

C’est un roman accessible pour les plus jeunes, mais cela n’empêche pas l’auteure d’avoir réfléchi en profondeur à son monde : tout se tient et les révélations trouvent toujours réponse plus loin dans l’histoire. On sourit en voyant les astuces mises en place par le marchand de sable et ses sbires pour nous endormir ; du coup, on analyse nos phases de sommeil d’une toute autre façon après avoir lu ce livre. C’est tout à fait fascinant.

Le premier tome m’a émerveillée par tous ses petits détails et la fondation même du monde des rêves. On va de surprise en surprise et on tâte un peu les possibilités d’un tel monde. Par la suite, l’intrigue va prendre de l’ampleur, les enjeux vont se dessiner et dans le troisième tome, on se retrouve au cœur de l’aventure et de l’action, dans un livre plus sombre, plus triste et plus mature.

Il avait oublié la chance qu’il avait de pouvoir apprendre. Pour les Oniriens comme Katsia et Farjo, c’était impossible. Leur Mage les créait avec un certain nombre de capacités – dont certaines pouvaient être extraordinaires, comme les facultés au combat de Katsia ou le don de métamorphose de Farjo – mais ils ne pouvaient pas en acquérir de nouvelles.

Quand on se plonge dans Oniria, on voudrait ne plus jamais devoir le quitter ! C’est le genre de livres que j’aurais rêvé découvrir pendant mon enfance mais que je suis ravie de ne pas avoir loupé pendant mon « adulescence ». Le soir, maintenant, je ne peux m’empêcher de m’endormir en pensant à Oniria et aux folles aventures qui m’y attendent !

Ma note : 9,5/10

Extras
Première publication : tome 1 – octobre 2014 / tome 2 – avril 2015 / tome 3 – octobre 2015
Fiche Bibliomania
Le 4e et dernier tome d’Oniria, sortira début novembre et s’intitulera Le réveil des fées. Mais l’auteure a encore sous le coude des idées pour un préquelle ou une suite !
Interview de B.F. Parry ici :
« Pour Oniria, tout est parti de l’idée simple d’un univers parallèle au nôtre où vivraient nos rêves et nos cauchemars. Cette idée-là est en quelque sorte « tombée du ciel » : je l’ai eue en me réveillant un matin après un rêve particulièrement mouvementé. Mais ensuite il m’a fallu près de 6 mois pour construire un univers cohérent. J’ai commencé par me renseigner, lire de la philo, de la socio, du Freud, du Jung, du Mircea Eliade, et même des articles de médecine… Je voulais que mon univers soit cohérent avec ce que l’on sait des rêves aujourd’hui. Une idée en appelait une autre, et de fil en aiguille j’ai bâti le fonctionnement d’Oniria et ses interactions avec notre monde. »
Retrouvez B.F. Parry sur la page Facebook d’Oniria, où elle est très active !

ONIRIAPremière incursion d’Eliott à Oniria

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Coupe d’Europe des Livres 2016

coupe europe livres 2016 bis

Comme tout le monde le sait, du 10 juin au 10 juillet, nos écrans et canapés seront réquisitionnés pour le foot. Cajou a eu la super idée de coupler ce mois à un petit challenge livresque. Et ça tombe vachement bien, car de mon côté qui dit foot à la télé dit lecture dans le canapé 😀 Nous allons donc chacun créer une équipe parfaite de 11 joueurs, représentés par 11 livres que l’on a très envie de lire dans le mois à venir.

  • Le gardien de but : THE roman que vous voulez à tout prix lire, celui qui n’a pas le droit de passer à travers les mailles du filet des profondeurs de votre PAL.
  • Les attaquants : les 4 romans de votre PAL que vous voulez ABSOLUMENT lire.
  • Les milieux de terrain : les 3 romans de votre PAL qu’il serait temps de sortir de là.
  • Les défenseurs : les 3 romans que vous n’avez pas encore dans votre PAL mais que vous voudriez vous offrir -sans attendre le Mercato- pour parfaire votre équipe.
  • Les réservistes : pour celles/ceux qui pensent que 11 ce ne sera pas assez, voici encore 4 places sur le banc, pour porter votre équipe à 15.

 

Mon équipe

Mon gardien de but
Nox, d'Yves Grevet

Il est beau, il est bien épais, il me susurre des promesses de coup de cœur, il ne peut décemment pas rester longtemps dans ma PAL. J’attendais les vacances pour pouvoir m’y plonger avec délice, le moment parfait est arrivé !

Mes 4 attaquants
Le Cercle, de Bernard Minier Le Pays des Contes, de Chris Colfer Tobie Lolness, de Timothée de Fombelle Le Garçon au sommet de la montagne, de John Boyne

4 romans acquis ces 2 derniers mois que je veux absolument découvrir cet été. Dans mes attaquants, je varie les styles (ce que je fais de moins en moins) en choisissant un thriller (j’avais adoré Glacé durant mes vacances 2015) et un roman historique.

Mes 3 milieux de terrain
Le Mystère de Lucy ost Quatre soeurs, de Malika Ferdjoukh Le Cirque des rêves, d'Erin Morgenstern

3 livres qui sont dans ma PAL depuis plus longtemps et je ne comprends pas comment c’est possible tant j’ai envie de les lire. Cette année, ils n’y couperont pas !

Mes 3 défenseurs
Les Soeurs Grimm : Détectives de contes de fées, de Michael Buckley Broadway Limited, de Malika Ferdjoukh Oniria, tome3, B.F. Parry

Une réédition d’un petit roman jeunesse qui me parle rien qu’en lisant le titre / Un roman dense, plein de personnages, une formidable fresque romanesque qu’on m’a recommandé 45x / Un tome 3 que je me réjouis de lire tant j’ai aimé les tomes précédents.

Mes 4 réservistes
Sauveur & Fils, de Marie-Aude Murail Jonah, de Taï-Marc Le Thanh Les Orphelines d'Abbey Road, d'Audren Phobos Origines, de Victor Dixen

Alors bien sûr, vous et mois savons pertinemment que ces réservistes sont là juste pour faire joli car je n’ai jamais réussi à lire plus de 9 livres en un mois, alors 11 c’est déjà pas gagné… Mais je ne résiste pas à l’envie de piocher encore 4 autres livres qui me font tant envie et qu’on m’a beaucoup conseillés !

***

Comme d’hab’, j’ai choisi beaucoup de livres jeunesse, mais ils me font tous saliver et j’espère bien en lire un maximum, même si je me rends compte que ce sont pour la plupart des gros livres voire des pavés ! Bon si c’est pas un challenge corsé, ça n’en est pas un !

Pour chaque livre lu, on marque un goal ! Cajou tiendra le compte à la fin du challenge. Vous retrouverez toutes les infos sur son blog, ainsi que la jolie sélection de sa propre équipe et celles de tous les participants.

Que les meilleurs gagnent !

coupe europe livres 2016

Dis-moi si tu souris, d’Eric Lindstrom

Dis-moi si tu souris, d'Eric Lindstrom

 

Résumé de l’éditeur

« Je suis Parker, j’ai 16 ans et je suis aveugle. Bon j’y vois rien, mais remettez-vous : je suis pareille que vous, juste plus intelligente. D’ailleurs j’ai établi Les Règles :
– Ne me touchez pas sans me prévenir ;
– Ne me traitez pas comme si j’étais idiote ;
– Ne me parlez pas super fort (je ne suis pas sourde) ;
– Et ne cherchez JAMAIS à me duper.
Depuis la trahison de Scott, mon meilleur pote et petit ami, j’en ai même rajouté une dernière. Alors, quand il débarque à nouveau dans ma vie, tout est chamboulé. Parce que la dernière règle est claire : il n’y a AUCUNE seconde chance. La trahison est impardonnable. »
Nbr de pages : 396 / Éditeur : Nathan / Titre VO : Not if I See you First

Mon avis

Voici une très jolie histoire qui, sans révolutionner le genre, apporte un point de vue original : celui de Parker, une jeune adolescente aveugle. Je me demande comment c’est possible que je n’aie encore jamais lu de romans qui parlent de ce handicap et je suis vraiment ravie d’avoir eu cette première expérience avec ce livre touchant et juste.

Parker s’adresse directement à nous et nous raconte son histoire sur le ton de la franche camaraderie. Elle nous explique ce que c’est de vivre au quotidien dans le noir, dans le doute de ce que font les autres autour d’elle, elle parle de son manque d’assurance qu’il faut bien compenser par un caractère bravache. Elle ne manque pas d’humour et d’autodérision, elle voudrait qu’on la traite comme n’importe qui et pouvoir vivre le plus simplement possible. Et elle nous montre que c’est tout à fait faisable, quand on s’entoure des bonnes personnes.

J’ai beaucoup aimé ce personnage, qui m’a ouvert les yeux (sans mauvais jeu de mots) sur toutes sortes de situations que peuvent vivre les aveugles. Elle explique par exemple que non, elle n’écoute pas autant de musique qu’on pourrait le croire ; la navigation sur Internet, la lecture, le tchat entre copines nécessitent des programmes de lecture vocale, du coup, pas de musique en fond sonore. J’ai ressenti ses fêlures, ses craintes, ses envies, et je voulais que tout se passe bien pour elle, même si elle fait souvent sa tête de bourrique et ne se rend pas compte qu’elle peut elle aussi faire de la peine à son entourage et être dans l’erreur. Et Parker a beau prendre beaucoup de place dans ce roman, les personnages secondaires n’en sont pas moins réussis et touchants.

Le reste du roman repose sur des moments assez classiques de l’adolescence, les premières relations amoureuses (souvent déçues), les coups bas à l’école, les amitiés indéfectibles, les séances de shopping, les problèmes familiaux. L’auteur a réussi à garder un ton léger pour son histoire, tout en abordant les aspects dramatiques de la vie de Parker qui a vu mourir sa mère et puis son père. L’écriture n’est pas remarquable, mais elle ne manque pas de sensibilité, surtout pour décrire certaines situations difficiles ou de belles émotions, lors d’un premier baiser ou d’une étreinte entre deux amies.

Je m’avance encore et je l’embrasse doucement sur les lèvres. Je recommence. C’est dingue, c’est comme souffler sur un bol de chocolat chaud quand on a froid et sentir la chaleur vous envelopper le visage, puis le boire à petites gorgées et sentir la chaleur vous envahir les joues, descendre dans votre poitrine et continuer plus bas, jusqu’à vous remplir.

Ce roman va être lu et enregistré pour la Ligue braille et je serais vraiment intéressée d’avoir des retours de personnes aveugles concernant tous ces petits détails de la vie de Parker, pour savoir à quel point l’auteur a visé juste en créant ce personnage. En tout cas, moi il m’a beaucoup émue et je vous le recommande pour un joli moment en toute simplicité.

Ma note : 8/10

Extras
Traductrice : Anne Delcourt
Première publication : juin 2016
Fiche Bibiomania
L’écriture en relief sur la couverture est du vrai braille.
Parker n’est pas fan de mode, mais son truc c’est d’alterner chaque jour les bandeaux sur ses yeux.

Elia, la passeuse d’âmes, de Marie Vareille

Elia, la passeuse d'âmes, de Marie VareilleRésumé de l’auteure

Elia a 16 ans, elle appartient à la caste la plus élevée d’une société injuste où une partie de la population, les Nosobas, est réduite en esclavage par les plus puissants. Elle officie en tant que Passeuse d’âmes, c’est-à-dire qu’elle euthanasie tous ceux qui sont dangereux ou inutiles pour la Communauté, jusqu’au jour où un jeune homme la convainc de le laisser vivre. À partir de ce moment-là, parce qu’elle n’a pas obéi aux ordres, elle sera condamnée et devra s’enfuir et se cacher parmi les Nosobas, ce qui fera changer son regard sur le monde dans lequel elle vit.

Nbr de pages : 320 / Éditeur : PKJ

Mon avis

Je ne me serais peut-être pas retournée sur ce livre, si je ne l’avais pas eu sous la main lors d’une de mes pauses midi. Et grand (très grand) mal m’en aurait pris car j’ai adoré cette histoire ! Je n’aime pas trop les comparaisons, mais pour moi, il a tout à fait sa place parmi les grands du genre, parmi les dystopies qui marquent vraiment, qui font vraiment réfléchir tout en restant assez subtiles pour se fondre dans un cadre hors du temps, dans un univers taillé de toutes pièces avec originalité. J’ai retrouvé les mêmes émotions et la même addiction ressenties lors de mes lectures de Hunger Games ou Divergent, et pour moi, ça veut déjà tout dire ! (Bref, je viens de faire ce que je n’aime pas faire, mais c’est pour que vous sachiez l’ampleur de mon enthousiasme.)

On retrouve bien sûr les canevas du genre, avec des castes, des dirigeants qui s’en foutent plein la panse pendant que d’autres triment dans les mines 7 jours sur 7 pour contenter le beau monde, on se prend en pleine figure les injustices d’un régime aberrant, et au milieu de tout ça, va naître une héroïne, une jeune femme pas comme les autres, qui va petit à petit ouvrir les yeux sur son quotidien. Rien de bien nouveau sous le soleil, allez-vous me dire… Mais ça fonctionne diablement bien et on oublie tout ce qu’on a déjà pu lire pour se laisser porter par Elia et par son univers. Et pour changer des dystopies ou YA traditionnels, ici on ne retrouve quasiment pas de romance et ça ne fait pas de mal, laissant plus de place à l’univers, à l’action et à l’ambiance.

J’ai vraiment tout aimé dans cette histoire, mais par-dessus tout, c’est l’univers qui m’a séduite. Un univers finement décrit et totalement immersif qui a d’ailleurs donné du fil à retordre à l’auteure (voir interview ci-dessous) ! Moi, je lui tire mon chapeau. Et voici un aperçu des découvertes qui vous attendent : dans ce monde imaginaire, on croise les puissants Kornésiens, les Askaris qui s’occupent du commerce et les Nosobas, marqués d’un grand N sur le bras pour qu’on repère d’un seul coup d’œil les rebuts de la société. On peut y devenir Passeur d’âmes, ces « médecins » qui, sans état d’âme, euthanasie toutes les personnes qui ne sont plus utiles à la communauté (les vieux, les infirmes, les dangereux, etc.). On peut s’engager au Conclusar, qui forme les Défenseurs ou travailler comme un forcené dans les mines de Phosnium, la nouvelle énergie du siècle. On peut facilement s’acheter de la Redmoon, cette drogue supposée augmenter les capacités physiques. On peut vivre comme un miséreux dans le Dédale, cette ville souterraine pleine de ramifications où peu savent s’y repérer. Bref, Marie Vareille a créé tout un décor pour ses personnages et on le découvre avec merveille.

Règle 1 : les êtres humain ne naissent pas libres et égaux en dignité et en droit. Chacun a pour devoir envers la communauté de respecter sans la questionner, la place qui lui est attribuée en fonction de sa naissance. […]
Règle 2 : la communauté est tout, l’individu n’est rien. Il ne sert qu’à faire prospérer la société dans son ensemble. Chacun a été créé pour une raison. […]
Règle 3 : l’ordre est l’essence du bonheur. Le respect absolu des règles est la base du bien commun, tout écart des commandements d’Hubohn représente un pas vers la destruction de la communauté et sera puni comme tel. […]
Règle 4 : pour éviter la propagation de maladies impures au sein des castes supérieures, tout contact physique entre deux membres de classes différentes est strictement interdit.

D’ailleurs, ce roman est très visuel : on vit chaque scène dans sa tête comme si on y était, tant les descriptions des lieux sont vivantes, tant les personnages sont crédibles. J’imagine aisément ce livre devenir un nouveau succès cinématographique, après la case best-seller en librairie. En tout cas, c’est tout ce que je lui souhaite (ou alors, je garde ce petit coup de cœur rien que pour moi, j’hésite encore).

Je pensais avoir affaire à un tome unique et je me disais que c’était une bonne chose, que ça changeait. Et puis j’avançais dans l’histoire et je pestais déjà de voir l’histoire toucher à sa fin trop vite, j’en voulais encore, j’imaginais déjà une terrible et longue destinée pour Elia. Et là je me rends compte sur le net qu’en fait, oui, ce sera une trilogie. Joie ! Le roman se termine de très jolie façon et on ne peut s’empêcher de retourner lire le premier chapitre qui nous annonçait déjà cet ultime revirement de situation. Je suis donc ravie de savoir que je pourrai retrouver Elia dans un an et que son histoire est loin d’être finie. En plus, le prochain tome risque d’être des plus palpitants, étant donné le futur changement de cadre ! J’ai déjà hâte !

Ma note : 9,5/10

Extras
Première publication : mai 2016
Fiche Bibliomania
Marie Vareille est née en 1985 et tient un très chouette site, où elle dispense de nombreux bons conseils liés à l’écriture.
Interview de Marie Vareille ici :
L’univers développé dans Elia est très creusé. Où avez-vous puisé votre inspiration pour le construire et le rendre si palpable et crédible ?
L’univers est ce qui ma donné le plus de fil à retordre. Jusqu’ici je n’avais écrit que des romans contemporains et je n’avais jamais imaginé que ce serait aussi complexe de créer un univers imaginaire et pourtant j’ai adoré l’exercice. C’est bête, mais dans un roman contemporain, c’est facile de rendre une scène visuelle, qu’on la situe dans une soirée, un café à un cours de gym ou dans un supermarché, le lecteur visualise tout de suite l’environnement car ce sont des endroits qui font partie de son quotidien. Dans un nouvel univers, il faut tout réinventer, depuis les vêtements, jusqu’au matériaux de construction en passant par la nourriture, les cours enseignés à l’école, les moyens de transports, de communiquer, la monnaie, les lois etc. Pour tous les éléments je suis partie de la réalité.
Comment est née Elia ?
À Châtelet-Les Halles à une heure du matin, j’ai croisé une toute jeune fille qui marchait d’un pas vif, la tête rentrée dans les épaules, comme si elle fuyait. Elle portait un bonnet qui dissimulait complètement ses cheveux à l’exception de quelques mèches rousses. Je ne sais pas pourquoi, mais ça m’a interpellée. Je me suis demandée où elle allait, j’ai commencé à m’imaginer qu’elle sortait d’une clinique où on euthanasiait les gens, qu’on l’appelait la Passeuse d’âmes et qu’elle était obligée de se cacher parce qu’elle était rousse… C’est une habitude pour moi de commencer perpétuellement des histoires en fonction des lieux ou des gens que je croise, la plupart n’ont jamais de suite, mais quand une histoire se rappelle plusieurs fois à mon souvenir, c’est qu’il faut que je l’écrive.

 

La 5e vague, de Rick Yancey

La 5e vague, de Rick YanceyRésumé de l’éditeur (tronqué)

1re Vague: extinction des feux.
2e Vague: déferlante.
3e Vague: pandémie.
4e Vague : silence.

À l’aube de la 5e Vague, sur une autoroute désertée, Cassie tente de Leur échapper… Eux, ces êtres qui ressemblent trait pour trait aux humains et qui écument la campagne, exécutant quiconque a le malheur de croiser Leur chemin. Eux, qui ont balayé les dernières poches de résistance et dispersé les quelques rescapés.

Nbr de pages : 608 / Éditeur : Robert Laffont – Collection R / Titre VO : The 5th Wave

Mon avis

Un roman post-apocalyptique, voilà une nouveauté dans ma PAL ! Une Terre à l’abandon, des épidémies, des vagues de morts, des survivants, des envahisseurs venus d’une autre galaxie ; c’est un genre que je n’avais encore jamais lu et je ne savais pas trop si ça allait me plaire… Verdict : une lecture en deux temps, mais un ressenti plus que positif !

Je m’explique… Les débuts furent laborieux. Les 150 premières pages se focalisent sur Cassie, une survivante, qui erre comme une âme en peine avec un seul but en tête. C’est à travers ses souvenirs que l’on découvre le tout début de l’invasion et les différentes vagues qui ont suivi. Un moyen efficace pour nous plonger dans l’ambiance, même si j’ai eu du mal à accrocher à ce personnage et au ton pris par Cassie pour nous raconter sa vie, façon journal intime, avec toutes les réflexions qui lui passent par la tête. Mais finalement, je m’y fais… Et soudain, on change de narrateur, sans aucune mise en garde. Comme beaucoup, j’ai été très surprise et il a fallu du temps pour que je comprenne qu’on n’avait plus affaire à Cassie. Vraiment déroutant, voire irritant, car on retombe dans une dynamique très différente et on se sent complètement perdus. En tout cas, moi, ça m’a beaucoup dérangée. Et les longueurs ont failli avoir raison de moi.

Voilà pour la première partie de ma lecture, mi-figue mi-raisin, mais avec un bon potentiel. Et puis, on saute encore d’un narrateur à un autre, et petit à petit, l’histoire se met en place, elle se construit de mieux en mieux et les différents éléments s’imbriquent de façon vraiment bien foutue. Et au milieu du livre, je me rends compte que je ne peux plus m’arrêter de lire et que c’est vachement cool comme histoire ! On se rend finalement compte que la première moitié, bien que laborieuse, était une étape essentielle pour arriver là où l’auteur voulait nous mener. Et on termine le roman avec toute l’action, tous les rebondissements et toutes les émotions qui m’avaient un peu manqué au début. Bref, malgré quelques défauts, j’ai refermé le livre en pensant « waouh ! ».

Note : 8/10

Extras
Traductrice : Francine Deroyan
Première publication : mai 2013
Fiche Bibliomania
Nouvel essai gagnant pour la Collection R ! Quel sera le prochain titre que je découvrirai ? La Sélection ? Les 100 ?
La 5e vague
est une trilogie dont le dernier tome, La dernière étoile, sort en mai 2016.
Il vient de faire l’objet d’une adaptation au cinéma avec Chloë Grace Moretz dans le rôle phare.
Film La 5e vague

Les 10 nouveautés jeunesse 2016 les plus alléchantes

Après vous avoir pondu un article en août dernier sur les sorties les plus attendues de la rentrée littéraire 2015, je vous propose cette fois un aperçu des nouveautés jeunesse de ce début 2016 qui me tentent le plus. Parce que franchement, il y a du lourd, je trouve ! Et je ne parviens pas à me ménager assez de temps pour découvrir tous ces titres, mais une chose est sûre, ils passeront tôt ou tard à la casserole ! Je reprends donc le principe d’un vieux RDV que j’avais lancé il y a quelques années pour vous parler de ces romans, avec chroniques de blogueurs à l’appui. Car oui, les titres qui vont défiler ci-dessous sont tous « lus et approuvés » par de super blogueurs ! Bref, c’est reparti pour un tour de dénonciations de ces tentateurs !

La Blogo de la Tentation

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Le futur coup de coeur

Les Mystères de Larispem, de Lucie Pierrat-Pajot

Les Mystères de Larispem, de Lucie Pierrat-Pajot – Gallimard Jeunesse (sorti le 8 avril 2016)

Larispem 1899 – Dans cette Cité-Etat indépendante où les bouchers constituent la caste forte d’un régime populiste, trois destins se croisent… Liberté, la mécanicienne hors pair, Carmine, l’apprentie louchébem et Nathanaël, l’orphelin au passé mystérieux. Tandis que de grandes festivités se préparent pour célébrer le nouveau siècle, l’ombre d’une société secrète vient planer sur la ville. 

Ayant ADORÉ La Passe-miroir, de Christelle Dabos (gagnante n°1 du Concours du premier roman jeunesse Gallimard), je ne peux évidemment pas passer à côté de ce petit bijou, rédigé par la gagnante n°2, qui promet déjà un univers hors du commun et passionnant. Je me réjouis tellement de le commencer ! Les avis sont unanimes et Mademoiselle Bouquine lui accorde même un 9,5/10 et débute en nous disant : « Que dire de l’univers de ce livre, sinon qu’il est purement génial ?« 

Et pour achever de vous convaincre, voici une super (méga giga cool) interview avec la gagnante de ce nouveau prix Gallimard : Lucie Pierrat-Pajot, la gagnante précédente : THE Christelle Dabos, leur éditrice, une libraire et un blogueur : Tom, qui nous parlent des 1001 aspects du livre, de l’édition, de l’écriture, du blogging, et tout et tout !

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Le démoniaque

L'invocateur, tome 1 : Novice, de Taran Matharu

L’invocateur, Livre 1 : Le Novice, de Taran Matharu – Hachette (sorti le 23 mars 2016)

Orphelin, Fletcher imagine déjà son avenir tout tracé : une vie dure mais paisible comme forgeron dans un village sans histoire. Jusqu’au jour où il se découvre un talent rare, un talent bien particulier : celui d’invoquer les démons. Accusé d’un crime qu’il n’a pas commis, Fletcher trouve refuge à l’Académie Vocans, sous l’aile du mystérieux capitaine Arcturus. Là, on lui enseigne la magie et la maîtrise d’Ignatius, ce petit démon qu’il a invoqué par erreur, et avec lequel il se lie d’une amitié sans faille. Mais l’apprentissage est rude et la concurrence mortelle : seuls les élèves les plus talentueux deviendront mages-guerriers et dirigeront les armées d’Hominum afin de défendre les frontières sud du pays, où les Orques tentent de faire basculer l’Empire dans le chaos.

Ça fait une plombe que je n’ai pas lu un bon roman de Fantasy. Il me fait un peu penser au génialissime Le Nom du vent, de Patrick Rothfuss (le coup de l’orphelin, de l’Université, de la magie qui sommeille en lui) et je sens qu’il peut me plaire. Lire-une-passion lui donne un 4,5/5 et conclut par un : « Tout est parfaitement amené, il n’y a aucune fausse note, et on se surprend à tourner les pages sans s’en rendre compte.« 

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L’incontournable

Sauveur & Fils, de Marie-Aude Murail

Sauveur & Fils, de Marie-Aude Murail – École des Loisirs (sorti le 13 avril 2016)

Quand on s’appelle Sauveur, comment ne pas se sentir prédisposé à sauver le monde entier ? Sauveur Saint-Yves, 1,90 mètre pour 80 kg de muscles, voudrait tirer d’affaire Margaux Carré, 14 ans, qui se taillade les bras, Ella Kuypens, 12 ans, qui s’évanouit de frayeur devant sa prof de latin, Cyrille Courtois, 9 ans, qui fait encore pipi au lit, Gabin Poupard, 16 ans, qui joue toute la nuit à World of Warcraft et ne va plus en cours le matin, les trois soeurs Augagneur, 5, 14 et 16 ans, dont la mère vient de se remettre en ménage avec une jeune femme… Sauveur Saint-Yves est psychologue clinicien.
Mais à toujours s’occuper des problèmes des autres, Sauveur oublie le sien. Pourquoi ne peut-il pas parler à son fils Lazare, 8 ans, de sa maman morte dans un accident ? Pourquoi ne lui a-t-il jamais montré la photo de son mariage ? Et pourquoi y a-t-il un hamster sur la couverture ?

Marie-Aude Murail, on ne la présente plus je crois… Elle a l’art de nous pondre des romans aux thématiques délicates tout en nous donnant le sourire, avec son humour inégalable. Un 5/5 chez Stéphanie Plaisir de lire, qui y voit « un subtil dosage de délicatesse, de banalité, de gravité, d’humour et de légèreté« .

Et si vous préférez vous faire convaincre directement par l’auteure, voici une chouette interview où elle parle avec tendresse de ses personnages.

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Le très attendu

La Loi du dôme, de Sarah Crossan

La Loi du Dôme, de Sarah Crossan – Bayard (sorti le 13 janvier 2016)

Les arbres ont été éliminés de la terre et l’oxygène s’est raréfiée, provoquant des millions de morts…
Les survivants ont été rassemblés sous le Dôme, sorte de bulle protectrice où un nouvel ordre s’est constitué autour d’un État totalitaire et d’une société, « Respirer Inc. », qui contrôle l’air que les habitants respirent. Tout en haut de l’échelle sociale, se trouvent les Premiums. Riches et en bonne santé, ils méprisent les Auxiliaires, trop pauvres pour payer un impôt sur l’oxygène et donc contraints de survivre avec le peu d’air qu’ils respirent…
Alina, 16 ans, qui a rejoint la Résistance, a échoué dans sa mission à l’intérieur du Dôme. Elle est en danger et doit fuir, à l’extérieur. Elle rencontre alors Quinn, un jeune Premium et sa meilleure amie Bea, une Auxiliaire, partis camper hors du Dôme et leur demande de l’aide…

Je vous fais ici découvrir la chronique 5/5 de Wandering World, qui l’a lu en anglais et qui m’avait donné très envie de le découvrir à l’époque, en… 2012 ! Alors quelle joie de le voir arriver en français sur les tables de la librairie après tout ce temps ! Une dystopie somme toute classique mais qui semble riche en émotions : « Breathe regorge de suspense et d’action. Les rebondissements sont uniques, et nombreux sont ceux qui m’ont laissé sur les fesses ! Tout est explosif, sans cesse surprenant. On ne s’arrête pas une seule seconde ! Aucun temps mort et aucun répit ne nous est accordé, et c’est juste génial ! Chaque chapitre représente un tournant dans le récit, une surprise, un coup de poing dans l’estomac. » Moi quand on me parle comme ça, c’est gagné…

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L’interpellant

Les Effets du hasard, de Marie Leymarie

Les effets du hasard, de Marie Leymarie – Syros (sorti le 14 avril 2016)

Maïa a les yeux noisette, les cheveux châtains, un petit nez légèrement retroussé et un QI de 117. Elle correspond en tout point aux critères choisis par ses parents sur catalogue, quinze ans plus tôt. Un soir, elle est abordée par Anthony, un garçon aux yeux verts. Maïa accepte de prendre un verre avec lui, bien qu’il lui semble beaucoup trop intelligent pour elle. Et dans sa tête tourne en boucle l’avertissement de sa prof de biologie : « Si vous tombez amoureux, ne vous affolez pas… ça fait partie des maladies bénignes de l’adolescence. Quelques comprimés de Deluvio 300, et c’est réglé. »

Et si on pouvait choisir son futur enfant sur catalogue… Voilà le genre de thématique que j’aime beaucoup retrouver en science-fiction et dont les dérives font toujours froid dans le dos. Les lectures de Mylène considère qu’il s’agit là d’une « belle leçon de vie et d’espoir« .

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L’intrigant 

Au bout du tunnel, de Carlos Garcia Miranda

Au bout du tunnel, de Carlos Garcia Miranda – PKJ (sortie le 4 mai 2016)

Le train qui mène un groupe d’ados à la montagne déraille dans un tunnel. Trois minutes auparavant, sur une vidéo youtube, ils ont vu l’accident dont ils allaient être victimes…
Eva, Noël, Gabi, Ana et Sam sont les seuls survivants. Mais en sortant du tunnel, stupeur: le train a disparu. Plus étrange encore, alors qu’ils parviennent enfin à rentrer chez eux, ils découvrent qu’un an s’est écoulé et qu’ils ont été remplacés par des clones… Auraient-ils basculé dans un monde parallèle? Que s’est-il réellement passé?

Intrigant, c’est le mot ! Ma dernière lecture traitant des clones (Les Copies) m’avait beaucoup déçue, mais cette fois, je pense vraiment y trouver ce que j’attends : suspense, mystère et action. Et pour une fois, c’est un one-shot ! C’est un 20/20 chez Crouton qui dit même qu’il y a longtemps qu’un livre ne lui avait pas fait cet effet-là ! Voici comment il m’a donné envie : « C’est un livre de folie ! Les chapitres sont courts, 6 pages environ en moyenne, ce qui fait que ça se lit très vite. Rajoutez à ça que chaque fin de chapitre nous laisse la bouche grande ouverte. Et c’est ça l’énorme force de ce bouquin. Le mystère.« 

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Le Truman Show revisité

I.R.L., d'Agnès Marot

I.R.L., d’Agnès Marot – Gulf Stream (sorti le 7 avril 2016)

Chloé Blanche a grandi à Life City. Comme tous ses habitants, elle ignore qu’ils sont filmés en permanence. Elle ignore qu’ils sont un divertissement pour des milliers et des milliers de foyers. Elle ignore qu’ils sont les personnages de Play Your Life, l’émission qui fait fureur hors de Life City, IRL. Elle ignore surtout à quel point ils sont manipulés. Lorsqu’elle rencontre Hilmi, le nouveau à la peau caramel, elle tombe immédiatement amoureuse. Mais ceux qui tirent les ficelles ne le lui destinent pas. C’est ainsi qu’elle découvre la nature de tous ceux qui vivent à Life City : les personnages d’un immense jeu vidéo.

J’avais adoré le film The Truman Show et je n’avais encore jamais retrouvé cette idée géniale en littérature. Du coup, c’est super emballée que j’ai découvert les premiers avis très enthousiastes sur les blogs (moyenne de 19/20 sur Livraddict après 17 votes). Enthousiaste, Virginie l’est particulièrement puisque pour elle, ce livre est une bombe ! Elle lui donne 5/5 et déclare : « Ce livre est juste dingue. Il m’a retourné le cerveau à plusieurs reprises ! Tout est parfaitement bien tourné. Agnès Marot a réussi à créer un récit incroyable et révoltant. J’ai beaucoup aimé suivre Chloé tout au long de l’histoire, une jeune fille qui n’a pas sa langue dans sa poche, courageuse, avec du culot et un sacré caractère. Autant vous dire qu’on est loin de s’ennuyer avec elle !« 

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Le mystérieux

Hugo de la nuit, de Bertrand Santini

Hugo de la nuit, de Bertrand Santini – Grasset Jeunesse (sorti le 20 avril 2016)

Une nuit d’été
Un enfant
Des fantômes
Un secret
Bernard Santini signe un surprenant conte fantastique, drôle, inquiétant et magique.

Un résumé des plus minimalistes mais particulièrement intrigant si on l’ajoute à la sublime couverture. Moi j’ai juste envie de plonger dedans et de le découvrir par moi-même. En tout cas, Bob et Jean-Michel ont été séduites et c’est pas rien ! Elle trouvent que c’est « vraiment bien fichu, on se laisse entraîner dans cette nuit étrange et étonnante, on a les chocottes, on rigole, on frissonne, on danse…« 

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L’émouvant Everything Everything, de Nicola Yoon

Everything Everything, de Nicola Yoon – Bayard (sorti le 6 avril 2016)

Ma maladie est aussi rare que célèbre, mais vous la connaissez sans doute sous le nom de « maladie de l’enfant-bulle ». En gros, je suis allergique au monde. Je viens d’avoir dix-huit ans, et je n’ai jamais mis un pied dehors. Un jour, un camion de déménagement arrive. Je regarde par la fenêtre et je le vois. Le fils des nouveaux voisins est grand, mince et habillé tout en noir. Il remarque que je l’observe, et nos yeux se croisent pour la première fois. Dans la vie, on ne peut pas tout prévoir, mais on peut prévoir certaines choses. Par exemple, je vais certainement tomber amoureuse de lui. Et ce sera certainement un désastre.

Après la vague de romans réalistes et émouvants qui ont suivi Nos étoiles contraires, je ne me serais pas nécessairement retournée sur celui-ci, au résumé somme toute classique, malgré la couverture superbe. Mais les émotions ont l’air belles et sincères et cette maladie m’intrigue. Et l’avis de MyaRosa a achevé de me convaincre. Elle a a été touchée par cette jolie découverte : « J’ai été surprise à plusieurs reprises et je ne m’attendais pas à une lecture aussi prenante, enrichissante et intéressante. J’ai passé un très bon moment avec Olly et Madeline et je ne peux que vous recommander ce roman original, très agréable à lire, surprenant et qui fait réfléchir et ressentir tout un tas d’émotions différentes.« 

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L’effrayant

La Fille quelques heures avant l'impact, d'Hubert Ben Kemoun

La Fille quelques heures avant l’impact, d’Hubert Ben Kemoun – Flammarion Jeunesse (sorti le 29 février 2016)

Ce soir. Tous ou presque ont prévu d’assister au concert du groupe de Marion. Mais tous n’iront pas pour les mêmes raisons. Certains sont venus avec joie et envie, d’autres avec rage et dégoût. Ici des comptes vont se régler, des vies basculer en quelques instants. Celle d’Annabelle tout particulièrement. Dans le noir, la tension monte. Annabelle veut croire que l’espoir va l’emporter mais la haine peut triompher…

Une lecture qui semble éprouvante mais nécessaire et qui fait écho au climat sombre de notre société. Un livre qui va me sortir un peu du fantastique, me faire retomber les deux pieds sur terre et sans aucun doute m’interpeller. Lirado en livre une chronique vibrante : « La fille quelques heures avant l’impact est un récit sombre et violent dans lequel la tension monte d’un cran à chaque chapitre. Alternance de plusieurs voix, le roman mêle tour à tour les événements du vendredi avant le drame puis pendant. L’écriture d’Hubert Ben Kemoun fait ressortir la colère intérieur et le mal être de chaque personnage avec beaucoup de noirceur, comme un écho du malaise actuel qui règne dans notre société.« 

 

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Que pensez-vous de cette sélection ?
Quels sont les titres que vous avez repérés ?

Je me rends compte qu’il y a une belle variété d’éditeurs jeunesse dans cette sélection ! Mais surtout, voici pour vous l’occasion de découvrir des blogs que j’affectionne tout particulièrement (comme ceux de Stéphanie et de MyaRosa) ou que je viens de dénicher et que j’adore déjà (les superbes sites de Mademoiselle Bouquine et de Virginie). J’espère vous avoir donné envie de lire ces titres. Vous risquez de retrouver ici mon avis sur ceux-ci dans très peu de temps en tout cas ! À bientôt !

Am stram gram, de M.J. Arlidge

Am stram gram, de M.J. ArlidgeRésumé de l’éditeur

Deux jeunes gens sont enlevés et séquestrés au fond d’une piscine vide dont il est impossible de s’échapper. À côté d’eux, un pistolet chargé d’une unique balle et un téléphone portable avec suffisamment de batterie pour délivrer un terrible message : « Vous devez tuer pour vivre. » Les jours passent, la faim et la soif s’intensifient, l’angoisse monte. Jusqu’à l’issue fatale. Les enlèvements se répètent. Ce sont les crimes les plus pervers auxquels le commandant Helen Grace ait été confrontée. Si elle n’avait pas parlé avec les survivants traumatisés, elle ne pourrait pas y croire. Helen connaît les côtés sombres de la nature humaine, y compris la sienne ; pourtant, cette affaire et ces victimes apparemment sans lien entre elles la laissent perplexe. Rien ne sera plus terrifiant que la vérité.

Nbr de pages : 408 / Éditeur : 10/18 / Titre VO : Eeny Meeny

Mon avis

Le voilà le thriller haletant que j’attendais ! Évidemment, avec un pitch pareil, un peu à la sauce Saw, je ne pouvais qu’adhérer… Il n’a pas que des qualités, mais pour moi c’est indéniablement un bon thriller avec tous les ingrédients qu’il faut pour une lecture addictive. Bref, je me suis régalée et je vous le recommande grandement !

C’est d’abord le côté original et glaçant qui m’a attirée : ce sinistre jeu du Am stram gram entre deux victimes qui se connaissent, auxquelles on ne peut s’empêcher de s’identifier… Et si c’était moi, enfermée avec mon copain, ma mère, ma meilleure amie… ? Comment réagirais-je ? Ça fait franchement froid dans le dos et l’auteur ne nous épargne pas les détails glauques et saugrenus de l’enfermement, de l’horreur de la situation. C’est noir de chez noir et parfois bien dégueu : âmes sensibles, s’abstenir.

Ensuite, ce qui fait que ça fonctionne super bien, ce sont les chapitres très courts qui donnent une vraie dynamique, avec des fins pleines de suspense, qui donnent envie de lire chaque fois plus, de découvrir encore un nouveau petit indice, une nouvelle piste, bref, le coup du « encore un petit chapitre »… Il se dévore et on arrive très vite à la fin, avec l’envie de comprendre, d’emboîter toutes les pièces du puzzle. Le final est vraiment à la hauteur de mes attentes, personnellement, je n’ai rien vu venir et tout tient la route. (Avec du recul, je me demande quand même comment je n’ai pas tout pigé plus tôt… Les fins limiers ne se laisseront sans doute pas avoir !)

Bien sûr, il y a ces quelques clichés auxquels on n’échappe plus (les flics et leurs démons : boisson, sexe, secret de famille) et la plume n’est pas toujours des plus travaillées, mais je n’ai quand même rien à y redire pour autant, ce roman « fait le job » et nous tient scotchés jusqu’aux dernières pages.

Note : 9/10

Extras
Traductrice : Elodie Leplat
Première publication : mars 2015
Fiche Bibliomania
On retrouve le commandant Helen Grace dans le nouveau roman de M.J. Arlidge : Il court, il court, le furet (qui me tente bien !)
Il court, il court, le furet..., de M.J. Arlidge

Forget Tomorrow, de Pintip Dunn

Forget Tomorrow, de Pintip DunnQuatrième de couverture
(coupée par mes soins pour plus de surprise à la lecture)

Imaginez un monde où votre avenir a déjà été fixé… par votre futur moi !

Callie vient d’avoir dix-sept ans et, comme tous ses camarades de classe, attend avec impatience le précieux « souvenir », envoyé par son moi futur, qui l’aidera à se glisser dans la peau de la femme qu’elle est destinée à devenir. Athlète de haut niveau… Scientifique de renom… Politique de premier plan… Ou, dans le cas de Callie, tueuse. […] Avant même de comprendre ce qui lui arrive, Callie est arrêtée et internée dans les Limbes – une prison réservée à tous ceux qui sont destinés à enfreindre la loi. Avec l’aide inattendue de Logan, un vieil ami qui a cessé, cinq ans auparavant, de lui parler du jour au lendemain, elle va tenter de déclencher une série d’événements capables d’altérer son destin. Lorsque l’avenir semble tout tracé, le combat est-il perdu d’avance ?

Nbr de pages : 430 / Éditeur : LUMEN / Titre VO : Forget Tomorrow

Mon avis

J’entends parler de la maison d’édition LUMEN depuis pas mal de temps et je n’arrive pas à croire que je n’avais toujours pas lu un de leurs livres alors que je suis clairement la cible, moi qui ne jure presque plus que par les dystopies et le YA. Du coup, je me lance, sûre de mon coup, après avoir lu de nombreux avis positifs sur ce titre.

Et ça commence franchement du tonnerre ! Page 30, je tombe déjà sur le cul en découvrant ce premier retournement de situation inattendu (qui figure sur la quatrième de couverture que je n’avais pas lue). Je suis déjà complètement immergée dans ce monde futuriste bien pensé et intrigant. Tout me plaît : le cadre, la thématique des souvenirs, la société fondée toute entière autour de l’image déterminante du futur que l’on reçoit, l’héroïne et sa superbe relation avec sa petite sœur, son tempérament, sa volonté. Je sens que je vais me régaler…

Sauf que. Et là, je suis vraiment énervée. Soudain, l’intrigue captivante pleine de secrets, de non-dits, d’évasion, d’action est éclipsée par une romance fadasse. Elle prend vraiment toute la place. Il ne se passe plus rien. Vous allez me dire que j’exagère, que je ne suis peut-être pas une grande fan de romance. Mais en fait si. J’ai un cœur de midinette et je craque toujours pour l’histoire d’amour dans un livre*. Mais il faut qu’elle soit bien amenée, intéressante et qu’elle ajoute une plus-value au roman, pas qu’elle le transforme. Ici, ça partait bien, mais Callie n’a QUE ça en tête et c’est TRÈS répétitif. (Surtout qu’elle a quand même d’autres chats à fouetter, nom di dju !)

Et là, je suis extrêmement déçue. En soi, pas tant déçue de ma lecture, mais plutôt de ce qu’elle aurait pu être, du potentiel gâché. Il y avait tous les ingrédients pour me plaire. La fin du roman retrouve une chouette dynamique, apporte des informations intéressantes qui nous font cogiter et le final m’a beaucoup plu. Cela pourrait même s’arrêter là sur un dernier coup de théâtre inattendu. Sauf qu’il y a une suite. Et ce sera sans moi, car je reste sur ce seul bémol qui a tout fait capoter…

Note : 6,5/10

Extras
Traductrice : Diane Durocher
Première publication : janvier 2016
Fiche Bibliomania
Je compte bien découvrir d’autres titres des éditions Lumen, si vous avez des livres à me conseiller, n’hésitez pas !

* Quelques exemples : dans la série Homeland, c’est surtout la romance qui m’intéresse, moi. Et dans le merveilleux livre La Passe-miroir, je fonds à chaque interaction entre Ophélie et Thorn, alors que c’est quand même pas le propos principal du livre. Bref, je signe à deux mains pour les histoires d’amour.

Les Petits Secrets d’Emma, de Sophie Kinsella

Les Petits Secrets d'Emma, de Sophie KinsellaRésumé de l’éditeur

Ce n’est pas qu’Emma soit menteuse, non, c’est plutôt qu’elle a ses petits secrets. Par exemple, elle fait un bon 40, pas du 36. Elle ne supporte pas les strings. Elle a très légèrement embelli son CV. Et avec Connor, son petit ami, au lit ce n’est pas franchement l’extase. Bref, rien de bien méchant, mais plutôt mourir que de l’avouer. Mourir ? Justement… Lors d’un voyage en avion passablement mouvementé, Emma croit sa dernière heure arrivée. Prise de panique, elle déballe tout à son séduisant voisin…

Nbr de pages : 491 / Éditeur : Belgique Loisirs (Piment) / Titre VO : Can You Keep a Secret?

Mon avis

Sophie Kinsella, voilà une auteure que j’aimais beaucoup quand j’avais 16-17 ans ! De façon assez inattendue, j’ai commencé ce petit roman en me demandant si je retrouverais l’humour et la légèreté qui me plaisaient tant dans la littérature chick-lit ou si j’étais définitivement passée à autre chose. Les premiers chapitres m’ont paru assez bateau et niais et puis soudain, j’ai basculé dans l’histoire avec Emma et j’ai dévoré le roman en une soirée. Alors, la réponse est oui, je suis toujours la même qu’il y a 10 ans !

Il faut avouer que je suis assez bon public quand même… J’adore le comique de situations des bons vaudevilles au théâtre. Et ici, on est servi en matière de secrets, de situations inattendues, de quiproquos et de retournements de situation farfelus ! Et ces moments-là, ils sont vraiment jubilatoires.

Emma est un personnage assez stéréotypé, avec ses angoisses et ses petits défauts, ses envies et ses rêves et surtout ses petits secrets. Je pensais ne pas trop me sentir à ma place dans sa tête et pourtant, on s’y amuse beaucoup. Elle est bornée et est toujours en train de ressasser des pensées délirantes. C’est ce que j’ai préféré : ces petites piques qu’elle lance à tout le monde mais seulement en pensée, ces grandes déclarations à elle-même où elle se persuade d’avoir pris la bonne décision quand on sait très bien qu’elle est complètement à côté de la plaque. Ces petits monologues intérieurs sont vraiment les bienvenus, alors qu’en général, ils ont le don de m’énerver. Du coup, pari réussi !

Bref, j’ai passé un très bon moment, même si j’ai quand même relevé quelques petits accros comme le choix de vocabulaire parfois un peu vulgaire, le côté assez prévisible des enchaînements et de la fin, la place omniprésente de la mode, du sexe et de la minceur (Emma ment sur son poids, prétendant faire 48 kg alors qu’elle en fait 58. Là, j’ai vraiment haussé les sourcils…). Mais ces petits défauts sont bien souvent inhérents à ce genre de romans. Et je n’en tiendrai clairement pas rigueur à celui-ci qui mérite tout à fait sa place parmi les (trop) rares livres qui m’ont vraiment fait rire !

Note : 8/10

Extras
Traductrice : Daphné Bernard
Première publication : janvier 2005
Fiche Bibliomania
Je me suis lancée dans cette lecture, car il est en lecture imposée dans une école de la région. Étonnant non ?
J’ai encore quelques romans de Sophie Kinsella dans ma PAL. On refait le point dans 10 ans ?

Phobos, de Victor Dixen

Phobos, tome 1, de Victor Dixen Phobos, tome 2, de Victor Dixen

Résumé de l’éditeur

Six prétendantes.
Six prétendants.
Six minutes pour se rencontrer.
L’éternité pour s’aimer.
Il veulent marquer l’Histoire avec un grand H.


Ils sont six filles et six garçons, dans les deux compartiments séparés d’un même vaisseau spatial. Ils ont six minutes chaque semaine pour se séduire et se choisir, sous l’œil des caméras embarquées. Ils sont les prétendants du programme Genesis, l’émission de speed-dating la plus folle de l’Histoire, destinée à créer la première colonie humaine sur Mars.

Nbr de pages : 448 + 496 = 944 / Éditeur : Robert Laffont – Collection R

Mon avis

Garanti sans spoilers !

Quel plaisir de découvrir un livre aussi haletant et de pouvoir enchaîner directement avec le tome 2 ! Il ne m’a fallu que quelques pages pour m’immerger dans ce roman de science-fiction prometteur.

Le découpage est intéressant et participe au suspense : on suit à la fois les prétendants dans le vaisseau vers Mars, les organisateurs du jeu sur Terre et un jeune garçon mystérieux qui va se retrouver mêlé à toute cette histoire. On découvre tout de suite qu’il y a quelque chose de louche avec ce concept hyper-novateur de téléréalité sur Mars et on apprend tout aussi vite qu’il y a de fait un énorme problème. Nous, lecteurs, devenons complices des organisateurs du jeu, tandis que les prétendants ne le découvriront qu’à la fin du roman. On pourrait penser que cela ôte une partie du suspense, mais cela donne au contraire une autre dynamique et le roman n’en est pas moins prenant.

Seul petit bémol : à force de faire des allers-retours entre la Terre et l’espace, on rate plein de choses du trajet de 5 mois de nos héros. J’aurais voulu être avec eux au quotidien et voir de plus près leurs relations se développer, découvrir chaque rendez-vous amoureux filmé et retransmis partout sur les écrans, de jour comme de nuit. Les passages sur Terre sont primordiaux pour comprendre tous les tenants et aboutissants et faire évoluer l’intrigue, mais je m’y ennuyais parfois et ne souhaitais qu’une chose : remonter vite fait dans l’espace !

Victor Dixen a vraiment réalisé un coup de génie avec cette idée originale : on y sent en filigrane une critique de la téléréalité et de l’apologie du pognon à tout prix, au mépris de tout bon sens, de la surmédiatisation.

Il y a encore tant de choses que nous pourrions acheter, et rentabiliser à notre manière: les écoles, les hôpitaux publics… Imaginez, des plages de publicité obligatoires pendant les cours, dès la maternelle ! Des émissions de téléréalité sur les malades en phase terminale, avec dernier souffle en direct ! Il y a énormément d’argent à se faire, en mettant à contribution les bambins jusqu’aux vieillards.

Et pourtant, l’auteur se calque sur ce qui fonctionne si bien avec ce genre d’émissions et nous rend accros aux moindres coups d’éclat de nos jeunes prétendants. Chacun a un secret, chacun a ses failles et on a beau tomber parfois dans le mélodramatique, on attend avec un certain voyeurisme de découvrir tout ce qu’ils cachent. On ne vaut finalement pas mieux que ces téléspectateurs collés à leur écran, qui ne leur laissent pas un moment de répit dans leur intimité. Et pour ça, je trouve que c’est vraiment bien joué !

Le tome 1 nous laisse avec un goût de trop peu : on veut savoir la suite, on veut savoir quelle tournure va prendre ce voyage futuriste, malgré le fait qu’on connaisse certains secrets depuis le départ. J’ai donc enchaîné avec la suite, qui malheureusement fait un peu retomber l’excitation avant de nous relancer à nouveau au cœur de la tension. Mais une chose est sûre, la fin du tome 2 nous laisse vraiment pantois : cette révélation-là, on ne s’y attendait pas, et nom de dieu, j’aurais dû attendre la sortie du tome 3 ! Vivement novembre 2016 !

Ma note : 9/10

Extras
Première publication : tome 1 – juin 2015 / tome 2 – novembre 2015
Fiche Bibliomania
Deuxième essai gagnant avec Victor Dixen, un auteur à suivre, assurément ! Retrouvez aussi mon avis sur Animale.
Deuxième essai gagnant aussi avec la Collection R qui mérite amplement son succès grandissant. Je ne compte pas m’arrêter là comme en témoigne ma lecture en cours :
La 5e vague !
Sortie de Phobos 3 : novembre 2016
Sortie de Phobos – Les Origines : juin 2016
(dossiers sur les 6 prétendants masculins à lire avant, pendant ou après la saga)

Le Domaine, de Jo Witek

Le Domaine, de Jo WitekRésumé de l’éditeur

Gabriel accompagne sa mère embauchée pour l’été comme domestique dans la haute bourgeoisie. Les marais et les kilomètres de landes qui entourent le domaine sont une promesse de bonheur pour ce jeune homme passionné de nature et d’ornithologie. Pourtant, dès son arrivée, il se sent mal à l’aise et angoissé. Le décorum et l’atmosphère figée de la demeure déclenchent chez lui des pulsions incontrôlées de colère, de désir, de jalousie. Et quand les petits-enfants des propriétaires débarquent, avec parmi eux la belle et inaccessible Éléonore, Gabriel ne maîtrise plus rien de ses émotions. Désormais, c’est eux et surtout elle qu’il observe à la longue-vue. Désormais, le fils de la domestique est prêt à tout pour se faire aimer car il est fou d’elle. Jusqu’à la mettre ou se mettre lui-même en danger…

Nbr de pages : 336 / Éditeur : Actes Sud junior

Mon avis

Forte de ma super expérience avec Un hiver enfer, le précédent roman de Jo Witek, je me suis lancée sans hésitation dans son nouveau roman noir. J’espérais y retrouver la même tension et une chute finale aussi inattendue. Sur ces deux points, je ne peux pas vraiment me considérer déçue, mais il m’a clairement manqué d’autres ingrédients pour vraiment apprécier ce roman.

Nous suivons cette fois Gabriel, un ado de seize ans, grand solitaire, amoureux de la nature et passionné d’oiseaux. C’est un héros intéressant, très (trop ?) mature pour son âge, et du coup, un peu en marge. Il se retrouve dans ce grand domaine, avec des landes à perte de vue : a priori l’endroit rêvé pour cultiver sa passion. Nous le suivons donc dans ses expéditions, ses découvertes, ses observations ; on passe énormément de temps seul avec lui à observer les beautés de la forêt et le vol des oiseaux. Et à moins d’être nous-mêmes des aficionados de la nature, on perd rapidement intérêt.

Ce qui n’aide pas, c’est la mise en situation assez longue et peu palpitante. Il faut attendre une bonne centaine de pages avant l’arrivée de l’élément déclencheur, l’arrivée du personnage qui va tout faire chavirer. Pourtant, on sent bien cette atmosphère sombre et un peu glauque, chère à l’auteure, qui se met doucement en place et joue presque le rôle d’un personnage à part entière… Mais ça manque quand même singulièrement d’action. Et il faut encore attendre cent autres pages pour que ça remue un peu et enfin plonger dans le cœur de l’histoire et discerner les premiers signes du thriller que l’on attendait avec avidité.

Paradoxalement, c’est un roman que j’ai dévoré. J’avais vraiment envie de savoir ce que Jo Witek avait préparé pour son final. On sent tout au long du roman qu’elle va nous retourner le cerveau et ça n’a pas manqué. Du coup, je ne ressors pas déçue de ma lecture, mais je m’attendais à un « vrai » thriller, quand il ne s’agit finalement « que » d’une histoire d’amour de vacances tumultueux entre deux jeunes, avec leurs faiblesses, qui se découvrent et se dévoilent… jusqu’à quelques pages de la fin.

Je n’aurais jamais cru dire ça, mais j’espérais quelque chose d’un peu plus « conventionnel », un bon page-turner sombre et inquiétant avec les codes avérés du thriller. Jo Witek s’essaie à une autre forme de roman noir et c’est d’ailleurs son objectif : elle voulait casser cette « notion d’efficacité du thriller » et revenir à « une forme plus classique ». J’ai découvert cette ambition dans une très bonne interview après ma lecture (voir ci-dessous) et du coup, ce roman prend tout son sens… Jo Witek a réussi son pari et son roman correspond tout à fait à ce qu’elle voulait en faire. C’est juste que je ne m’y attendais pas et je me suis retrouvée un peu à côté de la plaque pendant l’histoire, en attente de ce côté « efficace » d’un thriller. Mais ce n’est que partie remise, car je reste en admiration devant sa plume, l’ambiance de ses romans, la finesse de ses personnages. Prochain arrêt : Peur express.

Ma note : 6,5/10

Extras
Première publication : mars 2016
Fiche Bibliomania
Interview de Jo Witek ici :
Le Domaine se place dans la continuité de vos précédents thrillers et pourtant le malaise s’installe plus lentement, par petites touches. Quel a été votre parcours d’écriture pour ce nouveau roman ?
Pour Le Domaine, j’ai voulu revenir à une forme plus classique, plus descriptive, remettre en cause cette notion d’efficacité du thriller, ce fameux “turn page”, souvent très attendu des lecteurs. J’ai creusé le sillon, me méfiant de mes automatismes, mais aussi de ceux véhiculés par notre mémoire commune du cinéma noir. Je souhaitais un roman décontextualisé, qui reviendrait aux sources du genre, le macabre et le romantisme. Je me suis replongée avec délice dans les romans gothiques anglais comme Les Mystères d’Udolphe d’Ann Radcliffe ou au coeur du romantisme cruel d’Emily Brontë dans Les Hauts de Hurlevent. J’avais envie d’un héros sensible, pur, romantique, un garçon cheminant dans une nature aussi fascinante qu’inquiétante, où se jouerait une situation tout à fait moderne, mais dans un contexte hors du temps. Dans ce domaine, immense propriété forestière au milieu d’hectares de Landes, il n’y a pas de nouvelles technologies. Pas de réseau, pas d’ordi, peu de téléphones. Je me débarrasse de tout cela pour me concentrer sur ma situation : un héros débarque dans un milieu social très supérieur au sien, une nature de plus en plus angoissante, et de nouveaux sentiments le submergent : des colères, des jalousies, des désirs… C’est vraiment un héros contemporain parce qu’il n’a pas les règles du jeu de la société dans laquelle il est forcé d’évoluer. Pour moi, écrire un thriller c’est faire un pacte avec le lecteur : vous allez vous perdre, avoir peur et je vous promets que vous ne devinerez pas le dénouement avant la fin. Cette fois, j’ai accepté de moins construire l’action en amont, de me perdre moi aussi dans les Landes, quitte à rebrousser chemin plusieurs fois ! C’était assez angoissant et en même temps jubilatoire.